Notre-Dame-des-Landes, inquiétudes pour le ministère de l’intérieur

par Desmaretz Gérard
vendredi 12 janvier 2018

Les renseignements rassemblés par les analystes de la police et ceux de la gendarmerie ne laissent aucun doute, les zadistes ont transformé les quatre-vingt-treize lieux de vie et/ou d'activités implantés sur 1 650 hectares en réduits défensifs. Les inquiétudes des forces de l'ordre portent sur : la présence de fusils de chasse - la volonté et le niveau de préparation des occupants prêts à en découdre - et l'organisation défensive. Le terrain serait parsemé de pièges : herses, pièges à loups, des clous de charpentiers plantés sur des planches dissimulées au sol, de caches-d'armes, d'engins incendiaires, d'itinéraires de repli, de fossés creusés en zone boisée, de miradors, de barricades piégées avec des bouteilles de gaz..., de points de contrôle et d'alerte, d'un réseau de communication par walky- talkies, un numéro, le 06 43 92 07 .. afin de permettre aux sympathisants de les avertir de toute présence ou activité « anormale »...

Les zadistes ont déposé sur leurs sites un appel à la mobilisation pour le 10 février à 10h30, date d'expiration prévue de la déclaration d'utilité publique. L'intervention projetée par le gouvernement reposerait sur le déploiement de 2500 gendarmes et militaires pour expulser quelques 200 à 350 résidents sur zone qui pourraient recevoir le renfort de plusieurs centaines de militants des black bloks (en référence à leur tenue sombre et tête encagoulée). L'ultra-gauche et l'idéologie anarcho-autonome sont une variante des groupes apparus vers la fin des années soixante. Cette mouvance privilégiant la lutte au sabotage se refuse à tout compromis avec les politiques ou syndicats. Les « totos » sont des éléments disparates sans aucun leader qui se coordonnent selon les circonstances de façon éphémère sur un socle afinitaire minimaliste, ce qui explique leur fluidité tactique et porosité.

La volonté des zadistes d'en découdre semble élevée, une centaine d'entre eux a participé à un stage de désobéissance civile. Ces stages ont commencé véritablement à éclore en 2006 après une manifestation pour empêcher le premier tir d'un missile nucléaire d'attaque (M51). Quelques mois plus tard, et après avoir payé 45 euros, ces activistes sont parvenus à perturber le travail des salariés d'une base de l'OTAN et des militaires pendant 48 heures. Petite remarque, la tactique militaire repose sur la pensée convergente ; le mouvement d'une unité est prévisible : bouclage, quadrillage, ratissage, en ligne, en essaim, en coin, vague (canaliser et disperser), barrage (simple, éventail, tiroir), bond, charge, débordement par les flancs, etc., les activistes sur la pensée divergente ; ils visent à réexaminer ce qui leur est connu pour l'adapter à leur forme de lutte, cela pourrait porter sur l'usage de projectiles de paint ball afin d'obliger les gendarmes à relever leur visière, les rendant ainsi vulnérables aux tirs de lance-pierre, frondes, fusées de détresse, de boules fragiles utilisées pour décorer le sapin remplies d'acide, de lignes de pêche en nylon résistant terminées par de gros hameçons suspendues pour s'accrocher dans les vêtements et ainsi freiner l'élan de l'adversaire, de laser astronomique pour aveugler les pilotes d'hélicoptères.

Les occupants de la zone NDL semblent s'être inspirés, en partie, du retour d'expérience (RETEX) de la guerre d'Indochine. Je sais, c'est osé, mais procédons à des rapprochements, le corps expéditionnaire installait des miradors d'une demi-douzaine de mètres de hauteur défendus à leur base par des troncs d'arbres, à vue l'un de l'autre ; les hommes rejoignaient une petite ouverture située à quelques mètres au dessus du sol par une échelle que le dernier remontait derrière lui. Plus inquiétants sont les pièges et autres chausse-trappes. Ces pièges à c.. dérivés des pièges de chasse ont fait florès en Indochine : assommoir activé par un fil tendu - sagettes plantées dans le sol et recouvertes d'herbe, de terre ou de paille - fosses dont le fond est tapissé de pieux - tourniquet malais, une branche bandée sur un sentier - abattis - touches de piano, arbalète déclenchée par la traction exercée sur un fil déclencheur, etc. Ce genre de pièges rudimentaires suffit pour ralentir la progression et la rendre angoissante. Un simple pylône électrique ou arbre disponible au milieu d'une zone quelconque dont partent des fils de fer tendus comme des haubans suffit pour empêcher le posé d'un hélicoptère ! Pour ne pas être pris à son propre piège, le piégeur pose des indicateurs : branche cassée ou coincée sous une autre, etc., pour signaler la présence du piège...

