Nous irons tous en taule !

par RougeNoir
mercredi 10 mars 2010

Nous n’avons aucune obligation de les laisser continuer... et si nous en avions une, nous devrions alors la transgresser

Tout a commencé en 1986, quand Charles Pasqua, alors ministre de l’intérieur sous Jacques Chirac a pondu ses premières lois anti-immigration. S’en est suivi en 1990, le discours de Jacques Chirac sur le bruit et l’odeur, inaugurant l’entrée officielle de l’idéologie xénophobe de l’extrême droite au sein des autres formations politiques et jetant une suspicion injuste basée sur des faits complètement mensongers visant à stigmatiser les immigrés afin de justifier l’injustifiable politique xénophobe menée par la France. S’en sont suivi les actes : la mise en application et le renforcement par la droite du programme de l’extrême droite. Les lois Pasqua/Debré mettant hors la loi des immigrés et enfants d’immigrés parfaitement en règle jusque là, lois que le PS n’a jamais abrogées et qui ont même été défendues par Michel Rocard avec son "On ne peut pas accueillir toute la misère du monde".

C’est aussi au milieu des années 90 qu’a été mis en place une mesure qui devait être au départ exceptionnelle mais qui s’est poursuivie jusqu’aujourd’hui : le plan Vigipirate.

En fin 1998, Jacques Chirac s’octroie l’immunité présidentielle. Le Conseil Constitutionnel, alors présidé par le socialiste Roland Dumas, la valide en janvier 1999. Entre 2000 et 2002, Dominique Perben poursuit dans la politique de l’abject en jetant aux oubliettes la présomption d’innocence et en la remplaçant par la présomption de culpabilité avec ses loi Perben I et Perben II et son plaider coupable, dispensant d’un procès et donc d’une défense en échange d’un allègement de peine. En 2006, Renaud Donnedieu de Vabres annonce vouloir contrôler le web en décernant des labels à certains blogs d’information qui ne gênent pas le pouvoir. Le projet de loi "n’est que le premier d’une longue série d’adaptations de notre droit à l’ère numérique et je compte bien, par exemple, m’attaquer un jour au problème de la presse et de l’Internet"... "Vous savez très bien que aujourd’hui sur Internet circulent beaucoup de choses, parfois le pire comme le meilleur, ce qui veut dire que paradoxalement redevient essentielle la certification, c’est-à-dire la signature par un journaliste parce que ça garantie l’authenticité. D" a-t-il déclaré.

En 2006, les passeports biométriques ont fait leur apparition en France au nom de la "prévention" contre le terrorisme (présomption de culpabilité, vous vous souvenez ?). Le gouvernement parlait même détendre la biométrie aux carte d’identité avec la carte Inès. Carte repoussée mais toujours au programme aujourd’hui

En 2007, en pleine campagne électorale, Nicolas Sarkozy s’énerve contre Christine Ockrent dans les coulisses de son émission France-Europe Express et menace la direction de France 3 "Toute cette direction, il faut la virer ! Je ne peux rien faire pour l’instant, mais vous ne perdez rien pour attendre !"

En 2007, après les élections, Nicolas Sarkozy choisit Brice Hortefeux qui crée le Ministère de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité Nationale et du développement solidaire, durcit encore les lois contre les immigrés et les enfants d’immigrés et crée le délit de solidarité pour lequel toute personne hébergeant ou ne délatant pas un sans papier est passible de poursuites judiciaires.

Les rafles se multiplient, les enfants d’immigrés ont le plus grand mal à renouveler leurs papiers. Même Anne Sinclair, à qui on avait un jour proposé d’incarner Marianne, rencontre des difficultés à renouveler sa carte d’identité et est suspectée d’usurper la nationalité française !

En 2008, le fichier EDVIGE et CRISTINA sont en élaboration, comprenant des informations sur l’appartenance politique et syndicale, sur l’orientation sexuelle, etc... Suite au tollé généré à l’encontre d’EDVIGE, le gouvernement fait marche arrière et sort EDVIRSP comprenant les mêmes informations qui ont déclenché ce tollé. Quant à CRISTINA nul ne sait ce qu’il contient car son contenu est gardé secret par le gouvernement.

En fin 2008, la Cour de Cassation donne raison au député UMP, Christian Vanneste dans les propos odieux qu’il a tenu en 2005 à l’encontre des homosexuels "L’homosexualité est inférieure à l’hétérosexualité et représente une menace pour l’humanité. Les homosexuels doivent être soignés."

En 2009, Sarkozy a annoncé vouloir supprimer le juge d’instruction. La même année, le gouvernement voulait introduire de force sa loi HADOPI et le spyware made in UMP dans nos ordinateurs. Le gouvernement voulait que la peine soit prononcée et appliquée par une autorité non-judiciaire, sans possibilité de se défendre pour l’internaute accusé. Dans la foulée l’UMP présente en 2010, la LOPPSI censée combattre la pédo-pornographie et bloquer les sites pédo-pornographiques qui foisonnent, d’après le gouvernement, dans les popups (on peut se demander sur quels sites surfent les membres du gouvernement pour être assaillis de popups pédo-pornographiques, car si l’on ne se rend pas sur ces sites, aucun risque de voir s’afficher leurs popups ! - Les popups étant générés par des cookies placés dans l’ordinateurs à la suite de notre navigation sur le web- ). Là encore, le blocage des sites était censé n’être pas décidé par un juge. Les députés se sont bougés pour obliger l’intervention d’un juge pour bloquer ces sites. L’ennui, c’est que ce juge, c’est le juge d’instruction. Le même que Sarkozy s’apprête à supprimer et remplacer par un juge de l’instruction aux pouvoirs réduits et directement sous contrôle du gouvernement.

A présent, cette loi LOPPSI qui devait se limiter aux contenus pédo-pornographiques (quand ils sont venus chercher les Juifs, je n’ai rien dit, car je ne suis pas Juif... on connaît le dicton) s’attaque également aux vendeurs à la sauvette, se voit proposé un amendement (l’amendement Brunel) pour bloquer les sites sado-masochistes entre majeurs consentants, encore au nom de la prétendue volonté de protection des mineurs !

Je ne sais pas si l’on se rend bien compte de ce qu’il est en train de se passer, mais le gouvernement fabrique des hors la loi, des criminels (puisque sur Internet le mot cyber-délinquant n’existe pas, le mot cyber-criminel étant le seul utilisé) afin de grossir des chiffres justifiant une politique sécuritaire de contrôle de la population. Nos libertés se réduisent comme peau de chagrin au nom du sécuritaire. On commence à s’attaquer à notre sexualité et à s’introduire, ficher, contrôler et réglementer les moindres aspects de nos vies.

Il est fort à parier que suite à cet amendement Brunel qui s’inspire directement d’une loi britannique interdisant les sites BDSM, le gouvernement s’inspirera également de la loi australienne interdisant, au nom de la défense des mineurs (sic !), les sites pornos et érotiques mettant en scène des femmes à petite poitrine et montrant des éjaculations féminines.

Les fichiers EDVIRSP et CRISTINA font partie de la LOPPSI et seront discutés et votés dans les tous prochains jours.

Vu la tournure que prennent les choses, il est plus que clair que si nous laissons faire, nous allons tous devenir des hors la loi et nous remplirons les prisons.

Il faut réagir et réagir fortement.


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