Revenons donc si vous le voulez bien deux années en arrière. Voici ce que j'écrivais : "pour trouver la réponse, il faut rentrer dans une histoire vieille de ..... près d’un siècle, à quelques années près. L’époque de la grande guerre. Celle de 1914-1918, et celle de la boucherie au canon, qui n’aura eu que peu de clones, à part la guerre de position qui opposera l’Iran à l’Irak et qui en présentera les mêmes effets, avec les attaques au gaz et la guerre des tranchées. Ces fameuses "ballastières" si dangereuses, contiennent en effet des caisses d’armement de 14-18 bien particulières : elles sont à base d’obus à poudre de nitrocellulose... plus communément connu sous le nom de "fulmicoton". Un produit extrêmement dangereux : "Selon le taux d’azote obtenu, on obtient un produit très dangereux et explosif à l’état sec. La nitrocellulose est stockée dans des conditions d’humidité importante (> 25%) pour être considérée sans danger." Apprend-on assez rapidement sur le Net. "Infllammable et explosif à l’état sec".. et donc plongé au fond de l’eau... pour ne pas exploser ! Le "coton-poudre", autre nom de la nitrocellulose, enflammé, explose en effet en dégageant une chaleur intense sans laisser de traces ou presque. C’est pourquoi d’ailleurs c’est le type d’explosion préférée des illusionnistes : sur scène, il ne reste rien non plus ! L’autre débouché à une époque de la nitrocellulose était les films, ce qui explique qu’un bon nombre aussi tournés au début du siècle sont partis en fumée." Près de l'endroit de l'explosion d'AZF, un autre danger continuait à rôder.
J'y expliquais en effet que juste à côté du site d'AZF, reposaient... des alumettes, en quelque sorte, un gigantesque dépôt "d'allumettes" de fulmicoton, matière on l'a vu, hautement inflammable. L'usine où s'est produite l'explosion récente est celle de l'usine toulousaine Saica Pack, qui est spécialisée dans la fabrication de cartons divers, dont de l'ondulé et elle situé à proximité du site détruit, près de la route de l'Espagne. L'usine de pointe du groupe espagnol, qui a subi des dégâts lors de cette explosion (mais qui n'ont pas été montrés à ce jour), est située dans le périmètre de ce qui était ici avant... une poudrerie nationale, qui existait depuis le XVIII ème siècle. Le site où était également situé l'usine d'AZF. Aujourd'hui, c'est le centre de Sanofi dédié au cancer qui a été construit dessus (avec le transfert des services de l'Institut Claudius-Rigaud) peut-être bien un peu vite, d'ailleurs, comme on va le voir plus loin. Historiquement, en effet, on a produit sur place des armes de guerre. "Pendant la “Grande Guerre” de 14-18, Toulouse ravitaillait l'Armée française et ses “casques bleus”, les malheureux Poilus consignés dans les tranchées. Tout ce qui était obus et mortier était propulsé par des charges de poudre qu'on mettait dans des gargousses, des petits sacs emplis de poudre que l'on plaçait au cul des canons. La “Grande Guerre” 14-18 a contribué à l'expansion d'une industrie florissante. Dès 1915, se sont développées la Cartoucherie et la Poudrerie reliées par voie ferrée à l'arsenal. Installée à l'origine, près du quai de Tounis, la Poudrerie est transférée dans l'île du Château (à côté de la cité universitaire Faucher), avant de s'étendre, toujours au sud, entre les bras de la Garonne. Trente mille ouvriers y travaillent, confectionnant poudre et explosifs pour faire parler les canons de 75 et, surtout, les Rimailhos, les fameux “155” dont on ne cessait de vanter la redoutable efficacité" nous racontait en 2008 Gérard Arnaudé. Des photos et des cartes postales du début du siècle attestent de cette production indéniable de poudre sur place.
C'est la société Amouroux qui participe à l'effort de guerre, aidé par l'Etat . Elle passe des machines agricoles la fabrication d'obus : " Les usines du Pré-Catelan, fondées, en 1890 par Pascal Amouroux en vue de la fabrication d'outillage agricole, s'empressent de répondre à leur tour aux sollicitations du gouvernement. Après quelques aménagements, elles assurent rapidement la fourniture de gaines relais pour obus, d'obus de 90 en fonte ordinaire, d'obus de 95 en fonte aciérée, de caissons à munitions, de voiturettes porte-mitrailleuses et porte-munitions, de chariots fourragères et de chariots de parc. Leur activité incessante va contribuer de façon appréciable au ravitaillement en matériel et en munitions de nos armées en guerre". A la fin du XIXeme siècle également, le fulmicoton tient la cote chez les anarchistes (poseurs ou lanceurs de bombes à l'époque) : les journaux du mouvement en décrivent même la fabrication artisanale sous le nom "d'arme anti-bourgeois !"
