Nos chers économistes

Ah, comme je les déteste ces doctes puits de science, ces bienheureux personnages qui ont toujours explications à fournir pour décrypter l'inexplicable, pour justifier l'injustifiable, pour anticiper sur l'improbable. Les économistes se font entendre partout et à toute heure, ils ont toujours une carte dans leur manche pour donner du sens à ce qui n'en a pas.

Chantres d'un système qui les fait vivre, verrues qui se développent avec une rare efficacité, charognards qui se jettent sur les nations en détresse, ils ont tout prévu, tout compris, tout analysé, hélas à postériori. À les beaux prévisionnistes que voilà, ils ne font que courir après le mode d'emploi d'une machine devenue totalement folle.

Ne les provoquez pas, ne remettez pas en cause leur doctrine, ils vous retourneraient alors des grands mots incontestables, des idées magnifiques : Liberté d'entreprendre, Responsabilité individuelle, Mérite et Prise de risque. Malheur aux vaincus, gloire aux gagnants de la loterie la plus diabolique qui n'ait jamais vu le jour.

Mais nos experts de la chose boursière sont des êtres pragmatiques et rationnels. Ils développent des théories, échafaudent des stratégies, montent des modèles et tout ce magnifique système en équilibre s'effondre à chaque tempête sans que jamais nos mécanos de l'argent ne se remettent en cause.

Ils ont la foi. Croyance magique en un système qui se régule de lui-même, récompense les meilleurs, punit les mauvais, favorise l'initiative individuelle, réclame des certitudes et ne vend que des illusions. Ils sont pourtant convaincus de parler d'or, ils savent et aimeraient enfin que le petit peuple s'intéresse d'un peu plus près à ce qu'ils considèrent comme une science universelle.

La réalité n'a aucune prise sur leur croyance. Ils continuent de tenir un discours de raison, des propos sérieux et scientifiques sur des phénomènes totalement irrationnels. Ils se prétendent visionnaires quand ils ne font que regarder leur monde qui implose dans une boule de cristal. Je hais leurs manières, je déteste leur catéchisme libéral, je vomis leur façon de repousser d'un revers de la main toute autre conception des échanges marchands.

Leur idéologie aurait gagné la bataille parce qu'elle est mathématique, morale, libérale et humaine. Nous pouvons juger du contraire à longueur de dépêches ! Nous constatons que l'aléatoire dirige leur monde étrange, que rien de ce qui s'y passe ne relève des bons sentiments, que cette soi disant liberté d'entreprendre et de s'enrichir pousse tant et tant de gens dans des détresses inextricables et que l'humain est rayé des considérations de ces spéculateurs monstrueux.

Mais nos économistes continuent de tenir leur discours. Ils chantent la gloire de la stabilité économique, ils encouragent à la rigueur, ils réclament la suppression des dépenses publiques, ils exigent l'équilibre budgétaire et s'indignent que l'on puisse défendre une autre stratégie. Ils sont la raison, ils sont la vérité, ils sont la seule réponse possible.

Circulez, il n'y a rien à penser d'autre. Pourtant, depuis le temps qu'ils tiennent ce discours, depuis le temps qu'ils imposent leur manière de penser le monde par la contrainte des lois liberticides de la commission européenne ou des grandes instances internationales, ça va de mal en pis et ça continue !

Mais de ce constat, nos économistes n'en ont cure. La vérité, la réalité, ils ne s'en soucient guère. Ce sont de simples valets au service d'une idéologie de la prévarication, du vol et du mensonge, du détournement de fonds et de l'argent virtuel. Ils agissent sur ordre, ils sont les répétiteurs zélés d'une rengaine éculée.

Ils se multiplient car l'heure est grave et qu'il faut continuer de tirer sur les vaches à lait tant qu'ils n'ont pas ouvert les yeux. Ce système est pervers, ce système est pourri et ne croyez plus au discours de ces économistes de pacotilles, vieilles reliques d'une foi sans salut pour l'Humanité !

Bouledecristalement leur