Novitchok, Coupe du monde de football et élections présidentielles en Russie

par gruni
jeudi 15 mars 2018

Etait-ce vraiment le moment opportun pour Poutine d'ordonner la liquidation de l’ancien espion Sergueï Skripal ? Souvenez-vous des paroles de Vladimir Poutine... "Les traîtres vont le payer très cher. Faites-moi confiance. Ces gens ont trahi leurs amis, leurs frères d’armes.”

Pourquoi pas maintenant, puisque de toute façon jamais personne ne pourra prouver que l'Etat Russe est responsable de la tentative d'assassinat. Et à quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle imperdable pour le maître du Kremlin, quoi de mieux pour rassembler les Russes autour du président que la réaction "hostile, inacceptable et injustifiée", selon l'ambassade de Russie à londres, du Royaume-Uni et bientôt de tous les occidentaux. L'abstention étant le seul adversaire valable de Poutine dans cette élection du 18 mars. 

Enfin, la France reste prudente, comme le démontre la déclaration de Benjamin Griveaux... 

"Nous attendons les conclusions définitives et que les faits soient parfaitement avérés avant de prendre position sur ce type de sujet comme c'est l'habitude dans notre diplomatie", a-t-il dit lors du compte rendu du conseil des ministres. Quelles conclusions définitives ? "De la détermination des causes de la mort et des responsables éventuels".

"A la question de savoir si la France était prête à prendre des mesures de rétorsion, Benjamin Griveaux a répondu : "On ne fait pas de politique-fiction, une fois que les éléments seront avérés, là viendra le temps des décisions".

"Ce qui s'est passé en Grande-Bretagne c'est un acte très grave (...) je rappelle que la Grande-Bretagne est un allié stratégique et historique de la France".

Mais que pouvait faire Theresa May, après ce qu'elle considère comme un "usage illégal de la force par l'État russe contre le Royaume-Uni" et jugé "tragique" la "voie choisie" par Vladimir Poutine qui n'avait que faire de l'ultimatum britannique. "Tirez les choses au clair de votre côté et nous en parlerons ensuite", avait-il déclaré pendant un déplacement de fin de campagne électorale. Quant à Sergueï Lavrov, le ministre des affaires étrangères, il s'est contenté d'affirmer que « La Russie est innocente et est prête à coopérer si la Grande-Bretagne remplit ses obligations internationales". 

La Première ministre britannique a donc annoncé mercredi une série de sanctions contre la Russie, avec l'expulsion de 23 diplomates et le gel des contacts bilatéraux, puisque Moscou est selon elle, "coupable" de l'empoisonnement par un agent neurotoxique de la famille dite Novitchok", très probablement russe. Enfin, jusqu'à preuve du contraireTheresa May a également annoncé que Londres n'enverrait aucun représentant diplomatique ou membre de la famille royale, à la coupe du monde de football, ce qui n'empêchera pas l'équipe anglaise de participer à la compétition. Que diriez-vous d'un match Russie-Angleterre pour réchauffer l'ambiance de guerre froide.

Pourtant, un membre actuel du GRU donne une autre version de cette affaire. Il faut dire aussi que même sous le couvert de l'anonymat, il n'allait pas dénoncer Poutine. Mais, pourquoi pas écouter sa version des choses...

"Il faut se demander avant tout qu’elle aurait pu être l’intérêt [pour la Russie] d’éliminer Skripal. Il n’en représentait plus aucun depuis longtempsS’il y avait eu la moindre crainte qu’il révèle des choses, un moyen de l’éliminer aurait été trouvé en prison. Il n’aurait en tout cas certainement pas fait l’objet d’un échange. Les services britanniques ont tiré de lui toutes les informations utiles en 2010. Il leur a raconté tout ce qu’il savait et ne savait pas – surtout ce qu’il ne savait pas, au reste, car il ne travaillait plus au GRU depuis 1999. Skripal est un dossier classé pour les deux camps.”

De plus, d'après d'anciens espions russes...“S’en prendre à un espion échangé contre l’un de ses propres agents serait une violation des règles tacites de l’espionnage. Il est généralement considéré qu’une fois gracié, un individu a le droit de vivre sa vie sans être inquiété.”

Maintenant, il ne fait aucun doute que la Russie va riposter par la réciprocité aux sanctions décidées par le Royaume-Uni. Déjà, la porte-parole Maria Zakharova a prévenu, "aucun média britannique ne travaillera en Russie en cas de fermeture de RT". 

RT, considéré à juste titre comme un organe de propagande du Kremlin, pose une question très intéressante à ses lecteurs par la voix de Sergueï Stepachine, l'ancien directeur du Service fédéral de sécurité de la fédération de Russie (FSB). « Quel imbécile irait commettre cet acte ? Où est la logique là-dedans ? ». Il connait certainement la réponse à sa question.

 


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