Notre bien commun

par alinea
mardi 29 juillet 2014

Quel est notre bien commun, commun à tous ? À tous les êtres vivants ?

Les quatre éléments : La Terre, l'Air, l'Eau, le Feu

Ces biens communs-là sont la condition de notre vie, la vie de tout ce qui vit ; en prendre soin est plus qu'un devoir, c'est une nécessité vitale !

En découlent les végétaux, les animaux, les ressources... Le bien commun étant à tous, il n'est pas nôtre, nous en sommes les garants et les protecteurs.

 

Il faut partir d'un postulat ; prenons le plus simple possible et réfléchissons à ce que cela impliquerait de changements dans nos mentalités, nos actes nos vies, si seuls ces quatre biens communs faisaient l'objet de nos soins, ensemble ; impôts, actions individuelles, peu importe, ils seraient l'unique base de nos lois, et quelle que soit la société, le socle où chaque groupe d'humains organiserait sa vie comme bon lui semble. Faisons le tous les jours, à chacun de nos actes ! Nous ne serons pas déçus du résultat.

Donc : nul ne peut attenter à l'intégrité de ces biens ; nul ne peut se les approprier, nul ne peut les gaspiller ; une entente doit être trouvée pour leur utilisation en juste partage. Cela induit que le premier enseignement doit être celui de ce respect, au moins.

Il n'y a pas besoin de réfléchir bien longtemps pour s'apercevoir que si nous nous en étions tenus à cette réalité incontestable, rien de nos foutues sociétés modernes n'aurait vu le jour ! Car ceci n'est pas une idéologie, pas un dogme, pas un rêve ou une illusion mais un état, une donnée incontournable, et pourtant contournée. Un fait qui, s'il avait été la base de toute société humaine, nous aurait entraînés bien ailleurs, un ailleurs qui du reste ne peut guère être imaginé tant fait partie de nos vies cet environnement saccagé, tant nous sommes préoccupés, les uns ou les autres, par la façon d'y remédier. Tant nous ne savons même plus rêver ! Rêver d'être des Amérindiens par exemple.

Or, il est notable que notre régime capitaliste en œuvre depuis plusieurs siècles, s'appuie sur son exact contraire ; on peut noter aussi que ni le socialisme ni le communisme n'évitait de contredire le capitalisme sur ce point. Il s'agit donc de quelque chose de beaucoup plus profond que ne peut l'être la politique.

Le saccage et la pollution de nos biens communs sont depuis le début de l'ère industrielle ( et même avant : souvenons-nous de Colbert scandalisé par la destruction des forêts), ne sont que des dommages collatéraux, ignorés, dédaignés, mis sous le boisseau ! Ce qui est à tous n'est à personne ; depuis quand ?

À vouloir faire une liste des choses à changer pour revenir à ses bases, en s'y attardant un peu, on s'aperçoit, de guerre lasse, qu'il vaudrait mieux laisser filer et se préoccuper de faire le relais de nos savoirs essentiels à la vie, de créer, comme le disent Lydia et Claude Bourguignon, « des îlots de survie ». En effet qu'il est long le chemin à remonter, qu'il est inextricable le nœud construit au cours de ces dernières décennies ( ces derniers siècles), qu'elles sont parsemées d'embûches les recherches qui seraient nécessaires à nous faciliter la tâche tout en étant dans le respect de ce précepte ! Nous ne pouvons guère, sans perdre notre temps, refaire l'histoire avec un homme différent, mais nous pouvons peut-être, par un sursaut collectif de conscience, imaginer l'avenir.

Nous pouvons déjà considérer que ce n'est pas le seul profit, tel qu'on le voit aujourd'hui, qui est cause de ce désamour avec la terre ; bien avant, quand il s'agissait juste de faire tourner les machines industrielles, l'environnement était inexistant ; cet infantilisme est incroyable et pourtant vrai ! Les herbivores broutent jusqu'à la terre l'herbe qu'ils préfèrent ; si l'an prochain plus rien ne pousse, ils iront plus loin, ils sont des nomades ; et s'ils ne trouvent plus rien, ils mourront, mais ne l'anticipent pas. Voilà comment se comportent les profiteurs et leurs alliés les consommateurs. Ni plus ni moins ! Juste leur mental qui les excuse en disant « on trouvera toujours une solution » !! Vous conviendrez que nous brillons par notre intelligence.

Il faut donc quelques règles d'airain, qui interdisent les dérives, qui obligent les récalcitrants, et qui confortent l' « honnête homme ». Hors ces lois, les relations sont affaires personnelles.

Pour édicter ces lois, nous pouvons commencer par pointer les responsables  ; inutile de faire le tour de tous leurs avatars, inutile de pinailler : quelles sont les causes de la destruction de nos biens communs !?

La cause de la destruction de nos biens communs est la compulsion de l'animal homme, qui ne se contente pas de se nourrir mais qui de la même façon que le fait l'animal à satisfaire ses besoins primaires, assouvit ses désirs, ses délires, ses outrances.

