Otages israéliens abattus : bavure ou acte délibéré ?

par Fergus
lundi 18 décembre 2023

L’affaire a fait grand bruit ces derniers jours, et suscité une forte émotion, tant dans les communautés juives d’Israël et de la diaspora que chez les Palestiniens et ceux qui, sur la planète, soutiennent leur cause. À juste titre, tant la mort de ces trois otages israéliens abattus par des soldats de Tsahal pose des questions dérangeantes et laisse entrevoir des réponses effroyables…

Vendredi 15 décembre au cœur de Gaza City, dans le quartier de Shuja’iyya. Trois hommes jeunes, sortis d’un bâtiment, se dirigent vers des soldats israéliens dans une attitude de soumission dictée par la prudence. Ils se nomment Yotam Haïm (28 ans), Alon Lulu Shamriz (26 ans) et Samer la-Talalqa (25 ans). Tous les trois ont été enlevés le 7 octobre lors de l’attaque terroriste pilotée par le Hamas, et ont probablement réussi à échapper à la vigilance de leurs gardiens.

Aucun des trois hommes n’est armé. Et pour éviter tout risque de confusion, ils avancent torse nu vers les militaires de Tsahal. L’un d’entre eux est porteur d’un drapeau blanc de fortune fait d’un bâton auquel a été accroché une pièce de tissu. C’est alors que des soldats israéliens postés dans un immeuble ouvrent délibérément le feu sur eux. Deux des otages sont tués. Le troisième, blessé, tente de s’enfuir. Après une courte poursuite, il est abattu à son tour.

Officiellement, les trois hommes auraient été « identifiés par erreur » comme étant des « terroristes » palestiniens, les soldats qui les ont abattus ayant justifié l’ouverture du feu sur ces hommes désarmés par la « menace » qu’ils auraient ressentie. Une initiative condamnée par Olivier Rafowicz, porte-parole de Tsahal : de tels tirs vont « à l’encontre de nos règles d’engagement », a-t-il affirmé aux journalistes.

On aimerait que cela soit vrai, auquel cas ce drame relèverait d’une terrible bavure commise par des militaires ayant outrepassé les ordres de leur hiérarchie. Hélas ! des voix d’observateurs, à commencer par celle du géo-politologue Frédéric Encel, affirment que les soldats israéliens ont reçu des consignes de « tir libre ». Ce qui revient à donner à chacun d’entre eux le droit d’user à sa guise de son armement dès lors qu’il estime que la situation l’exige.

Une autorisation glaçante car elle donne de facto aux soldats israéliens engagés sur le territoire gazaoui le droit de tuer tout Palestinien qui adopte une attitude jugée suspecte ou qui fait un geste ambigu sur la base d’éléments d’appréciation personnelle parfaitement subjectifs. Or, il n’y a manifestement eu de la part des otages tués vendredi à Gaza City ni attitude suspecte ni geste ambigu qui puisse justifier qu’ils aient été abattus de cette manière, sans le moindre contrôle de leur identité.

Bien au contraire, ces trois hommes ont pris toutes les précautions nécessaires pour rassurer les militaires israéliens en se présentant face à eux sans arme et à moitié nus sous la protection d’un drapeau blanc conforme aux conventions internationales. C’est donc d’un assassinat pur et simple qu’ils ont été victimes, un crime de guerre atroce commis par des soldats sans honneur ni scrupules qui ont manifestement cru abattre en toute impunité des Palestiniens pourtant d’apparence inoffensive.

Un crime dont on ne peut s’empêcher de penser, hélas ! qu’il n’a pas été le seul du genre durant les semaines de guerre qui se sont écoulées depuis l’entrée des troupes de Tsahal dans le territoire de Gaza le 26 octobre. Car si la mort de ces trois hommes a été médiatisée du fait de leur statut d’otages, combien d’autres exécutions sommaires gratuites ont été commises depuis l’entrée des troupes israéliennes dans la bande de Gaza ?

« Aucune », diront les militaires israéliens. Qui peut croire cela sachant que, dans toutes les armées du monde, il existe des individus racistes, prêts à vider leurs chargeurs sur ceux qu’ils considèrent comme des êtres inférieurs ? Qui peut croire que des soldats de Tsahal, mus par une haine irrépressible à l’égard des Palestiniens* n’ont pas profité des occasions qui leur ont été offertes pour assouvir cette haine à l’encontre de ceux que leur propre ministre de la Défense, Yoav Gallant, a qualifiés d’« animaux » ?

Le terrible drame qui a coûté la vie de ces trois otages est malheureusement là pour jeter un doute aussi implacable que terrifiant sur les pratiques d’une partie des troupes de l’armée israélienne.

Tout comme existe une haine irrépressible à l’égard des Juifs d’Israël dans les rangs des militants du Hamas ou du Jihad islamique.


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