Nouveau paradigme (3) Une société de joie, ludique et libertine

par Pierre JC Allard
vendredi 27 novembre 2015

 Il y aura bien des changements dans une Nouvelle Société. J’ai choisi d’en mettre en évidence trois (3) qui m’apparaissent paradigmatiques, car leur avènement influe sur tout et rend tous nos comportement méconnaissables. 

J'ai déjà parlé du premier, la SATIETE, qui enlève l’angoisse du besoin, remet à sa place la richesse… et avec elle toute cette primauté au matériel qui nous a coupé si longtemps les ailes et nous a laissé bêtes. 

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/nouveau-paradigme-1-la-vertu-de-174305

J'ai parlé aussi de la CONVIALITÉ, qui souligne que l’humain est grégaire, que le concept de société est la négation de l’application collective du darwinisme et que nous ne grandissons pas seuls en concurrence, mais ensemble dans la collaboration et le complémentarité. 

http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/nouveau-paradigme-1-la-vertu-de-174305&nbsp ;

Il y en a une troisième qui est l’HÉDONISME ou, mieux dit, son acceptation sans réserve. On est au ici cœur du sujet, car satiété et convivialité ne suscitent pas de doutes : il nous les faut. Ce sont les défis d’une humanité-enfant. Penser qu’il n’y a que quelques milliers de siècles que nous marchons sur deux pattes …. et à peine 5 000 ans que nous avons appris a lire ! Mais maintenant, nous arrivons à l’adolescence. On peut hésiter, voir des options, se demander pourquoi ceci et non celà…

Le première étape de l’adolescence, c’est de se découvrir soi-même tel qu’on est … et d’apprendre à en jouir. Le grand défi – « la grâce » - comme disait Bernanos – ce sera de s’accepter. Le troisième volet du changement de paradigme, c’est donc de créer une société humaine joyeuse, LIBÉRÉE. Une société qui sera vraisemblablement LUDIQUE et LIBERTINE.

Il est grand temps car on nous a bâti un destin de misère et d’angoisse. Moïse descend du Sinaï avec une liste de péchés et contraintes, et il instaure la terreur. «  Ah vous dansiez ! Eh bien crevez maintenant !  » Et on en passe quelque milliers au fil de l’épée. Ca n’a plus changé par la suite. La joie rend arrogant et téméraires. Le pouvoir HAIT la joie, qui rend « désobéissant »…

Nous avons créé une société qui se prétend hédoniste… mais où le plaisir est largement interdit. Va pour ce qui nuit aux autres ; interdire le vol, le meurtre, le viol… pas de questions. Mais pourquoi les prohibitions arbitraires, talmudiques ? Elles sont venus, par cent, par milles, pourquoi ? Se demande-t-on parfois POURQUOI le tabou de toute sexualité pour l’enfant ? 

Je ne parle pas de relations sexuelles entre enfants et adultes – la pédophilie est un abus manifeste particuliérement révoltant du fort sur le faible – mais de la simple expression naturelle d’une volonté de jouir qui apparaît très jeune. Pourquoi est-elle désignée comme malsaine et contrecarrée autant que faire se peut ? Pourquoi la masturbation, par exemple, est-elle si souvent socialement interdite et présentée comme une tare morale ?

Toutes les frustrations obligées n’existeraient-elles que pour aviver le désir … et la volonté de puissance au service des maitres ? Blesser sans pitié le Miura, pour qu’il charge avec plus d’entrain tout ce qu’on met sur son passage, dans et hors de l'arène ?

Cette première contrainte gratuite est emblématique de tous les « crimes sans victimes » que la loi a créés et qui complètent l’asservissement de la classe des gens ordinaires par la caste des Seigneurs. Celle-ci non seulement impose à celle-là un labeur astreignant devenu largement inutile à la production - l’éloignant du même coup de toute tentation de rêver un monde plus agréable – mais, sous couvert d’une moralité fallacieuse dont le prochain est exclus, contrôle aussi son accès à toute gratification gratuite. Le plaisir doit être vendu….

Toutes ces frustrations obligées n’existeraient-elles que pour aviver le désir et la volonté de puissance, mais au service des maitres ? Blesser sans pitié le Miura, pour qu’il charge avec plus d’entrain tout ce qu’on met sur son passage ? N’est-ce pas ce qu’on a fait de tout temps ? La révolution industrielle aurait pu faire une place au loisir, mais on n’en eu que ce qui est venu par inadvertance.

On a eu d’abord, sans vraiment, le vouloir une libération relative du travail et les autres bénéfices de la modernité que la technique imposait, mais cette marche tranquille vers l’affranchissement a été stoppée vers la fin des années « 60 par un retour concerté du pendule vers l’autorité, les contraintes, les valeurs de sacrifice. On a remis aux ânes leurs bâts….

Il y a eu un point tournant. On pourrait dire, approximativement, qu’il y a eu un avant et un après Woodstock. On pourrait écrire de gros bouquins sur ce phénomène. Si j’ai le temps, j’en écrirai peut-être un :-)… Mais tout le monde peut s’y mettre. Allez-y et ça rendra service.

Il faudrait parler plus de ce retour en arriere et de la fin qui a suivi des « 30 Glorieuses ». il ne peut s’agir que d’une halte dans un processus irréversible vers un monde plus agréable. Car il est impossible qu’une société qui atteint à la satiété et se délivre ainsi lentement de l’emprise du matériel ne regarde pas le monde avec plus de sérénité. Impossible, malgré toutes les œillères qu’on veut lui mettre, que Quidam Lambda ne voit pas que la convivialité est plus porteuse que la concurrence et que, mettant ses actes en accord avec sa nature hédoniste, il ne s’engage pas fermement dans une recherche du plaisir, du bonheur et de la joie.

Cette préférence hédoniste que rend possible l’évolution, se manifestera très bientôt par un refus VISIBLE de la méchanceté. Quidam Lambda refusera de donner plus longtemps la priorité à l’ambition sur la satisfaction, à la domination sur la séduction… Si on le conscrit, au propre comme au figuré, sa première balle sera pour le malfaisant qui, pistolet au poing, voudra le faire sortir d’une tranchée pour courir sus à son voisin …Un voisin auquel on voudra imposer la même bêtise… mais qui réagira de la même façon.

Le troisième volet du nouveau paradigme que nous voulons mettre en évidence, est cette réorientation imminente vers la joie. La transformation de l’humanité, d’une procession de flagellants par apprentissage, en un chœur de gens qui acceptent lucidement les limitations de la nature humaines, mais veulent agir ENSEMBLE pour en tirer le meilleur profit .

Il y a pour chacun un choix à faire, mais la société fera la sien qui encadrera ces choix personnels. On pourra encore dire que la souffrance est une vertu ; bien sûr, il y a des gens qui courent vers l’arrière sur le pont d’un paquebot et voient un autre paysage…. Mais ils respireront le même air revigorant… et ils arriveront au même port. On n’échappera pas au nouveau paradigme dont une composante essentielle sera la joie.

 

Pierre JC Allard

 


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