Au sortir de la guerre, les stocks sont donc énormes. On va s'en débarrasser... vite fait, trop vite fait, en les enterrant ou en les plongeant dans les étangs voisins, faits au départ de façon anarchiques, ces dépôts vont être plus ou moins réglementés quatre après la fin du conflit : "en 1922, des mesures ont été prises par la Ville de Toulouse et l'Etat pour donner un caractère un peu plus écologique à ces dépôts sauvages et les ballastières furent aménagées, creusées, alimentées régulièrement. L'enfouissement n'était plus que celui de la nitrocellulose extraite de l'armement sous forme de bandelette rectangulaire enfouies de manières régulières à partir de la ballastières Sud (ballastières N°3) jusqu'à la ballastière N°1 au Nord. Une ballastière N°4 fut également exploitée plus au Sud sur le domaine des Sables d'Auzun". Bref, sous le site d'AZF, on trouve toute sortes de débris liés à la fabrication des obus : "non seulement ce secteur recèle en sous-sol un immense dépotoir d'obus, de poudres et diverses objets métalliques qui sont loin d'avoir été récupérés mais l'enfouissement lui-même de la nitrocellulose
qui a duré des dizaines d'années concerne une hauteur de fond sous les ballastières qu'il est très difficile d'évaluer sans une investigation des plus poussées. Au total, plus de 46 000 Tonnes de nitrocellulose furent enfouis. La ballastière Sud en possède le plus. Cette estimation a été faite par le Servie de Déminage de Montpellier en 2000". La Poudrerie, devenue "Poudrerie de Braqueville" finira par fermer en 1978. S'installe alors AZF, l'ex "Office National de l'Industrie de l'Azote" dans les années 30 et 40. La firme y produit de l'ammoniaque, des engrais et... de la Mélamine (une résine dure et résistante plus connue sous le nom de Formica).
Bref, pendant plusieurs années, on va ignorer le danger. Jusqu'aux années 90 où on en prend à nouveau conscience, notamment à la suite de quelques incicents : celui de voitures incendiées dans un quartier voisin (celui du Mirail) avec un peu trop de facilité (le "sport" n'est dons pas récent !) : « Les gamins du Mirail incendiaient les voitures avec ces copeaux qu'ils appelaient ''le bois qui pète'' », rapporte Alain Ciekanski, le président des « Amis de la Terre », association toulousaine qui a, la première, dénoncé le danger potentiel de ces ballastières ouvertes aux visiteurs plus ou moins bien intentionnés". Les enfants du coin repêchant trop facilement du... fulmicoton ! "A la fin des années 1990, le problème des ballastières refit surface à la suite d'événements particuliers qui montraient tout simplement que des Toulousains pouvaient facilement réaliser des bombes et autres engins dangereux en récupérant la nitrocellulose dans ces ballastières.
Les terrains étaient très mal contrôlés... AZF, qui n'était pas censé détenir le contenu de ces ballastières n'avait pas à sa charge ce contrôle strict et se bornait à la présence d'une simple clôture autour de ce secteur devenu le paradis sauvage des lapins, des biches et des sangliers et également celui des pêcheurs et autres promeneurs désireux de goûter à la nature et au silence à côté du centre-ville". Tout le monde pouvait y accéder au fameux "bois qui pète" !!.
