« Nuit dehors » à Saint-Denis : quand les citoyens passent à l’action contre les trafics

par Coeur de la Beauce
lundi 25 avril 2016

"Nuit debout" a fait des émules et on ne peut que s'en réjouir. Sur le modèle des jeunes mobilisés dans les grandes villes pour défendre leurs droits de citoyens, les habitants d'une cité populaire de Saint-Denis (93) ont décidé eux-aussi de sortir de chez eux pour agir ensemble.

Excédés par les nuisances causées par quelques voyous préoccupés davantage de l'argent facile des trafics de cannabis que de la loi El Khomri, les habitants d'une tour ont décidé d'occuper la nuit les espaces squattés. Las du boucan, du rap poussé à fort volume et des allées et venues des clients, ils sont descendus, ont tenu bon face aux insultes et aux menaces, et cela a payé. Les délinquants ont circulé, au moins provisoirement.

La mairie de Saint-Denis a soutenu l'initiative, tout en soulignant à juste titre que ce n'est pas aux habitants de régler le problème. Des journalistes présents ont été invectivés comme il se doit par les jeunes loulous, mais ont tout de même pu s'entretenir avec les gens de l'immeuble. De braves prolos, qui bossent le jour et qui veulent dormir la nuit, de toutes origines, hommes et femmes. A l'image des étudiants qui défendent leur avenir place de la République, ils défendent leur droit à la tranquilité, reconnu par la déclaration des droits de l'homme.

Ce fait divers dérange les pouvoirs publics et les moralisateurs des beaux quartiers. Il témoigne de la tiers-mondisation de nos quartiers livrés à la loi de la jungle, dans l'indifference des classes dirigeantes. Il est étonnant (à voir ?) de constater que... Ce sont les syndicats de police qui se révèlent les seuls hostiles (avec les caids) à la démarche des riverains. Tel syndicaliste rappelle qu'il ne faut pas faire justice soi-même, que les trafics rapportent de l'argent (!), qu'il faut être patient etc. De quoi faire rire jaune les milliers de français qui tentent parfois d'appeler le commissariat du coin pour signaler le tapage d'un groupe de drogués en bas de chez eux, et qui attendent en vain une intervention, quand on ne leur raccroche pas au nez... Ce qui dérange, c'est que les gens se mobilisent.

Un élu local nous apprend qu'il n'y a que trois cents policiers à Saint-Denis. En retirant ceux qui sont en stage, en arrêt de travail ou en congé maternité (féminisation oblige), il ne doit pas rester grand monde de service la nuit, sâchant que la justice n'est jamais pressée de condamner les délinquants, laxisme, blocages culturels et insuffisances à la française obligent.

Espérons toutefois que ces initiatives vont se multiplier. Les riverains noctambules ont démontré que l'union et la solidarité font la force, sans que la violence soit nécessaire. Tout est question de détermination. Les jeunes contestataires de "Nuit debout" ont cherché à mobiliser, ils ont réussi à créer des exemples. Ils ont fort justement refusé la récupération politique, ils ont encaissé les coups des policiers plus préoccupés de surveiller les citoyens que de les protéger. Surtout, ils ont recyclé un concept tombé en désuétude, celui des luttes collectives.

Les voyous qui pourrissent la vie des quartiers n'ont pas cette maturité. Ils ne s'intéressent pas au collectif, hormis celui qui rapporte du fric et fournit de la violence jubilatoire (le jihadisme par exemple). Ils méprisent les autres, ne cherchent pas à voir plus loin que le capot de leur Golf TDI. Bref, ils récoltent de l'oseille, consomment et punissent leurs concitoyens. S'ils le pouvaient, ils iraient racketter les militants de "Nuit debout", comme ils l'ont fait il y a quelques années lors des manifestations lycéennes... Une vraie logique libérale en somme

Les gens en ont marre des leçons de morale, des clivages de partis et autres sottises développées pour les empêcher de réclamer leurs droits. A ceux, éternels bien-pensants, qui hurleront au "fascisme" face aux démarches sécuritaires, nous leur recommanderons quelques bonnes lectures pour les cultiver. "La racaille est la chienlit qui pourrit la vie des prolétaires" n'est pas une citation de Marine Sarkozy, de Maurice Le Pen ou de Nicolas Hollande. C'est Karl Marx qui l'a dit, dans le capital. Même Bakounine dans Dieu et l'état ne parlait de s'en prendre qu'aux puissants tout en recommandant une éducation stricte et de qualité pour les enfants. 

Donc le peuple commence à se réveiller, à éteindre les télévisions et à sortir dans la rue. C'est un bon début de printemps qui s'annonce. Et si le joli mois de mai à Paris et ailleurs nous réservait quelques bonnes surprises ? Nos oligarchies, protégées dans leurs hôtels particuliers et les syndicats de police en frémissent à l'avance...

Source de la photo :http://www.leparisien.fr/saint-denis-93200/saint-denis-la-mobilisation-contre-les-dealeurs-reprend-23-04-2016-5739943.php

 


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