Nouvelles révélations sur la « route des rats »
par morice
mardi 14 février 2012
L'histoire est toujours à enseigner, ne serait-ce que pour faire taire ceux qui voudraient tant la modifier. Les nazis ont bel et bien exterminé dans des camps, les chambres à gaz ont bel et bien existé, c'est indubitable et prouvé, et ces mêmes nazis ont bénéficié à la fin de la guerre de complicités pour s'échapper, notamment vers l'Amérique du Sud et à Bariloche, devenu en fort peu de temps un nid douillet pour nazis. Un livre récent révèle les conditions de cette incroyable exfiltration, dont je vous avais ici déjà parlé en l'appelant "la route des rats" (*) surnom communément donné à ces circuits bien particuliers pour camoufler et faire circuler ces nazis exterminateurs. A l'époque, déjà, j'avais précisé le rôle du Vatican dans cette terrible histoire (**). Un rôle plus que gênant, qui explique combien l'on peut retrouver aujourd'hui de catholiques traditionnalistes chez les négationnistes, qui ainsi se libèrent du "poids de leur faute", tout simplement, pour parler comme eux : les supporters de ces thèses infâmes devraient y réfléchir, à cette façon biaisée de voir les choses. Aujourd'hui, la femme du jour s'appelle Gisela Heidenreich, et elle vient tout juste de raconter la fuite en 1948 du nazi Horst Wagner (voir sa fiche en bas de l'article), responsable de la mort de 356 524 juifs en camps de concentration. L'homme est mort le 13 mars 1977, sans jamais avoir été jugé. Un de ceux qui avait échappé au jugement des hommes, hélas en se réfugiant en Argentine. L'occasion de revenir sur des événements qui doivent être enseignés et non ignorés : plus on en sait (*), plus on en saura, moins on pourra douter, ou se laisser entraîner à douter...
Comment étaient-ils arrivés là en si grand nombre, ces nazis, en Argentine ? Par quel miracle avaient-ils réussi à échapper aux incessantes recherches menées par ceux qui voulaient qu'ils payent un jour leurs forfaits ? Ceux qui parlent, dans leur délire négationniste des "vainqueurs" à propos de Nuremberg qu'ils trouvent bien sûr 'injuste", feraient beaucoup mieux de s'intéresser aux archives... du Vatican. Car ce qui n'est pas un hasard, c'est qu'une bonne partie de ces négationnistes sont aussi des chrétiens traditionnalistes, tel l'infect Reynouard, adepte d'une quasi-secte religieuse, les sédévacantistes. "La question, posée dès 1945, des responsabilités ne cesse de rebondir. La multitude d'enquêtes n'aura fait que confirmer le rôle de la Croix-Rouge, de l'Eglise croate, du Vatican couvrant les passeurs de nazis, notamment les évêques Alois Hudal et Giuseppe Siri. L'habit faisant moins que jamais le moine, ce sont de bien étranges pèlerins qui foulent, vêtus de bure, le sol argentin après l'effondrement du régime nazi. Munis de passeports délivrés par la Croix-Rouge et l'ambassade d'Argentine à Vienne, ils sont accueillis par leurs compatriotes installés dans la province de Misiones à la frontière avec le Paraguay et le Brésil, et dans les Andes ; San Carlos de Bariloche où durant cinquante ans Erich Priebke dirigea une maternité et présida le collège allemand illustre jusqu'à la caricature ces 'colonies' avec chalets bavarois et tavernes munichoises lovés dans l'écrin enneigé de la cordillère". Priebke, ce nazi arrivé sous une robe de bure et devenu gérant de maternité et se pavanant il n'y a pas si longtemps encore dans le principal hôtel de Bariloche alors qu'il était assigné à résidence en Italie : on croît rêver. Il faudra attendre 2009 pour que la mairie de Bariloche se décide à le "répudier". En 2010, âgé de 97 ans, on le photographiait dans un supermarché de Rome... tranquillement dans les allées. Toujours assigné à résidence, mais toujours libre de ses mouvements malgré ses escapades visibles à Bariloche ! Et ce d'autant plus que pas plus tard qu'en février 2011, leportail web du "Journal Digital de Bariloche", publiait une photo de Priebke à table, en Argentine et non en Italie, avec le candidat au poste de gouverneur du Rio Negro, le péroniste Carlos Soria ! Un an après, le "problème" Soria disparaissait : le 2 janvier dernier, il était abattu par sa propre femme Susana Freydoz, dans une chambre d'hôtel, par une balle en pleine tête de calibre 38. Soria avait été proche des précédents présidents Carlos Menem et Eduardo Duhalde, et avait la réputation de passer son temps à espionner le couple Kichner, puis la présidente seule une fois devenue veuve.