On le savait donc, à l'endroit où AZF s'est installé, il y avait dans le sol et dans les étangs alentour un danger potentiel. Or ce danger, on s'en est aperçu dans la nuit du 13 décembre dernier chez Saica Pack, à 21h 46 exactement, avec un incident plein d'enseignements. Le Figaro en fait un compte-rendu saisissant : "L'accident est survenu sous un stockage de vingt tonnes de bobines de papier qui a absorbé le soulèvement de la dalle en béton », explique le directeur du site, Jacques Delhommeau. Le résultat : l'explosion a éventré une dalle en béton sur quelques mètres carrés. Depuis la mi-décembre, le centre de déminage de la sécurité civile, piloté par le directeur de cabinet du préfet de la Haute-Garonne, Maurice Barate, enquête à partir de quelques bâtonnets retrouvés sur place lors du retrait des gravats de la dalle. « Il s'agit de petits cylindres de 6 mm de diamètre et de 10 mm de hauteur, précise-t-il. Ce sont de petits cylindres de nitrocellulose qui proviendraient des anciennes activités de la poudrerie de Braqueville qui a occupé les terrains durant de très longues années.On pense que l'explosion pourrait être due à leur dégradation. »
Les résidus de fulmicoton avec lesquels des générations entières de jeunes toulousains ont joué sont certainement à l'origine d'une explosion dont les conséquences ont été limitées en raison de la nature de l'endroit où elle s'était produite. Sur le site d'AZF, ces mêmes cylindres minuscules sinon indétectables, répandus sur tout le site, avaient été surmontés de 300 à 400 tonnes de nitrate d’ammonium. On connaît la suite.
Le 25 septembre 1911, c'était un cuirassé ("dreadnought"), le Liberté, lancé en 1905 et fleuron de la Marine française, qui avait sauté en rade de Toulon, suite à l'incendie à bord de son compartiment à poudre. "Comment ne pas croire à un séisme avec la déflagration simultanée de 735 obus de 19, chargés à la mélinite, et de 4 600 obus de 65 et 45mm. Dans les habitations les plus proches, des plafonds et des cloisons fissurés, des meubles renversés, des carreaux brisés. De toutes parts, ce fut l'affolement, l'angoisse, les appels désespérés" décrira-t-on. AZF, avant l'heure, mais à Toulon. Bien d'autres catastrophes de ce type auront cours, souvent dans des ports, avec des navires chargés de munitions ou d'engrais, comme celle de l'explosion du Liberty Ship Grandcamp, à Texas City le 16 avril 1947 (photo à droite) après qu'un incendie se soit déclaré dans son chargement de nitrate d'ammonium de chez Monsanto en cours de chargement. L'explosion sera entendue à 250 km à la ronde. A Halifax, au Canada le 6 décembre 1917, se sont deux navires qui se tamponneront, le français Mont-Blanc, et un navire norvégien, le Imo, qui seront à l'origine du désastre. A bord du Mont-Blanc, il y a 2 400 tonnes d'explosifs : du TNT, du fulmicoton et de l'acide picrique. L'explosion sera l'équivalent de 2,9 kilotonnes de TNT et Halifax fut rasée, une tempête de neige le lendemain achevant des blessés. On retrouvera l'ancre du Mont-Blanc à 5 km de là. Le 14 avril 1944, à Bombay, un autre Liberty Ship, le SS Fort Stikine, bourré de munitions, prend feu et explose. On retrouve un débris de son hélice encore brûlante au milieu d'une école située à 3 km de là. Lors de la catastrophe d'AZF, on enregistrera un séisme de magnitude 3,4 sur l'échelle de Richter qui sera ressenti jusqu'à 75 km de là (**).
En 2006, Philippe Douste-Blazy l'affirme et le promet, tout le site sera "dépollué" : ce sera fait par Pyrotechnis, sélectionnée par le Génie de Montauban, la société sélectionnée au final comme maître d'œuvre, la réunion de la
SNPE et... de Véolia Propreté (*). Sont concernés notamment les 54 hectares, propriété du ministère de la Défense. Le député local et deuxième adjoint au maire de Toulouse, Jean Diébold (UMP, battu aux législatives, sportif accompli, décédé à 68 ans l
e 30 août 2007 à la suite d'une chute de bicyclette consécutive à un
malaise cardiaque), assure alors qu
e "les spécialistes rechercheront tous les objets explosifs pouvant subsister dans le sous-sol de la poudrerie désaffectée depuis 1973. Ils pourront creuser jusqu'à 7 m de profondeur pour ce faire. Une évaluation des pollutions industrielles éventuelles sera effectuée". Le même député, ami politique de Dominique Baudis, afftirmant "
qu'en ce qui concerne les ballastières, une décision aurait été prise de dépolluer sur place car la nitrocellulose est trop mélangée (terre, vase) pour qu'on puisse la transporter à Angoulême où les spécialistes peuvent la traiter et la faire brûler. Le procédé nécessaire au traitement est en cours d'élaboration. Il devrait être connu à la mi-2007. Le traitement devra être totalement sans conséquence environnementale à l'extérieur du périmètre concerné car la proximité de l'hôpital, qui sera alors en cours de construction ou même construit, est très sensible bien sûr » . En fait, Diebold avait perçu la "chance" d'avoir un tel espace de... libéré, denrée fort rare en ville, et fera tout pour accélérer la mise en place du pôle hospitalier.
