On casse le thermomètre !

C’est passé inaperçu, mais le Ministère de l’Intérieur, vient coup sur coup, de donner l’exemple de la façon dont il casse les indicateurs afin de mieux nous berner.

Rappelez-vous de l’intervention du Général Soubelet devant la commission parlementaire sur l’insécurité.

Il a été muté pour sa franchise devant la commission parlementaire, comme quoi, le message est très clair, même devant les représentant de l’état, il ne faut pas donner d’informations susceptibles de contredire les “annonces“ du gouvernement.

Un autre élément vient de m’alerter, le Ministre vient de supprimer l’organisme indépendant qui avait été mis en place pour donner et traiter l’information sur la délinquance, l’ONDRP (Observatoire National de la Délinquance et de la Réponse Pénale). Il est remplacé par une cellule de l’INSEE, autant dire qu’ils ne feront que traiter les chiffres bruts, sous le contrôle de l’Intérieur, puisque ces fonctionnaires y seront rattachés !

L’ONDRP avait un défaut majeur, il mettait en perspective les statistiques des forces de l’ordre et, notamment indiquait (bien que cela n’ait pratiquement jamais été repris par la presse) les éléments qu’il fallait prendre en compte pour interpréter les résultats des services.

Le crime avait été de révéler que les statistiques officielles des cambriolages ne représentaient que ± 54 % des cambriolages réels (http://www.voisisecur.fr/wp-content/uploads/2014/02/Stat.-2013.pdf) et seulement ± 30 % pour les atteintes aux biens. Ceci découlait des enquêtes de victimation qui s’attachaient au comportement de nos concitoyens.

Mais, il y a encore mieux, c’est dans un rapport du Sénat (n° 156 http://www.voisisecur.fr/wp-content/uploads/2014/02/Rpt.Sénat-Securite.pdf) que l’on apprend que les statistiques brutes des services (sans tenir compte du comportement des citoyens) ne sont sans erreurs que pour 38 % des P. V. de la gendarmerie et 28 % pour les P. V. de la police ! La principale erreur étant le déclassement (mais pas que), c’est à dire que l’on classe un cambriolage en “dégradation de bien“ ou “simple vol“, ou “vol par escalade“, de telle sorte que le cambriolage disparaît des statistiques et se retrouve dans la classe des atteintes aux biens (bien plus générale et passe de crime en délit).

Déjà, on apprend dans le fameux rapport que l’on est en cours de changement des logiciels des forces de l’ordre et, on nous promet une meilleure fiabilité des statistiques à l’horizon 2016 (si tout se passe comme prévu).

Ainsi, pour les cambriolages, lorsque l’on nous annonce une croissance de + 4 % (en 2013), il faut donc faire le calcul : 4 % / 0,54 = 7,4 %.

Vous tenez compte du fait que seulement 38 % des P. V. sont conformes et cela donne :

7,4 / 0,38 = ± 20 % et, il est impossible de tenir compte du changement de logiciel qui démontre que la courbe s’est soudainement mise à baisser lors de sa mise en service (pour la gendarmerie).

Ainsi, l’on passe d’une statistique brute de + 4 % à ± 20 %, ce qui correspond mieux à l’intervention de M. Valls à la télévision où il disait « Les cambriolages ont explosé ! ».

Mais le coefficient entre les chiffres donnés en pâture aux journalistes et donc à la population mérite donc d’être affecté d’un facteur de + 5.

C’est ça la réalité en matière de cambriolage, ne parlons pas de la délinquance générale où, ouvertement on refuse de prendre les plaintes !

L’intérêt de casser le thermomètre est évident, c’est fait, et vous allez voir que les statistiques de la délinquance vont baisser en 2014 !