Occident contre Islamistes ou les croisades des temps modernes

par Mohamed BOUHOUCH
samedi 30 août 2014

  L’avancée de l’Etat islamique (EIIL) progressait chaque jour en Irak et en Syrie, avant l’intervention des USA. Les pouvoirs de Bagdad et de Damas se sont avérés incapables de juguler cette invasion jugée par les uns comme étant inhumaine, dévastatrice et dangereuse pour l’équilibre de la région et par d’autres, tout simplement néfaste pour leurs intérêts économiques et stratégiques.

 Il est vrai, pour le commun des mortels, que l’idée d’Abou Baker Baghdadi d’instituer un Etat islamique à l’image des Califats omeyyades et abbassides qui gouvernèrent le monde musulman de 661 à 1258, est un projet insensé et un dessein chimérique, irréalisable à notre époque. Les personnes qui nourrissent une telle utopie en notre temps, à l’instar d’Oussama Ben Laden, sont considérées, dans notre société actuelle, comme des assembleurs de nuées et des fous dangereux. Mais ils sont là et continueront de constituer une préoccupation majeure pour l’Occident et ses alliés.

 Aussi, fallait-il, avant de porter un jugement quelconque sur leur action ou de les combattre, essayer d’abord de mieux connaître les dirigeants de cet Etat islamique, d’écouter et d’analyser leurs discours. Je ne dis pas comprendre leur message, mais l’entendre, le disséquer et le déchiffrer. Or ce que l’on constate aujourd’hui, c’est un langage de sourds entre ces sectes religieuses et les dirigeants aussi bien de l’Occident que ceux de la plupart des d’Etats arabes.

 Si les troupes des Jihadistes sont recrutées dans la grande masse des milieux populaires déshérités et frustrés, il reste que ceux qui les encadrent, les endoctrinent et les manipulent, sont des diplômés de grandes écoles, des docteurs, des ingénieurs et des professeurs universitaires, qui ont étudié ou fait une partie de leurs études en Occident. Ces dirigeants Jihadistes se disent choqués par les disparités sociales et l’existence déplorable dans laquelle végète l’écrasante majorité des peuples musulmans, au moment où une minorité de privilégiés vit dans une opulence provocatrice.

 Les cadres Jihadistes expliquent à la jeunesse islamique que le renversement de cette situation dépend uniquement de leur volonté de se dégager du joug de cette minorité. Or il se trouve que les détenteurs de ces privilèges n’auraient, dit-on, aucun pouvoir et aucune force de résistance sans l’aide et la protection des pays occidentaux, lesquels, crie-t–on, sont aujourd’hui les grands et les seuls profiteurs des richesses naturelles que Dieu a bien voulu doter cette région du monde. D’où l’appel au Jihad lancé par les adeptes de l’Etat Islamique, contre cet « arbitraire » considéré comme une injure à l’espèce humaine, à l’Islam et une sorte d’esclavage.

 Le mot « Jihadiste » veut dire en arabe « combattant ». Pour les dirigeants de l’Etat islamique il s’agit, par conséquent, d’un combat pour libérer le monde musulman du néocolonialisme occidental. Pour les jeunes gens qui viennent de l’Afrique, du Moyen Orient et même d’Europe pour participer au COMBAT, il s’agit, avant tout, d’une guerre sainte à l’image des Croisades du Moyen Age, prêchées par le pape et les autorités de l’époque pour se rendre en Terre Sainte et participer à la guerre contre les Infidèles et les hérétiques (Entendre par là les Musulmans).

  Bien entendu, ce genre d’entreprise n’est plus valable en notre temps. Ajoutons à cela que les combattants ou Jihadistes de l’Etat Islamique n’ont ni les moyens ni la stratégie pour réaliser leur projet songe-creux contre des puissances comme les Etats-Unis, la France ou l’Angleterre qui ont des intérêts vitaux à défendre... Et ils feront tout pour les défendre ! La preuve en est tous ces motifs avancés par ces Etats pour intervenir sur le terrain et lancer leurs frappes aériennes pour, explique-t-on, défendre des minorités chrétiennes et des Yazidis, arrêter ces massacres humains, en s’opposant par tous les moyens à cette invasion islamique. L’instigateur et le moteur actuel de ce mouvement, à savoir Abou Bakr Al Baghdadi et ses acolytes, doivent donc comprendre qu’ils se sont engagés dans une voie sans issue.

 Quant aux occidentaux ils ont besoin de se rendre compte que le monde musulman n’est plus celui qu’ils ont connu durant les siècles derniers et qu’il ne faut plus, désormais, prendre en considérations que les seuls intérêts économiques. S’ils tiennent vraiment à leur biberon, ils doivent accepter de coopérer à l’avenir avec ces pays du Moyen Orient et d’Afrique et de daigner entendre leurs revendications...Laurent Fabius a qualifié les Jihadistes de terroristes et de vulgaires criminels. C’est peut être vrai... Mais que Mr Fabius et ses collègues européens sachent qu’à l’exception de quelques hommes politiques et hauts responsables arabes acquis à l’administration américaine, l’écrasante majorité du monde musulman ne partage pas cet avis.  Les Islamistes sont actuellement présents et agissent de l’Afghanistan au Mali et risquent à l’avenir de s’étendre bien au delà encore (Moyen Orient, Afrique, Pays du Golfe). Des milliers de jeunes adhèrent aujourd’hui à leurs idées et les soutiennent. C’est la une vérité indéniable que nous n’avons jamais cessé d’exprimer et de répéter dans la presque totalité de nos écrits. A bon entendeur salut !   


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