Nicolas Sarkozy vers une dissolution de l’Assemblée nationale ?
par Allain Jules
mercredi 31 mars 2010
Nicolas Sarkozy, le président de la République, aura-t-il l’outrecuidance d’accepter l’idée des primaires au sein de son parti, de la droite ? L’idée fait son chemin et son fidèle lieutenant Xavier Bertrand, secrétaire général de l’UMP a lancé, hier, ce pavé dans la mare sur Europe1. Alors que le parti socialiste fait tout pour empêcher Ségolène Royal de triompher dans cet exercice en parlant tantôt de primaires ouvertes, tantôt de pactes ridicules alors qu’il veut passer en force, ce sont plutôt les Français qui ne veulent pas voir un second mandat de l’actuel locataire de l’Élysée. Visiblement donc, Nicolas Sarkozy n’est pas à la fête, de Paris à Washington, en passant par New-York. Ambiance.

On avait beaucoup reproché à Dominique de Villepin d’être à l’origine de la dissolution de l’Assemblée nationale par Jacques Chirac en 1997, lorsqu’il était secrétaire général de l’Élysée. Cette dernière élection avait porté au pouvoir la gauche, avec comme premier-ministre Lionel Jospin. Résultat des courses : cette gauche-là, qui avait gouverné pendant 5 ans, se prit une belle claque lors de l’élection présidentielle de 2002 en voyant l’affreux Jean-Marie Le Pen, leader du Front national, parti extrémiste et xénophobe qu’on ne présente plus, battre son champion au premier tour. En fin stratège politique qu’il est, Nicolas Sarkozy, penserait sérieusement à cette optique qui lui est suggérée, notamment, si la réforme des collectivités territoriales n’aboutit pas. Ainsi, il serait préférable de donner le pouvoir à la gauche pendant deux ans et préparer l’élection en toute quiétude. Mais, au Parti socialiste, semble-t-il, l’idée d’un Gouvernement n’enchante personne. Qui à la Primature ? Titine n’en veut pas. Or, aujourd’hui, pour faire tomber la gauche et être le recours en 2012, puisque le bilan catastrophique de sa politique serait plutôt imputée au PS, probable gagnant de cette consultation, l’idée fait son chemin...
Grand admirateur de Machiavel dans sa pratique politique, Nicolas Sarkozy sait très bien que, un refus du Parti socialiste d’aller aux urnes serait sans nul doute interprété comme une fuite en avant, une incapacité à gouverner. Quelle belle idée en effet, de voir qu’une vague rose et verte remplace les béni-oui-oui qui siègent actuellement au Palais Bourbon ! Proche du cynisme d’un François Mitterrand qu’il admire, dissoudre l’Assemblée nationale lui donnerait une légitimité supplémentaire. La cohabitation serait le nec plus ultra pour lui, pour tuer toute opposition au sein de l’UMP qui verra ses tenors cogner à tout va sur la gauche pendant deux ans, l’accusant de tous les maux bien sûr. Ainsi, la France qui soufre, en partie par le fait du roitelet élyséen, qui s’énerve, grogne, se retournera contre cette gauche-là, qui ne pourra redresser la barre en si peu de temps. Donc, Nicolas Sarkozy prendra les Français à témoin , leur demandant de désavouer ces socialistes incapables, pour être réélu comme dans un fauteuil à l’Élysée.
Cette portion congrue qu’il accordera à la gauche aura le mérite de faire de lui un vrai leader charismatique. Mais, ô sacrilège, l’idée n’est pas de lui. Il est même accusé de ne pas avoir assez de force pour admettre cette dernière qui peut pourtant le sauver d’un naufrage en 2012. Hélas, comme le disait son actuel secrétaire d’Etat à la Fonction publique Georges Tron : "[...]Sarkozy ne connait que deux catégories, les esclaves et les salauds, il a tort, le garde-à-vous c’est fini". L’instigateur de cette idée saugrenue (?) serait en désaveu à l’Élysée. Mais, demain, qui sait ?