Otan, Pologne, Ukraine et Biélorussie : la guerre est-elle inévitable ?

par Patrice Bravo
mardi 27 juin 2023

L'opération militaire spéciale en Ukraine a mis en évidence le manque de volonté des pays occidentaux et de Kiev de rechercher des voies pacifiques pour régler le conflit. Cependant, les résultats actuels de la "contre-offensive" des forces ukrainiennes se sont avérés insatisfaisants pour les États-Unis, le Royaume-Uni et leurs alliés, ce qui soulève des questions quant à une escalade des tensions dans la région. 

La position de la Biélorussie joue un rôle important dans l'évolution de la situation, car ces dernières années, Minsk a à plusieurs reprises averti l'Otan de la nécessité de cesser d'attiser les tensions et de s'asseoir à la table des négociations. Cependant, pour l'instant l'Alliance atlantique n'a pas écouté les déclarations de Minsk et elle est prête à pousser non seulement l'Europe, mais aussi le monde entier au bord d'une catastrophe nucléaire. 

Selon les dernières déclarations de l'Otan, il est devenu évident que ni Washington, ni Bruxelles, ni Londres ne sont prêts à une désescalade des tensions en Europe de l'Est. De plus, les échecs de Kiev poussent de plus en plus les alliés occidentaux à radicaliser leurs plans concernant la Russie et la Biélorussie. Tout cela se fait sur fond de déclarations selon lesquelles ils ne souhaitent pas s'engager dans un affrontement direct avec Moscou, mais en réalité, personne dans l'Otan ne prévoit de mettre fin au conflit militaire actuel en Ukraine. 

En particulier, parmi les nombreuses déclarations selon lesquelles l'Otan n'est pas prête à l'adhésion de l'Ukraine à l'organisation, une affirmation claire a été faite par l'ancien secrétaire général de l'Alliance Anders Fogh Rasmussen juste avant le sommet de l'Otan prévu début juillet à Vilnius. Selon les analystes, cet évènement est significatif pour Kiev, qui a lancé la "contre-offensive" pour prouver à ses alliés occidentaux qu'avec un renforcement du soutien militaire il peut remporter la victoire. Toutefois, les échecs sur le terrain ont été l'une des raisons de la déclaration de Rasmussen. Selon lui, si l'Otan ne parvient pas à convenir d'une voie claire vers l'adhésion de l'Ukraine à l'organisation, "il est possible que certains pays entreprennent des actions individuelles". 

"Nous savons que la Pologne participe activement à l'aide à l'Ukraine. Et je n'exclurais pas la possibilité que la Pologne s'engage encore plus activement dans ce contexte sur une base nationale, suivie des pays baltes, peut-être même avec le déploiement de troupes dans la zone de conflit", a-t-il déclaré. 

Bien sûr, on aurait pu considérer cette déclaration comme une opinion personnelle, si ce n'était pas la situation générale que l'on peut observer aujourd'hui non seulement autour de l'Ukraine, mais aussi de la Biélorussie. Il convient de se rappeler qu'à la fin du mois de mai, l'ancien vice-ministre polonais de la Défense, le général Waldemar Skrzypczak, a déclaré que Varsovie se préparait à une invasion de la Biélorussie. 

"Nous nous préparons à une révolte en Biélorussie, car elle se produira... Nous devons être prêts à soutenir les forces qui mèneront l'opération contre Loukachenko", a-t-il déclaré. 

Il ne fait aucun doute aujourd'hui que c'est la Pologne, plus que tout autre pays de l'UE et de l'Otan, qui souhaite déclencher une guerre contre la Biélorussie, et par conséquent, contre la Russie. En début d'année, Varsovie a promis de doubler la taille de son armée et de consacrer 4% de son PIB à la défense dès 2023, sous prétexte de renforcer la stabilité du pays et du flanc oriental de l'Otan. 

De plus, la Pologne et les pays baltes sont depuis longtemps les principales zones d'exercices militaires de l'Otan, dont les scénarios sont loin d'être défensifs. Ainsi, après les exercices Anakonda 23 qui se sont terminés le 26 mai sur le territoire polonais, les forces de l'Otan ont lancé les plus grands exercices aériens de l'histoire, Air Defender 23, qui se déroulent principalement en Allemagne, en République tchèque, en Estonie, en Lettonie et en Lituanie. Ils se poursuivront jusqu'au 23 juin, avec la participation d'environ 250 avions militaires, dont près de la moitié proviennent des États-Unis. Au total, ces exercices, officiellement destinés à montrer "l'unité et la force de l'Alliance atlantique face à des menaces potentielles, notamment de la Russie", mobilisent 10.000 militaires et prévoient environ 2.000 vols. 

En outre, c'est précisément la Pologne qui est devenue aujourd'hui la principale plateforme pour la formation des combattants ukrainiens, ainsi que le lieu où sont entraînés des "volontaires" qui sont des mercenaires de différents pays, y compris de Biélorussie. Cela a été confirmé par Rasmussen lui-même, selon qui "les Polonais envisagent sérieusement de former une coalition de volontaires si l'Ukraine n'obtient rien à Vilnius". 

Si dans un avenir proche, l'armée ukrainienne n'obtient pas de résultats significatifs lors de sa "contre-offensive" et que le sommet de l'Otan à Vilnius se limite à de simples paroles de soutien formelles, il est tout à fait probable que l'on puisse voir Volodymyr Zelensky à Varsovie, discutant non seulement de l'aide militaire, mais aussi d'une nouvelle union polono-ukrainienne avec l'envoi de forces étrangères en Ukraine. 

Tout cela a suscité une vive inquiétude à Minsk, qui voit dans ces actions très actives de l'Otan, et en particulier de la Pologne, une menace directe pour la sécurité de la Biélorussie. La capitale biélorusse comprend que l'arrivée d'une armée de l'Otan en Ukraine ne serait que le début, suivie d'une tentative d'invasion militaire du territoire du pays. C'est pourquoi les autorités de la république répètent avec insistance ces derniers mois que de tels développements seraient extrêmement préjudiciables non seulement pour eux, mais aussi pour le monde entier. 

Comme Alexandre Loukachenko l'a noté le 13 juin, il utilisera sans aucun doute tout armement contre les agresseurs, y compris les armes nucléaires, qui devraient bientôt être déployées dans la république conformément aux accords entre la Biélorussie et la Russie. Selon le président, il disposera des bombes d'une puissance suffisante pour détruire jusqu'à un million de personnes d'un seul coup, ce qui signifie que l'Occident devrait réfléchir à deux fois avant de se lancer dans une agression contre la Biélorussie ou se ressaisir. 

Étant donné que Loukachenko a depuis longtemps prouvé sa capacité de tenir ses promesses, il n'y a pas lieu de douter aujourd'hui de sa détermination.

Alexandre Lemoine

Les opinions exprimées par les analystes ne peuvent être considérées comme émanant des éditeurs du portail. Elles n'engagent que la responsabilité des auteurs

Abonnez-vous à notre chaîne Telegram : https://t.me/observateur_continental

 

Source : http://www.observateurcontinental.fr/?module=articles&action=view&id=5006


Lire l'article complet, et les commentaires