Nicolas Sarkozy en 2017 ? Français, vous avez la mémoire courte !

par Robin Guilloux
lundi 11 mars 2013

Le Fouquet's en jeans, "mon copain Johnny", accouru de Gstaad sans quelque chose de Tenessee, le yacht de "mon ami Bolloré", Mireille Matthieu sortie de la naphtaline et recyclée en vestale, égorgeant "Mille colombes" sur l'autel de la Concorde, l'élégant "casse-toi pauv'con !", le ressentiment contre la culture, les promesses "qui n'engagent que ceux qui y croient" (Charles Pasqua), de l'Ecole du savoir et du respect à l'augmentation du pouvoir d'achat, le mépris des pauvres, les courbettes aux riches, les feints hommages du toc à l' authentique : Je serai tout à la fois Jules Ferry, Jean Jaurès, Léon Blum, Charles de Gaulle, je verrai tout, je serai partout : "Je suis oiseau, voyez mes ailes, je suis souris, vivent les rats !"

Que nous ayons voté pour ou contre, nous étions avertis de ce que signifierait "rompre avec mai 68"... On allait voir ce qu'on allait voir - les "nègres" de Dakar furent enjoints "d'entrer dans l'Histoire" et Fissa ! (en apportant de nouvelles valises à la cause de la "France-Afrique" et du dauphin d'Edouard Balladur ?) - et nous de rompre avec ce qu'il restait, dans un pays sans pétrole et désormais sans industrie, d'intelligence et de bon goût, pour achever le ridicule et verser une rasade d'obscénité supplémentaire dans le cocktail du Fouquet's.

Après les Africains, à Dakar, ce fut au tour des professeurs et des instituteurs de passer un mauvais moment, dûment tancés par le nouveau "chanoine du Latran" et invités à se fracasser sur le "modèle obstacle", dans la plus pure tradition cléricale : "Dans la transmission des valeurs et dans l’apprentissage de la différence entre le bien et le mal, l’instituteur ne pourra jamais remplacer le pasteur ou le curé, même s’il est important qu’il s’en approche, parce qu’il lui manquera toujours la radicalité du sacrifice de sa vie et le charisme d’un engagement porté par l’espérance."

La laïcité en prit évidemment un coup, puisqu'il était désormais entendu que seule une "restauration catholique" (les pasteurs n'étant cités que pour faire bonne mesure, mais ni les rabbins, ni les imams) était en mesure de sauver la France.

La rhétorique d'une certaine Eglise a fait des progrès depuis Le Sermon sur la montagne et elle sait reconnaître les siens : "Malheureux ceux qui pleurent, car ils ne seront pas consolés !"...L'homme de la rue, aux prises avec "la réalité rugueuse à étreindre" (Rimbaud), qu'il fût croyant, agnostique ou athée, pouvait à bon droit s'interroger (et non sans malaise) sur le rapport entre leurs difficultés quotidiennes, le "sens de la vie" et la profession de Foi d'un petit bonhomme agité de tics et tout fier de sa montre en or, "obséquieux avec les puissants, intraitable envers les faibles", entre la solennité de ses envolées, au ravissement d'un parterre de cardinaux, sur la "grandeur du catholicisme" et la légèreté du témoignage d'une vie "agitée" qu'il déclarait sans rire avoir "sacrifiée à sa vocation" avec sa toge d'avocat d'affaires, sacrifice dont les âmes charitables ou lassées l'eussent volontiers exempté et qu'elles le dispenseront, on l'espère, de renouveler.

Au fil du temps, on apprit à reconnaître les "spams", et à comprendre que dans tous les domaines, l'Ecole, le pouvoir d'achat, la sécurité, le chômage... pour savoir à quelle sauce nous serions mangés, il suffisait de prendre le contrepied des promesses.

Et puis ce fut la crise venue d'un pays dont "Sarkozy l'Américain" prisait fort les "élites" et leur vision du monde, au point de prôner les subprimes (la pub. a disparu d'Internet, mais elle est encore dans les archives) et l'on comprit alors, avec la rigueur du premier sinistre que l'espérance s'arrêterait au céleste, qu'on travaillerait de plus en plus pour gagner de moins en moins, et qu'il n'y aurait pas de vie avant la mort.

Lorsqu'il sort "pour improviser" des notes du truqueur Henri Guaino, dont on se demande ce qu'il y comprend malgré le faible étiage du "niveau", le maniement obsessionnel de l'anaphore et la fonction d' entourloupe, on peut tout craindre, à commencer par le plaisir du président du pouvoir d'achat des riches, à rabaisser son (notre) pays, devant tour-à-tour les USA, la Grande-Bretagne, l'Allemagne enfin, trompant la "princesse des contes de fées" avec Angela Merkel.

La rigueur allemande, la compétitivité allemande, la richesse allemande, la grandeur de l'Allemagne... L'Allemagne citée en exemple à tout bout de champ. "Deutschland über alles" : Espère-t-on nous consoler de la disparition des acquis du gouvernement provisoire de la Résistance par le douteux honneur de souper avec Pierre Laval, un dimanche ordinaire d'Occupation ?

Qui peut nier à présent l'évidence des faits : une France dépouillée de sa souveraineté, de ses frontières et de sa monnaie et un "grand Reich européen" sous domination allemande (27 pays, excusez du peu et on y entre comme dans un moulin, car "on" n'est pas regardants, voyez la Hongrie) et plus on est de fous, plus on rit ('voyez la Grèce).

67 ans après la fin de la deuxième guerre mondiale, Jean Monnet et Robert Schumann, le collabo au bras du traître, bénis par Pie XII et stipendiés par La CIA, ont de quoi se réjouir : "Bien creusé, vieilles taupes !"

 


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