La créativité n'est pas multiplication, elle en est l'exact contraire ! En art, l'objet créé est unique, alors puisque l'on ne peut interdire à quiconque d'aller toujours de l'avant, qu'il invente, qu'il crée ! Pourquoi avoir inventé contre la Nature plutôt qu'avec elle comme ce fut le cas au cours des siècles ? Comment a-t-on pu bétonner, goudronner des millions d'hectares de bonnes terres ? Qui étaient ces gens qui planifiaient, et ceux qui étalaient ? Des scindés. La liberté n'est pas n'importe quoi, elle est juste notre inventivité, nos audaces, notre curiosité, à l'intérieur de limites connues et acceptées. La course en avant, le grand n'importe quoi qui n'a plus de responsables ; c'est le contraire de la liberté.

En réalité, l'humain n'est ni aventurier ni audacieux ; il s'engouffre dans la brèche ouverte par un inventeur de hasard ; rien n'a été pensé dans toute cette histoire de modernité, tout le monde a toujours couru derrière et si on ne veut pas parler de morale, qui n'a pas grand chose à faire là, il faut bien parler de bêtise – faire sans se préoccuper des conséquences- et de dénaturation – faire en n'ayant cure de couper ses racines- donc agir contre soi, ce que ne font jamais les bêtes.

L'agriculture, l'industrie, l'énergie ne dépendent que d'une volonté politique. Que cette volonté politique soit au service du bien commun, et le travail gigantesque à accomplir pour remettre en état nos États et notre environnement sera le but exaltant pour tous ceux qui ne savent pas quoi faire de leur peau.

La frontière ? Là où on abîme. La réponse : trouver le moyen de se passer de, ou de ne pas abîmer. En attendant : nettoyer.

J'ai peut-être été apicultrice trop longtemps mais l'idée d'un objectif où tout le monde s'unit, me met en pâmoison ! L'idée d'un voisin qui peut dire à un autre : mais non ! Si tu fais comme ça tu détruis cela, sans se faire tirer dessus, me paraît être le paradis sur terre !

Car il faut beaucoup plus d'ingéniosité aujourd'hui pour que chacun puisse trouver son destin et sa place, que pour savoir faire marcher une machine en sachant sur quel bouton appuyer car, à force de faciliter la tâche des péquins, même un enfant de quatre sait faire !

Les biens communs sont devenus les biens de personne au fur et à mesure que la propagande fordiste faisait son chemin : chacun sa bagnole, chacun son truc, chacun sa merde ! Aujourd'hui, même l'air peut se vendre ; la seule chose qui ne vaut rien, ce sont les larmes. Et pourtant, le bien commun est le confort des pauvres, leur luxe parfois, aussi précieux dans nos sociétés où il apporte un peu d'air, un peu d'harmonie parce qu'il atténue la peine, que dans les sociétés claniques où la possession individuelle est insensée. Il ne s'agit pas là de solidarité, d'aumône ni de charité, le bien commun, comme son nom l'indique, étant à tous !

Nous devrions marcher sur la terre avec précaution, pas seulement forts de notre conscience et de notre responsabilité, pas seulement fiers de notre connaissance et de nos arrangements mais surtout parce que, nous sentant supérieurs, nous ne devrions pas nous comporter comme les animaux qui se servent et s'en vont. Y puiser nos stricts besoins devraient être notre mission, biologique et physique mais aussi spirituelle, poétique et esthétique, puisque nous sommes les seuls à la posséder. Notre grandeur résiderait là, dans ce soin donné à ce qui nous est cher et notre bonheur tout entier y serait contenu.

N'importe quel riquiqui but peut nous ouvrir des perspectives exaltantes ; je ne me savais pas si bornée : je ne comprends pas comment on peut préférer son conditionnement ; seulement, je vois pourquoi : notre conditionnement est une camisole confortable, même sa souffrance, même sa folie, tant l'homme peut trouver son content dans les situations les plus abjectes et son désarroi dans leur abandon. Nous ne pouvons rien à cela, pour l'instant, mais ce que nous pouvons, c'est décider, structurer, quitte à imposer. Et cela s'appelle la politique, curative puisqu'il n'est plus jamais question d'anticipation ! C'est pourquoi elle est si importante ; nos limites imposées nous contraignent à moins de nuisance mais n'ôtent ni n'aggravent nos souffrances.

Nous savons tous qu'il est plus facile de détricoter, parce qu'il ne faut aucune compétence pour ce faire ; qu'il est plus difficile de tricoter avec une laine usée qu'avec une laine neuve ; et pourtant, c'est bien ce qu'il nous faudra faire !

L'innovation se tourne vers les exoplanètes ! Quel aveu d'échec !

L'homme qui innove, cherche ou trouve, il joue.