"Le cancéropôle représente une véritable chance », souligne ainsi Jean Diebold, député et maire du quartier (UMP). « Outre l'impact économique, le projet doit contribuer à une reconversion urbanistique grâce à la disparition du périmètre Seveso." indique-t-il alors. Le travaux d'aménagement ont-ils à partir de là été "accélérés" ?
Oui, pour la
construction du Pôle Sanofi, mais pas pout le reste. Car six ans après, rien n'a encore commencé, puisqu'on retrouve un document émanant de l'Etat et de la Préfecture de Midi-Pyrénées qui annonce que cela devrait commencer... fin 2012 seulement :
"Les études menées depuis ont évalué la quantité de poudres sur le site à 5 000 tonnes, et ont montré la sûreté du stockage actuel (le maintien sous eau des poudres au fond des ballastières et la dispersion en surface dans les sols assurent leur innocuité). Les études ont également révélé la possibilité, sous certaines conditions, de conduire des travaux de réhabilitation tout en préservant la faune et la flore. En juin 2010, la direction générale de l’armement, maître d’ouvrage, confie un marché d’études de 2,7 M€ à un groupement d’industriels pour la préparation des travaux de réhabilitation. L’étude de dépollution est quant à elle signée fin juin 2011 (de 1,9M€ à 3M€). Enfin les travaux sont estimés entre 40 et 80 M€." Le chiffre cité est toujours aux alentours de 5 000 tonnes, au lieu de dix fois plus, et on insiste sur l'absence totale de danger...tant que le fulmicoton reste au contact de l'humidité. Le promesses du député Diébold, homme sincère, ne semblent pas avoir été tenues. Avait-il mis le doigt dans un engrenage embêtant, pour lui-même et pour son groupe politique ? En tout cas, lui et son collègue socialiste Pierre Cohen avaient pris
fait et cause pour les ouvriers d'AZF, semble-t-il !
On ne risque pas de les voir se vider rapidement ces f
ameuses ballastières :
"le 22 Juin 2010 on apprenait que l'armée, et la DGA y avait dissimulé plus de 2500 obus sur l'emplacement de la ballastière numérotée "0". Lors d'une réunion où la presse se faisait reconduire, et dans laquelle on apprenait pourtant plein de choses passionnantes, telles que ceux à qui avaient été attribués les contrats de dépollution : "nous constatons que Veolia est le gros bénéficiaire de ce marché de 2,7 millions d'Euros et que le voisin SNPE, entreprise d'état qui a un site classé Sévéso 2, juste à côté, sera pratiquement juge et partie de l'affaire". Mais aussi, ce qui est plus inquiétant, est ce qu'on maintenu caché encore une fois :
"ces deux entreprises possèdent sous leurs sols, toutes les deux, un réseau souterrain important de galeries dont certaines sont encore tenues secrètes comme celui de la SNPE qui aboutit dans le secteur des ballastières avant de rejoindre les zones de Tolochimie et de Sanofi. Celui de VEOLIA est interconnecté avec le réseau militaire présent sous la colline de Pech David et plus spécialement entre l'ancien hôpital militaire Larrey et le CHU de Rangeuil. Les hauts responsables de la DGA et du CEAT de Toulouse
connaissent bien entendu ses installations militaires souterraines mais évitent d'en parler depuis des dizaines d'années. A elles seules elles justifieraient l'arrêt immédiat du projet du cancéropôle". Bref, on est en train de bâtir un Pôle Santé sur du gruyère, fourré au fulmicoton ! Et l'armée avait donc menti, sur la nature des terrains qu'elle cédait. L'une des galerie "secrète" existe bel et bien, et elle est plutôt impressionnante de largeur sur
1200 m de longueur... (le trait noir indique
ici son tracé).
