Nous avons tous des Chinois et un chien...

par Ariane Walter
lundi 28 janvier 2019

 

Sur les mystères de l’alimentation, les protides, les lipides, les acides, les basiques, le lactose, le gluten, le cru, les jeûnes, l’aloé vera, le curcuma, le bicarbonate, le vinaigre de cidre, l'argile, je suis incollable. Connaissant toutes les règles du bien vivre et les ayant appliquées, je suis au regret de constater, et au regret de vous apprendre que, quand on respecte son corps, en mangeant modérément, en ne fumant pas, en ne buvant pas, en accordant la priorité aux éléments vivants, on va beaucoup mieux. On mincit. On rajeunit. On embellit. On ne souffre plus. Les raideurs et les douleurs ne sont plus que des souvenirs car soudain, la masse de détritus que notre corps ne peut absolument pas traiter, restes d’une alimentation composée de déchets et d’acidités, disparaît, laissant muscles et tendons redevenir frais et gaillards. C’est la loi de la Nature. 

La vie serait-elle si facile ?

Hé oui…

Enfin presque…

Pourquoi donc, quand on connaît les règles du bien vivre sombre-t-on encore et encore dans des abandons tragiques aux produits dangereux pour notre petit corps ? J’ai nommé les bons fromages, le chocolat au lait, le bon pain, un bon plat bien gras, quelques verres d’un bon vin…Qui font que le lendemain on sait très bien qu’on a offensé la divinité. La pure statue de la santé !! Que le poignet a mal et le genou aussi et le crâne aussi….

Mais pourquoi ces faiblesses et ces abandons ?? Pourquoi ???

 

Premier point lié aux mystères de cette vie mystérieuse, chacun d’entre nous étant le couronnement de cette devise : « Je suis un mystère dans le grand mystère et c’est excitant. », nous ne sommes pas aussi seuls que nous le croyons, à l’intérieur de nous-mêmes.

 On pense toujours qu’il n’y a que nous dans notre corps. Nous avons pleinement conscience d’être installés au sommet, dans la tête qui est le phare des perspectives ! Et que de là-haut on décide tout seul.

 Non.

 Nous sommes comme un immense vaisseau dont notre conscience est le capitaine mais nous sommes clafoutis de passagers. Des passagers, il y en a partout. Nous sommes squattés par des migrants qui viennent de tous les temps et de tous les siècles : des âmes en peine. Et ces envahisseurs ne sont pas sans influence sur nos décisions…

C’est ainsi que j’ai découvert qui étaient les bougres qui occasionnaient les pires malheurs à ma simple et divine santé : des Chinois et un chien.

Les Chinois qui vivent dans ma tête ou dans mon ventre peu importe, ont dû trépasser lors d’un siège après avoir crevé de faim pendant six mois. Au moins. Les voilà quasiment ressuscités et installés dans ma graisse, ayant accès à mes organes de décision et ne supportant pas mes rigueurs et autres interdits alimentaires. Ainsi donc, ayant vécu des famines affreuses, ils ne supportent pas, quand j’ouvre la porte de mon frigo, bien plein, d’entendre la phrase fatale : « Non ! Je ne mangerai rien aujourd’hui. Ce sera jeûne ! »

Alors là, les Chinois, ils explosent ! Quoi ? Avoir été privés de tout, être morts de faim en se mangeant les orteils et maintenait habiter chez une foldingue qui a un frigo plein et ne veut pas y toucheeeeer, non ! 

Et l’attaque sournoise commence… 

Le matin, les Chinois dorment. Je peux donc ne rien manger, rien ne se passe. C’est là que j’ai une impression de victoire qui va me coûter cher. Car bientôt, tout ce petit monde souffreteux, éveillé par la vision de cookies sur une table, ou par un coup de téléphone fatal -« On va au resto » -« Non ! Je jeûne aujourd’hui » « Ah ! Bon ?? » est aussitôt sur le pont. Et là, ils font monter le désir, la faim, ils montent à l’assaut, tordent l’estomac , creusent le ventre et tels des petits Sun Tse irrésistibles font que la main se tend vers le cookie et mieux encore vers le téléphone -« Et on irait manger où ? « 

Les Chinois aiment manger marocain. Bien gras. Avec des bonnes pâtisseries pour finir.

Maudits Chinois ! 

Mais d’un autre côté, je les comprends…Ils ont vécu une effroyable épreuve. Ils ont même mangé les enfants des uns et des autres ! (C’est ce qui se passait lors des sièges. Les survivants, quand il n’y avait plus brin d’herbe à croquer, tiraient au sort les enfants des voisins en leur abandonnant les leurs !)

Alors évidemment, ils n’ont que faire de mes os douloureux. Ils pensent d’abord à eux.

Et moi qui sais ce que je dois faire pour être plus agile qu’un écureuil, je cède à ces Chinois éternellement affamés en sachant que le lendemain une délégation de tendons et des muscles viendra me poser des ultimatums : « Les Chinois ou nous !! »

Mais ce n’est pas tout. 

J’ai aussi récupéré un chien. 

Alors lui, le pauvre, il a vécu toute sa vie au fond d’une cour avec des collègues plus costauds. Et quand on mettait une gamelle au milieu de l’enclos , ils se précipitait et avalait vite, le plus vite possible, sinon c’était la famine. En fait il est mort en se faisant bouffer par les autres…

Comment je l’ai récupéré ? Comment il s’est fait bien voir des Chinois ? Mystère ! Mais il fait partie de la troupe et quand je mange, il bondit et me pousse à dévorer, comme lui, sans prendre le temps de mastiquer !

Ce qui n’est pas bon du tout…Ce que me fait savoir, dès le soir tombé, une délégation de l’estomac et de l’intestin qui en ont marre d’avoir à traiter des aliments quasi intacts !!

 

Voilà le drame. Voilà la situation.

En ce moment, je suis sous l’influence de ces maudits Chinois et de leur chien affamé.

Vais-je réussir à les chasser de mon corps ? 

Vais-je reprendre ces jus de fruits et de légumes qui me rendent fraîche et gaillarde ?

Ah ! les mystères de la vie !!

À suivre !

 


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