L'homme qui réfléchit a toujours une grande propension à penser pour les autres ! Tracer des schémas, imaginer des tactiques, organiser l'ordre et se contenter du plan établi sans souci de tout ce qui n'y est pas inscrit ! Alors qu'à simplifier les bases, et laisser libre chacun d'agir à partir d'elles, cela ouvrirait les imaginaires, personnels ou collectifs ; pourquoi est-ce si frustrant aujourd'hui cette liberté laissée ? Même à ses propres enfants on ne la laisse pas !Qui n'a pas envie de donner une petite leçon aux autres parce qu'il l'a prise lui-même ? Qui n'a pas envie de voir appliquer sa recette qui lui convient si bien ? C'est là la perversion du vouloir être utile en passant par la case : vouloir être reconnu !

Laisser la liberté aux autres, non pas contraint et forcé face aux faits, mais « en amont », est l'exercice le plus ardu qui soit ! Et pourtant, ce qu'on peut appeler « tolérance » est bien la seule voie positive possible ; qui n'a pas rongé son frein à voir les autres s'enferrer dans l'erreur ? Qui n'en a pas ressenti une énorme frustration, une absolue impuissance ? Mais qui ne s'est pas réjoui de la tournure des événements ? Des actions qui nous paraissaient nécessaires et que d'autres mènent à bien ?

L'amour des quatre éléments ne s'enseigne pas, c'est un laisser-faire, un laisser être : l'amour de la mère ne s'enseigne pas davantage, il coule de source : ce sont les barrages, les accidents sur ce cours, l'interruption d'un flux, la mise en canaux, le détournement... qui sont la cause de tous nos maux ! Mais l'amour de la mère, à voir ce que deviennent les enfants, est une rareté...la pauvre mère qui elle aussi fut fille.

L'engorgement du moi ou son tarissement, cependant que nombreux sont ceux qui ont trouvé consolation dans la fusion avec la Nature...car pour aimer la nature il vaut mieux n'avoir pas un trop gros moi.

En attendant, si l'on aime pas, on respecte, si l'on ne le peut pas respecter, on se détourne...

Matérialité, Intellectualité, Ardeur, Sensibilité.... de quoi faire un honnête homme.

 

 

L'air que je respire est frais doux ou chaud, il transporte les fragrances d'aubépines ou de jasmin et ces odeurs sont miennes, sans que je vous les prenne.

Apollon : éloquence et sagesse, ce personnage divin devient de plus en plus complexe, synthétisant nombre d'oppositions qu'il parvient à dominer pour finir en un idéal de sagesse ; il réalise l'harmonie et l'équilibre des désirs, non en supprimant les pulsions humaines mais en les orientant vers une spiritualité progressive, grâce au développement de la conscience.

 

L'eau que je bois ou dans laquelle je me baigne est froide, tiède ou chaude, douce ou salée, elle me désaltère, me lave, me repose ou me détend, et je ne vous prends rien.

Poséidon  : Dieu des mers, des océans, des fleuves ; dieu des eaux où la vie prend naissance et fait jaillir de dessous le sol deux sources d'eau, l'une chaude, l'autre froide et de faire pousser sur la terre des plantes nourricières de toute sorte, en suffisance.

 

Le soleil me chauffe sans te refroidir et si ma flamme ne va qu'à un, je te donne une braise pour faire feu de ton bois.

Prométhée : symbole de l'avènement de la conscience, l'apparition de l'homme ; c'est la pensée prévoyante qui porte en elle la tendance à la révolte ; c'est le feu dérobé qui symbolise l'intellect.

 

Les fruits de la terre que tu travailles te nourrissent, et moi, si tu partages.

Dionysos : Dieu de la végétation et de la vigne, notre Bacchus, il est le principe de la fécondité ; symbole de la terre, il est aussi celui de l'effort de spiritualisation de la créature, l'énergie de la vie tendant à émerger de toute contrainte et de toute limite.(1)

Tiens ! Les quatre dieux des quatre éléments proposés par Jung comme bases, multipliées par quatre pour décrire les seize types de personnalités....

Et plus j'aime, plus je suis riche d'amour... et plus je donne, plus je suis riche de dons...

 

Le présent se conjugue au passé pour notre futur. Il faut marier notre présent à notre passé pour préparer l'avenir.

 

Quand on veut s'instruire sur les quatre éléments et que l'on reste sur son ordinateur, on tombe forcément sur la quintessence du new age !! Incroyable comme nos contemporains s'imaginent avoir inventé le monde ; Des femmes papier-glacé aux déshabillés vaporeux, des bruits de vagues, une musique, des voix sans sexe, au sommet des cucuteries ! C'est exactement là que notre monde est pitoyable. C'est exactement dans cette scission d'un tout que l'homme moderne est malade. Et c'est dans l'abandon du spirituel, confondu avec la prison du pouvoir des Églises, que l'homme s'abîme à n'être qu'un consommateur. Et c'est dans l'abandon du spirituel, sorti à jamais du pouvoir des Églises, que l'homme guerroie pour ses croyances !

 

 

Les quatre éléments vus par Brigitte Fontaine, mieux qu'un âge nouveau, une pêche !

 

(1) tirés du dictionnaire des symboles de Chevalier et Gheerbrant


Lire l'article complet, et les commentaires