Otan : le général Delawarde décortique la déclaration finale de Londres (Partie I)

par Patrice Bravo
vendredi 20 décembre 2019

Pour les lecteurs d'Observateur Continental, le Général (2S) Dominique Delawarde, ancien chef « Situation-Renseignement-Guerre électronique 19 » à l’état-major interarmées de planification opérationnelle, expert de la guerre cybernétique, décortique sans concession les neuf articles de la déclaration finale de Londres parue sur le site de l'Otan.

 à lire pour bien saisir l'analyse : https://www.nato.int/cps/fr/natohq/official_texts_171584.htm?selectedLocale=fr 

 Est-ce que les membres de l'Alliance, comme c'est indiqué dans l'article 1, peuvent « affirmer adhérer aux buts et principes de la Charte des Nations Unies » ?

- La simple observation de l'histoire post-guerre froide montre que deux éléments importants de cet article 1 de la déclaration finale sont fallacieux, voire mensonger. Depuis 1991, l'Otan n'oeuvre plus pour prévenir les conflits et préserver la paix, bien au contraire. Elle les a suscités par des ingérences incessantes et meurtrières dans les affaires d'Etats souverains. Ses pays membres ont largué en un quart de siècle (1995-2019) plus d'un million de bombes sur la planète et provoqué, directement ou indirectement, la mort de plusieurs millions d'êtres humains. Tout cela dans le seul but d'affirmer leur hégémonie sur la « communauté internationale ». Les membres de l'Alliance ne peuvent « affirmer adhérer aux buts et principes de la Charte des Nations Unies » alors qu'ils violent ou ignorent les règles internationales fixées par l'ONU. L'occupation illégale d'une partie du territoire syrien en est une preuve.

 Pouvons-nous dire que l'effort financier exposé dans l'article 2 de l'Otan est trompeur ?

- Cette déclaration sur l'effort financier pour la défense des pays membres de l'Otan est évidemment trompeuse. Elle oublie de rappeler la division par deux des dépenses de défense depuis 1991 (les dividendes de la paix) et ne précise aucune date limite pour atteindre l'objectif de 2%. Elle n'est enfin pas tenable et ne sera pas tenue, à court ou moyen terme, compte tenu des difficultés économiques et sociales observées dans tous les grands pays membres de l'Otan. On est donc là dans la communication.

Par ailleurs, l'Otan ne pourra pas jouer contre l'OCS (Organisation de Coopération de Shanghai) car : La parité de dépense de défense est déjà quasiment atteinte en dollars PPA (parité de pouvoir d'achat) entre l'Otan et l'OCS ; les pays membres de l'Otan ont des budgets de défense cumulés de 1000 milliards de dollars (PPA) et les budgets PPA des pays membres de l'OCS atteindront la parité avec l'Otan en 2020. Le taux de croissance annuel des dépenses de défense des pays de l'OCS est aujourd'hui de deux à trois fois supérieur à celui des pays de l'Otan. L'OCS a une capacité d'élargissement à de grands pays (Iran et, pourquoi pas, Turquie) supérieure à celle de l'Otan (Macédoine du Nord, Géorgie, Bosnie). S'agissant de la Turquie, le non initié doit savoir que la double appartenance OCS-Otan n'est pas interdite puisque les USA, eux même, ont posé leur candidature à l'OCS en 2005, pour un statut d'observateur (candidature rejetée à l'unanimité des états membres de l'OCS, allez savoir pourquoi).

 Faut-il voir la Russie, comme cela est présenté dans l'article 3, comme un danger ?

- Cet inventaire des menaces omnidirectionnelles et l'éternelle mise en accusation d'une Russie, qualifiée d'agressive et menaçante, constituent les prétextes habituels pour justifier l'existence de l'Otan. S'agissant des déclarations russophobes, l'Otan est clairement dans l'inversion accusatoire. C'est l'Otan et non la Russie qui ont largué plus d'un million de bombes et provoqué la mort de plusieurs millions d'individus depuis 1995 et qui violent les règles de l'ONU en occupant militairement une partie du territoire syrien. C'est valable pour le coup d'Etat organisé en Ukraine et dans le démembrement de l'ex-Yougoslavie ou dans l'avancée toujours plus vers les frontières de la Russie, en contradiction totale avec les promesses faites à Gorbatchev.

S'agissant du terrorisme et de l'instabilité observée au-delà de nos frontières, l'Alliance oublie de rappeler qu'ils sont les fruits de ses ingérences tous azimuts et sous tous prétextes dans les affaires d'Etats souverains. Ils sont les fruits des bavures dans ses bombardements, des humiliations d'Abu Graib et de Guantanamo, du remplacement des chefs d'état laïcs et forts par les situations chaotiques que nous avons aujourd'hui, des guerres conduites sous prétextes mensongers (Serbie, Irak, Libye, Syrie). Les migrations sont l'effet « boomerang ».

 Force et de reconnaître que des acteurs étatiques ou non qui mettent à mal l'ordre international sont principalement occidentaux et otaniens. La frappe conjointe USA, FR, UK sur la Syrie du 14 Avril 2018, sous un prétexte mensonger, le prouve. Les ONG anglo-saxonnes non étatiques, dites indépendantes mais instrumentalisées par des organismes d'état et/ou par leurs sponsors US (Soros), sèment le chaos partout pour favoriser les stratégies atlantistes. Elles instrumentalisent nombre d'idiots utiles qui sont peut être, eux, de bonne foi. Pour finir, la principale et seule cybermenace connue, révélée par Snowden, Assange et Manning, est bien US, et pas encore russe ou chinoise. Les USA ont placé tous les dirigeants politiques et économiques occidentaux sur écoute (NSA) et disposent d'atouts considérables pour faire chanter nos chefs d'état et s'emparer de nos entreprises.

 à suivre

 

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=1287


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