Pour ceux qui en douteraient encore, il convient de rappeler les liens entre Hitler et l'Eglise catholique : Hitler n'était en fait pas athée, contrairement à ce qui a pu être dit. "Hitler athée, certainement pas, car il a bien écrit tout autre chose, malgré ces quelques lignes dans Mein Kampf : « Aujourd'hui s'éveille une foi nouvelle : le mythe du sang, la croyance selon laquelle on peut, avec le sang, défendre aussi l'essence divine de l'homme (...). Le sang nordique représente ce mystère qui a remplacé et surmonté les anciens sacrements (...). Le peuple allemand n'est pas atteint par le péché originel, il possède au contraire une noblesse originelle. » (Extraits de Mein Kampf, d'Adolf Hitler). Car il a aussi dit : « Je suis catholique. La Providence l'a voulu. En effet, seul un catholique connaît les points faibles de l'Eglise.
Une croyance et une alliance avec un clergé qui vont lui permettre d'accéder au pouvoir : "janvier 1933, le Zentrum, parti catholique, dont le leader est un prélat catholique (Prälat Kaas ; ici à gauche), vote les pleins pouvoirs à Hitler. Ce dernier peut ainsi atteindre la majorité des 2/3 au Reichstag pour suspendre les droits garantis par la constitution. Avec une charité toute chrétienne, le bon prélat et ses ouailles du Zentrum accepte aussi de fermer un oeil sur les détails procéduriers discutables des nazis, comme l'arrestation des députés communistes avant le vote.
Les faits sont là, indubitables, et la question fondamentale demeure : "les dictatures du continent latino-américain utilisèrent la compétence des vaincus de la guerre dans leur croisade anticommuniste, mais que penser de l'attitude du Vatican ? Quels intérêts inavouables justifient que le Saint-Siège ait soustrait à la justice quelques-uns des pires assassins que l'histoire ait engendrés ? Plus que jamais, il convient d'éclairer le rôle obscur de Pie XII. Ce qu'a évité de faire l'Eglise dans le texte récent où elle reconnaît ses torts et faiblesses vis-à-vis du génocide des juifs". Parmi les "exfiltrés", des nazis avérés : "à Bariloche, véritablement infesté de nazis, au point qu'ils y dressaient leur drapeau sur les écoles ou affichaient leurs swastikas en réunion, derrière un portrait de leur idole, d'autres avaient manifestement débarqué : on y reconnut aussi Edouard Roschmann, devenu Federico Wegener, par la grâce de l'immigration argentine, décriée précédemment, le boucher du ghetto de Riga, venu se faire soigner dans un hôpital au Paraguay pour une infection, ainsi que Walter Rauf, "l'inventeur" du camion à asphyxier pour supprimer les juifs. Il s'en prendra en Afrique du Nord aux tunisiens et persécutera les juifs italiens, s'en prenant en priorité à leur or. Réfugé en Syrie, puis au Liban, il rejoindra par l'habituelle "route des rats" l'Equateur puis le Chili, pour y devenir un zélé collaborateur d'Augusto Pinochet", comme j'avais déjà pu l'écrire ici.
Dans ce contexte plutôt lourd sur la responsabilité du vatican dans la protection et l'exfiltration des nazis, la phrase du pape actuel liant l'athéisme au nazisme avait fait il n'y a pas si longtemps bondir, le pape et son frère ayant eux-même fait partie jadis des jeunesses hitlériennes. Le 18 septembre 2010, l'ancien cardinal Ratzinger (Benoît XVI) avait en effet dit ceci : "de notre vivant, nous pouvons nous souvenir de la manière dont la Grande-Bretagne et ses dirigeants se sont dressés contre la tyrannie nazie qui voulait éradiquer Dieu de la société et nier toute humanité à certains, en particulier les juifs, qui étaient jugés indignes de vivre". Un non sens complet : Hitler ne souhaitait pas éradiquer Dieu, d'une part et d'autre part l'athéisme ne conduit pas au nazisme, contrairement à ce qu'à osé dire ce pape pour se disculper et absoudre toute son Eglise
Horst était responsable de plusieurs crimes. Indirectement en qualité de gestionnaire du Reich, et directement car impliqué dans des décisions dont on retrouvera les preuves après sa mort seulement dans les documents de la Stasi. Selon un rapport découvert par le Berliner Zeitung en 2010, il était en effet impliqué dans des crimes de guerre directs, dont celle d'au moins dix prisonniers américains entre le 28 et le 30 décembre 1944, acquiescant alors à une demande de Ribentropp après une rebellion. Il aurait aussi été impliqué dans la planification de l'assassinat du général français Maurice Marie Gustave Mesny, interné dans un camp de prisonniers de guerre allemand, un crime organisé sous forme de transfert de prisonnier qui aurait eu un accident de voiture : une mise en scène complète et odieuse. Le Dr. Paul Otto Schmidt, numéro NSDAP 8 981 252 et devenu le SS 289 260 avait été arrêté le 4 février 1947 pour le même crime : il sera relâché et mourra libre le 21 avril 1970 à Munich. Le général Mesny avait été froidement abattu d'une balle dans le dos.
