Nicolas Sarkozy et les Etats-Unis : vérités et mensonges

par AntoineH
mercredi 28 février 2007

Mercredi 21 février, Nicolas Sarkozy était l’invité de RTL. Lorsqu’est venu le moment des questions des auditeurs, il n’a pu échapper à la question lancinante qui revient souvent : vous avez serré la main de George Bush, quelle sera votre position vis-à-vis des Etats-Unis si vous êtes élu ?

Cette question également posée par un participant à l’émission « J’ai une question à vous poser » est fréquente chez les chroniqueurs politiques. Nicolas Sarkozy ne peut y échapper, la faute à ses concurrents politiques qui y ont trouvé un argument de calomnie qui décidément n’élève pas le débat.

Cet article retrace le contexte de cette rencontre et rétablit un certain nombre de vérités.

1) Voyage de Nicolas Sarkozy aux Etats-Unis : contexte

Le 11 septembre 2006, les Etats-Unis et l’ensemble des pays attachés aux valeurs de démocratie et de liberté, célèbrent le triste 5e anniversaire des attentats du 11 septembre 2001 où plus de 3000 innocents périrent du fait de la folie meurtrière de fanatiques islamistes.

A cette occasion, Nicolas Sarkozy fait le déplacement pour représenter la France. Seulement, à peine est-il arrivé aux Etats-Unis que le Parti socialiste commence à lancer une polémique indigne sur l’opportunité ce voyage, surfant sur un anti-américanisme primaire.

Fallait-il que Nicolas Sarkozy ne rende pas hommage à celles et ceux qui avaient lutté ce jour-là pour sauver des vies ?

Chacun d’entre nous, j’en suis sûr, se souvient alors de l’état de choc et d’incompréhension dans lequel il était devant ces images surréalistes. « Pas un seul Français n’a oublié ce qui s’est passé il y a cinq ans. Quand New York a été meurtri, ce sont tous les Français qui ont été blessés. Nous savons que ce qui s’est passé à New York aurait pu se passer à Paris », déclare d’ailleurs Nicolas Sarkozy à cette occasion.

Comment ne pas être solidaire, d’accord et fier de la démarche de Nicolas Sarkozy qui rend hommage au cours de ce voyage aux habitants de New York et à leurs pompiers pour le courage qu’ils ont manifesté lors des attentats de 2001 ?

En effet, au nom de la République française, Nicolas Sarkozy a remis la médaille d’honneur avec rosette échelon vermeil, habituellement décernée aux sapeurs-pompiers français pour services exceptionnels, aux pompiers de la caserne "Engine 54-Ladder 4- Battalion 9", sur la 8e avenue à Manhattan. C’est cette caserne qui a payé le plus lourd tribut parmi les pompiers de New York le 11-Septembre, avec quinze morts dans ses rangs.

A cette occasion il déclare : "Je suis venu vous dire une chose très simple : les pompiers new-yorkais pourront toujours compter sur les pompiers de France. Ce 11 septembre 2001, vous, les pompiers de New York, vous avez incarné pour le monde entier le dévouement et l’héroïsme."

Il remet la médaille au petit Aidan Fontana, dix ans, et lui demande de l’accepter au nom de tous les pompiers de cette caserne meurtrie et de son père David, mort alors qu’il intervenait près du World Trade Center immédiatement après les attentats. S’adressant à ce jeune qui a le même âge que son fils, Nicolas Sarkozy lui dit : "Et à toi, je veux dire comme à tous les enfants de pompiers morts : Ton père était un héros."

Comment faire des commentaires sur cette démarche ? Comment oser créer des polémiques ?

Nicolas Sarkozy répond d’ailleurs : "Faut-il avoir peu de mémoire pour se poser la question de la légitimité du déplacement à New York, cinq ans après, de celui qui est en charge de la sécurité des Français. Être là cinq ans après, c’était simplement dire : voilà, nous n’avons pas oublié et nous n’oublierons jamais."

2) A propos d’une première poignée de mains ...

Au cours de ce voyage, Nicolas Sarkozy a rencontré la Secrétaire d’État américaine Condoleezza Rice, le conseiller à la Sécurité nationale Stephen Hadley et le secrétaire à la Sécurité intérieure Michael Chertoff pour parler des questions liées au terrorisme. C’est au cours d’une de ces réunions essentielles à la sécurité de notre pays que George Bush est venu saluer Nicolas Sarkozy, pour une discussion informelle d’une demi-heure. Les deux hommes, naturellement, se serrent la main. Arnaud Montebourg ironise et parle de George W. Sarkozy. On avait connu meilleur niveau dans le débat politique, la pauvreté de sa réflexion mérite un carton rouge.