Les pièges et barricades ont pour objet d'arrêter ou de ralentir l'avancée des gendarmes, de résister suffisamment longtemps pour les contraindre à livrer un siège et permettre l'arrivée des réserves. Vu le nombre d'individus présents sur zone et le nombre de lieux d'activités, il semble difficile d'en assurer la protection, surtout sur une assez grande surface. Chaque lieu de vie peut devenir un îlot de résistance. Chaque bâtisse peut voir son escalier démoli et la trémie encombrée, les contre-vents clos, les murs mitoyens percés afin de communiquer avec d'autres pièces, bâtiments, sous-sols, ou permettre d'être abandonnés hors de vue. Les zadistes vont devoir se contenter de protéger les plus importants au niveau tactique et surveiller les autres ainsi que le terrain les séparant, ce qui implique de leur part planification et organisation, quant à leurs communications HF-VHF ou UHF, n'ayez aucune illusion, elles seront interceptées et écoutées. On ne constitue pas un groupe d'une certaine taille sans qu'il ne soit infiltré. Ces groupes le sont probablement par des informateurs de la police et/ou gendarmerie et des policiers étrangers comme cela fut le cas pour Green Peace... Les fonctionnaires des RG disaient qu'il était quasiment impossible de monter une équipe de foot sans qu'il y est un informateur en son sein...

Le « dossier d'ambiance » doit comporter des photographies extraites des vidéos prises par des drones et des appareils camouflés posés en toute discrétion par des équipes spécialisées. Les hommes des CRS ou Gendarmes Mobiles vont devoir agir rapidement afin d'éviter un enkystement et les arrivées massives de sympathisants (200 comités de soutien) dont le nombre est estimé à 10 000 individus, au fil du temps. L'erreur politique a été de penser qu'un débat permettrait de régler définitivement la question de l'aéroport, celle de la zone de biodiversité et d'un lieu de vie alternatif. Chaque débat en appelle un autre et encore un autre, et les consultations des uns et des autres restent un acte politique suivi d'effets d'annonce. Les zadistes sont attachés à NDL en raison des relations qu'ils y ont nouées et d'un projet de vie commun qui leur servent de repères. Leur idéal d'inspiration libertaire, repose sur : l'autonomie - l'autosuffisance - l'absence d'employeur - la non reconnaissance du titre de propriété et présence de l'État.

La tactique du maintien de l'ordre et du rétablissement de l'ordre ne permet que l'usage modéré de la force. Il est définitivement révolu le temps des compagnies de district..., des pelotons voltigeurs, etc., responsables de nombreux reproches fait aux policiers. Les CRS ont obtenu de porter deux bandes jaune sur leur casque pour s'en démarquer, reste leur chant très daté et sujet à reproches... Hors de question d'utiliser le FLG ou lanceur en tir tendu de crainte de faire la une d'un média ou d'un site Internet. Si les fonctionnaires formés au MO/RO (maintien/rétablissement de l'ordre) espèrent impressionner par leur tenue et leur « quincaillerie », tous ne sont pas des « foudres » de la « castagne », ils attendent avec impatience leur mutation. Frapper et cogner son prochain reste un tempérament, tous les CRS ou Gendarmes Mobiles ne le possèdent pas. Leur force et technicité reposent sur : l'esprit de corps - la discipline - l'encadrement - la formation - la capacité de manœuvre - l'organisation. Toute initiative personnelle est proscrite et la doctrine seule prévaut. Toute initiative personnelle est rendue impossible afin d'éviter les affrontements individuels. Le policier ou gendarme un peu trop « accrocheur » repéré par les manifestants peut vite être en danger. Ces contraintes constitueront-elle la force des zadistes, ou ces derniers une fois délogés se replieront-ils vers un autre site sensible sur la cinquantaine que compte l'hexagone ?

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