On a les collaborateurs qu’on mérite !

par Aimé FAY
vendredi 5 octobre 2007

Cet adage de la nuit des temps est toujours d’actualité. Avec les haros nauséabonds criés récemment sur Ségolène Royale, il prend vraiment tout son sens. Les managers, les vrais, ceux qui mettent tous les jours la main dans le cambouis pour faire avancer leur entreprise, connaissent la pertinence de celui-ci. En effet, sûrs d’eux-mêmes, ils savent qu’un collaborateur peut être nommé par erreur - cela arrive - mais jamais conservé par oubli. Ils seraient alors coupables d’une faute professionnelle. Et, dans le privé, cela ne pardonne pas.

Dans la fonction publique, François Mitterrand et Jacques Attali, dont les qualités de grands managers n’ont jamais été mises en doute, ont eu, durant de nombreuses années, Ségolène comme proche collaboratrice. Reconnue comme intelligente, bosseuse, compétente et fiable, ils l’ont souvent récompensée en lui donnant de nombreuses promotions. Rien d’exceptionnel, c’est le quotidien de tout vrai chef que de faire cela pour la personne qu’il estime être digne d’intérêt et de confiance. Qu’il s’agisse du privé ou du public, les managers, les vrais, vous diront tous, qu’on ne prend jamais ce type de risque avec les mauvaises collaboratrices. Les mauvaises, comme les mauvais d’ailleurs, on sait s’en débarrasser rapidement.

Cependant, cette faculté de pouvoir distinguer le bon grain de l’ivraie n’est pas donnée à tout le monde. Seul le vrai patron la possède. Celui qui a du nez, du feeling, une certaine intelligence des hommes, en plus de ses solides compétences. L’autre patron, le mauvais, ne sait pas. Il ne sait d’ailleurs que très rarement. Dans le privé, on ne lui laisse pas le choix. Il part rapidement. On lui montre la porte, souvent ad nutum. Dans le public, malheureusement ce mauvais chef reste. Et, continue à être payé par le contribuable. Après avoir dirigé des gouvernements ou des grands ministères, il sort souvent des livres pour continuer à exister en médisant sur son ancienne collaboratrice. Selon lui, elle était la mauvaise... de chez mauvais. Pourtant, si nommée par erreur, il l’a conservée par oubli, le mauvais, c’est bien lui, car il a montré son incompétence à ne pas avoir su juger in situ. Il aurait mieux fait de se taire. Nous n’aurions pas vu à quel point il était intrinsèquement mauvais lui-même.

Drôle de patron ! Drôle de capitaine ! On se demande même, comment l’équipage a pu prendre un jour des risques avec lui ? Peut-être l’équipage a-t-il fait cela, sachant que par beau temps - de 1997 à 2000, la croissance européenne a été exceptionnelle pour tout le monde - la qualité d’un capitaine est beaucoup moins importante que par tempête. Un vrai boss, un vrai capitaine, ne se juge jamais dans une période de calme plat ni sur la facilité qu’il a à critiquer ses collaboratrices. Tout le monde peut tenir une barre dans ces deux cas. Même un aveugle !

Non, un vrai capitaine est jugé, notamment et d’abord, pour être en capacité, par gros temps, de maintenir la barre, de sauvegarder l’investissement et, de permettre à tout l’équipage, sans exception, de rentrer sain et sauf au port. Prêt à affronter ensemble de nouveaux défis.

C’est cela que l’on demande à un capitaine. A un vrai ! Pas autre chose.

Que dirait-on d’un patron pêcheur qui, au soir d’un 21 avril, alors que la tempête forcit plus que d’habitude et que le bateau à une voie d’eau réparable, annoncerait sa démission et, partirait en hélicoptère, laissant seul l’équipage à la manœuvre ?

Que dirait-on de ce capitaine qui, ayant laissé son équipage seul au milieu du grain, viendrait cinq ans après, tirer à boulets rouges sur l’une des matelotes qui est restée, elle, sur le pont et a vaillamment participé au sauvetage du bateau, trop précipitamment abandonné ?

On ne dirait rien ! Surtout laisser l’Histoire faire son travail d’oubli. Heureusement pour lui, ce pauvre capitaine n’était pas dans le secteur privé. Celui où la compétition fait payer cash toute erreur de management. Pouvant même se traduire par une mort alimentaire. Pour un politique, à l’ego démesuré, cela se traduit par la honte qui l’envahit et qui indispose secrètement son entourage familial et social. Puis, cela finit par étouffer son surmoi. Rarement cependant de quoi ne plus nourrir les siens. Le contribuable est là. Employeur de dernier ressort.

Finalement, la nature fait bien les choses. La société a, elle aussi, les femmes et les hommes politiques qu’elle mérite. Avec le recul d’aujourd’hui, le 21 avril n’avait pas failli à cet adage !


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