Quel président de la République, élu en 2007, pourra refuser de rencontrer le dirigeant de la première puissance mondiale ? Pierre Lellouche, dans une tribune dans Libération le 18 septembre écrit : « Globalisation de la menace terroriste de l’islam radical, qui frappe à New York, Washington, Londres, Madrid et peut, à tout moment, frapper Paris, comme l’a menacé ces derniers jours Ayman al-Zawahiri, le numéro 2 d’Al-Qaeda. Prolifération des armes nucléaires à portée des villes européennes, désintégration d’un certain nombre de pays à la périphérie de l’Europe, multiplication des conflits au Proche-Orient, tous ces sujets exigent plus que jamais l’union des grandes démocraties, que les décisions soient prises en commun, que les stratégies soient communes en matière de renseignement, de lutte antiterroriste, mais aussi de développement et de promotion de la démocratie. »

3) et d’une deuxième poignée de mains

Étrangement une autre poignée de mains a largement été passée sous silence. Durant son voyage, Nicolas Sarkozy a ainsi rencontré le sénateur démocrate Barack Obama, candidat à la Maison Blanche pour 2008. Arnaud Montebourg n’a alors pas parlé de Barack Sarkozy... étrange.

Photo : Harry Hamburg AP

4) Une question de stature

Les professionnels de la polémique ont donc choisi ce qui les arrangeait. Mais peut-être qu’en fait cela traduisait une certaine jalousie envers l’attrait de Nicolas Sarkozy et la qualité des rencontres qu’il avait eues. En effet, au cours de ce voyage, Nicolas Sarkozy a rencontré les principaux dirigeants politiques et économiques. « Le New York Times et le reste de la presse américaine et française ont d’ailleurs souligné le caractère exceptionnel du niveau des entretiens accordés au ministre français », souligne Pierre Lellouche (18/11/06).

5) Pendant ce temps-là Ségolène Royal ne sait pas qui rencontrer

Car c’est là que se trouve la différence. Pendant ce temps, Ségolène Royal tergiverse et ne sait pas quelle position adopter, repoussant sa visite annoncée aux Etats-Unis.

Elle préfère, il est vrai, écouter sans mot dire pendant plus de trente minutes une diatribe anti-américaine et anti-Israël d’un élu du Hezbollah, Ali Ammar, au cours d’un voyage au Liban. Et conclure : « Il y a beaucoup de choses que je partage dans ce que vous avez dit. Notamment votre analyse du rôle des États-Unis. »

Se rendant compte de sa bourde, et sûrement sur conseil de ses proches, elle attend la fin de la réunion pour tenter de rectifier : « Je ne voudrais pas que ce que j’ai dit soit confondu avec l’action globale des États-Unis. » Un peu comme sur la rapidité de la Justice chinoise, où il a fallu plusieurs heures pour trouver un artifice.

Car Ségolène Royal clame haut et fort que sa politique "ne consistera pas à aller s’agenouiller devant George Bush" (19/11/06).

Elle a donc cherché à rencontrer Hillary Clinton, voulant afficher une belle poignée de mains. Le voyage a été finalement annulé, sous prétexte d’un problème d’agenda et de fatigue (sic).

En fait une dépêche Reuters de Kerstin Gehmlich parue le 18 décembre révèle les raisons de ce report. Le titre de la dépêche est évocateur : Partager les ambitions, mais pas la poignée de main ?

On y apprend, de la part d’un conseiller, qu’Hillary Clinton a en fait refusé de rencontrer Ségolène Royal, ne voulant pas être associée à ses propos et à son attitude au Liban ("She does not want to be associated with Royal’s recent comments. It wouldn’t be good for her image.")

La dépêche ajoutait : "Cela aiderait Ségolène Royal d’être vue avec Hillary Clinton, mais l’inverse n’est pas vrai. Les contacts de Royal avec le Hezbollah ne sont pas compatibles avec les supporters démocrates d’Hillary Clinton."

Qui sait si la rencontre aura finalement lieu.

Toujours est il que dans une tribune publiée dans Le Figaro, Nicole Bacharan (politologue, historienne, auteur de Faut-il avoir peur de l’Amérique ?) écrivait : La "french Hillary" n’est pas celle qu’on croit. "Une évidence s’impose, au-delà des images, des postures et de la solidarité féminine : le plus proche équivalent français d’Hillary Clinton ne serait pas Ségolène Royal, mais... Nicolas Sarkozy."

6) En conclusion

On a donc pu voir, en restituant le contexte de ce voyage et l’agenda de Nicolas Sarkozy, que cette polémique était totalement ridicule. Se focaliser sur Bush en oubliant Obama, voici la méthode adoptée par une certaine bassesse. Et surtout une certaine jalousie quand à un manque flagrant de stature internationale de la part des concurrents de Nicolas Sarkozy pour 2007.

Nicolas Sarkozy prend cela avec philosophie (Le Monde, 11/11/06) :

"Si après vingt-cinq ans de vie politique, le seul reproche sérieux que l’on trouve à me faire est d’être trop proche d’un pays avec lequel nous n’avons jamais été en guerre, d’un pays avec lequel nous avons lutté dans le passé pour éradiquer le nazisme et avec lequel nous luttons aujourd’hui pour vaincre le terrorisme international, je me sens capable de l’assumer."

Je laisserai la conclusion à Pierre Lellouche (qui sera, je l’espère, ministre des Affaires étrangères ou de la Défense) : « Il est dans l’intérêt de la France de bâtir une Europe forte dans une alliance équilibrée avec les Etats-Unis. »

Les lecteurs étant arrivés à la fin de cet article et voulant approfondir la position de Nicolas Sarkozy vis-à-vis des Etats-Unis cliqueront ici.


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