Comme le rappelle Der Spiegel, en effet, "Heidenreich a dit qu'elle voulait garder les jeunes générations allemandes au courant de leur passé et combattre les récentes victoires électorales régionales des néo-nazis. « Je suis consterné comment les élèves écoutent l'histoire du nazisme avec une distance incroyable de nos jours. Ils savent beaucoup de choses sur lui, mais cela ne les touche pas émotionnellement. C'est comme la Rome antique pour eux", a déclaré Heidenreich."Il est de notre devoir de raconter notre propre histoire." Un devoir qui devient de plus en plus urgent, semble-t-il ; à voir la circulation intense de thèses abracadabrantesques sur la question.
(*) dans ces épisodes :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/liberation-51-la-visite-guidee-des-95383
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/liberation-52-le-nid-douillet-95411
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/liberation-53-les-reves-nucleaires-95417
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/liberation-54-le-role-trouble-d-95528
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/liberation-55-carlos-menem-l-95700
(**) sur le vatican et la route des rats :
http://www.agoravox.fr/tribune-libre/article/des-petits-trous-des-petits-trous-59677
(***) en citant l'extrait, un bloggeur ajoute chez Golias de l'excellent Christian Terras : N’est - ce pas Monseigneur Gràber, évêque de Freiburg qui commenta les lois raciales et les pogroms de la nuit de cristal par ces chrétiens propos qu’on ne pouvait refuser à quiconque le droit de sauvegarder la pureté de sa race et d’élaborer les mesures nécessaires à cette fin. L’ombre de la croix s’étend sur cette barbarie.
Dans Galates 2:8, on voit en effet que Pierre avait reçu pour mission d'évangéliser les Juifs et non pas les paîens. C'est Paul qui avait mission d'évangéliser les païens (et donc Rome, ou il est allé).
Il n'y a pas de document authentique confirmant la présence de l'apôtre Pierre à Rome, cette histoire ne reposant que sur les contes d'un Père d'Asie, Abdias, et sur des suppositions relatives à l'épitre de Clément.
Même Luther, l'un des pères du protestantisme, a dit que Pierre n'est jamais venu à Rome : "Certains érudits disent que saint Pierre n'est jamais venu à Rome ; et le Pape a certainement bien du mal à répliquer à de tels savants... Seul, saint Paul y a certainement été..." (Wider das Papsttum vom Teufel gestiftet).
Et le pape Pie XI déclarait, en privé, que pour lui, "il était certain que jamais saint Pierre ne mit les pieds à Rome..."
On remarquera même que ce Pape Saint-Pierre semble avoir été bicéphale : l'un de ses crânes est conservé à "Saint-Pierre" au Vatican (en fait, il s'agit d'un crâne de femme !), l'autre à "Saint Pierre et Paul hors les murs".
Il semble bien, d'ailleurs, que Pierre a été exécuté avec son frère Jacques en 46, à Jérusalem, sous Cuspius Fadus, et qu'il n'est donc pas mort à Rome..
Cela montre bien combien la tradition de la fondation de la Papauté par pierre ne repose sur rien de solide.
En réalité, le Pape Saint-Pierre, comme les douze premiers papes, est un personnage légendaire qui n'a jamais existé.(ces premiers papes semblent avoir été inventés par Eusèbe de Césarée, dit Eusèbe le menteur au IVe siècle). On ne possède d'ailleurs aucun documents sur les premiers papes jusqu'en 325. ils n'ont pour seul titre que celui d'évêque de Rome. Le titre de pape n'apparaissant qu'en 306, à Alexandrie."
s'il y en a à qui ça plaît ce genre de propos, je ne saurais trop leur conseiller celui-ci..., notamment ce que j'ai déjà pu écrire ici...
(*****) "De son côté, l’historien Laurence Rees a rouvert le dossier Auschwitz. Il montre que les organisateurs de la solution finale n’étaient pas des exécutants serviles. Les ordres donnés étaient souvent assez vagues et il fallait que les responsables de la mise en œuvre prissent des initiatives et fissent preuve d’engagement pour atteindre les buts fixés. Selon L. Rees, cet engagement est d’ailleurs ce qui donne force au régime totalitaire. Il faudrait donc autre chose que de la simple soumission à un système pour aboutir à des crimes de masse. Cela nécessite aussi que les exécutants des basses besognes croient à ce qu’ils font, adhèrent à leur mission, se mobilisent activement. L’obéissance ne suffit pas, l’idéologie compte"
PS : Une liste non exhaustive des criminels nazis (il y en a 1387) est disponible ici. A noter à la 693eme ligne cette indicatgion : "Höss, Rudolf (sévit à Dachau de 1934 à 1938, puis à Sachsenhausen en 1938, puis à Auschwitz dès 1940, puis commandant d'Auschwitz) : écrit ses mémoires en prison, condamné à mort en Pologne et exécuté le 16 avril 1947, derrière le crématoire du Stammlager à Auschwitz. (A ne pas confondre avec Rudolf Hess)."
article sur les criminels nazis réfugiés en Argentine : "Les nazis de la pampa", l'Humanité, mai 1998.
articles sur les Lebensborn :
Aux mois d'août et octobre 1946, deux trains affrétés par la Croix-Rouge, en provenance d'Allemagne, s'arrêtent ainsi à Bar-le-Duc (Meuse). Sur les 37 enfants confiés aux services locaux de l'Assistance publique, 17 sont encore bébés. Un an plus tard, la justice décide de les déclarer « nés à Bar-le-Duc ». Les prénoms trop allemands sont francisés. Ingrid s'appellera Irène, Gizela sera Gisèle, Songard et Ute deviennent Dominique... Plusieurs d'entre eux sont accueillis par des familles de la région, certains sont adoptés. Tous gardent en mémoire les injures des autres gamins, voire de l'instituteur : « A l'école, on me traitait de "sale boche" », raconte Gisèle Niango, 65 ans, de Nancy. Nous sommes déchirés entre le fait d'être des victimes innocentes et la honte d'avoir été conçus pour servir cette idéologie monstrueuse. »
En 1946, Erwin a 2 ans à peine quand il est rapatrié en Avignon et récupéré - avec son nom inscrit sur un écriteau accroché autour du cou - par l'une de ses tantes. Sa mère les rejoint un an plus tard. Erwin n'a plus jamais revu son père. Il a découvert son nom par hasard, en 1987, en tombant sur son propre certificat de baptême, daté de 1945. Le document mentionnait ceci : « Père : Erwin Konstant Johannes Schmidt. » « Ma mère me l'a arraché des mains avant de le déchirer et de le jeter au feu », poursuit Erwin".
http://www.liberation.fr/grand-angle/0101499849-bebes-nazis-a-chantilly
http://joelmatriche.com/lebensborn/
la fiche (anglaise) de Wagner Horst :
Né à Posen en 1906, d'une formation de journaliste à Berlin, où il a rejoint la SA en 1933, en mai 1938, il rejoint le ministère des Affaires étrangères. En Janvier 1944, il devint officier de liaison entre le ministère des affaires étrangères et la SS, période pendant laquelle il s'est impliqué dans la déportation des Juifs. Il était emprisonné au cours du procès de Nuremberg où il a été entendu comme témoin, et après lequel, en 1948, il a été libéré. Il a été immédiatement délivré contre lui un mandat d'arrêt par un tribunal de Bavière, mais il s'est alors échappé en Argentine. Après son retour en Europe, il a changé son nom en Peter Ludwig et a travaillé comme correspondant pour divers journaux argentins. En Mars 1953, il a été arrêté dans l'ombre du Vatican. Bonn espèrait l'extrader, mais en raison de certaines problèmes techniques avec son changement de nom, il devait compléter par une courte phase en Italie d'abord. Un juge italien a décidé qu'il ne pouvait pas être extradé, son crime étant selon lui politique, et non pénal. Pensant qu'il ne pouvait plus être jugé pour crimes de guerre, Wagner revint volontairement en 1956 en Allemagne de l'Ouest , après quoi il a été arrêté. Après 15 mois en détention provisoire, le tribunal de district de Hamm n'avait pas d'autre choix que de le libérer avec une amende de 80 000 DM , tout temps supplémentaire en prison pouvant être considéré comme une atteinte aux droits de l'homme. Il s'en est suivi une longue période de collecte de l'information, de retards pour cause de maladie, et de changement d'avocats, et pendant toute cette période,Wagner est resté en liberté. Il employait un ancien collègue de ses jours nazis pour de faire représenter, le Dr Ernst Achenbach, un député de la FDP. Enfin, après des années de fuite, Wagner a été appelé pour être jugé le 3 Juillet 1972. Cependant, après des mois à avoir fraudé sur sa santé physique, et de procrastination manifeste, il n'a jamais eu à comparaître à nouveau, au motif de la vieillesse.