Le danger persiste donc, et pas seulement avec le fulmicoton : le terrain est aussi toujours truffé d'obus ! "Pour cette même Ballastière 0, une demande lors de cette réunion a été faite par Agir pour les Oustalous pour exiger le contrôle de la présence de milliers d'obus déversés de 1918 à 1922 dans cette ballastière 0. et donc sous ce bois de peupliers. Ce fut toute une période effacée de la mémoire militaire qui a précédé l'officialisation en Juillet 1921 par le Ministère des Armées du traitement de la nitrocellulose contenu dans les obus. Des anciens ont participé pendant l'après première guerre mondiale à ces transferts d'obus non traités et l'ont raconté à leurs descendants. Ces milliers d'obus ont été enfouis secrètement sous un marécage (1930), puis des champs (1940) et enfin un bois de peupliers (1960) . La DGA n'a fait aucune réponse sur ce point.... la DREALE ne s'est même pas intéressée au problème et est restée muette lors de cette réunion à ce sujet. Si les média avaient pu être présents à cette réunion, il est fort probable que le sujet évoqué les aurait intéresser puisqu'il concerne un risque important oublié dans l'étude abordée et pourrait à lui tout seul faire évacuer pour des années le Cancéropôle. Il faut préciser également que des obus ont été retrouvés lors de la construction du cancéropôle, que des artificiers ont dû intervenir pour les retirer et que ce petit détail extrêmement grave semble être caché et par la DGA et par la DREALE." Aurait-on poussé la charrue avant les bœufs dans ce projet ? A construire au dessus de terrains que l'on savait infesté d'obus ?
Bien entendu, il ne faut pas exclure non plus une manœuvre de dernière minute de la part de Total pour tenter de requalifier la procédure. La méfiance est plutôt de règle, mais cette présence dans le sol d'éléments pouvant s'enflammer est admise, même semble-t-il dans le reportage de LCI par un ancien ouvrier d'AZF (ce n'est pas n'importe lequel : c'est Jacques Mignard, président de Mémoire et Solirarité- voir ici). C'est donc bien Gérard Arnaudé qui avait plutôt raison, dès le 1er octobre 2008 : il avait pointé dès le début le rôle de la nitricellulose qui infeste le coin. "Pour avoir passé des années au sein du SPPPI (Secrétariat Permanent pour la Prévention des Problèmes Industriels), cette affaire revêt pour moi un parfum de déjà vu. Tout se passe comme si l’on avait déjà oublié le 21 septembre 2001 et AZF. Pendant des années, nous, associatifs avons entendu : « pas de risques, pas besoin d’exercice d’alerte, la sécurité est maximum tout est prévu… ». Inlassablement nous protestions et demandions le transfert du site, plus de transparence mais nous étions face à un mur. Tout cela est consigné dans des comptes-rendus, des PV de séances mais après le drame, des années de procédure, personne n’est responsable de rien. Nous sommes dans le pays de l'irresponsabilité de l’Etat. En revanche, si le simple quidam dévie du droit chemin alors, on le traîne en justice. Si demain, la nitrocellulose provoque une catastrophe, qui sera responsable ? Comme d’habitude, personne. Au fait le maire de Toulouse, n’est-il pas sensé s’intéresser à la sécurité de ses administrés ?" La catastrophe d'AZF est bien la résultante d'une incompétence, mais elle est double. Celle de l'Etat y est désormais flagrante. Le Pôle de Cancérologie a été bâti sur des terrains (142 hectares au total !) qui n'ont visiblement pas été scrappés comme promis au départ, et le danger potentiel subsiste. Après une catastrophe terrible, on n'a rien trouvé de mieux que de fermer à nouveau les yeux sur un problème qui devient au fil du temps... insoluble.
Découvrir les raisons de la catastrophe d'AZF, ce n'est donc pas seulement montrer Total du doigt, qui a bien sûr sa part de responsabilité : c'est accuser aussi l'Etat de négligence grave depuis près d'un siècle sur tout le site. L'Etat, et l'Armée, qui joue la grande muette depuis le début, par peur de se voir intimer l'ordre de résoudre le problème du fulmicoton résiduel, qu'elle a toujours négligé. Pas sûr qu'ils veuillent le reconnaître, vu le coût de décontamination totale que cela engendrerait !
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à voir :
http://www.youtube.com/watch?v=QVN8aHK2D-U
(se passer du commentaire conspirationniste).
http://www.youtube.com/watch?v=5ZM0X0dke5k
http://www.dailymotion.com/video/xl4g95_azf-chronique-d-une-blessure-toulousaine-diffusee-le-21-septembre-a-23h55_news
le reportage sur l'usine de cartons
http://www.wat.tv/video/rebondissement-dans-affaire-azf-4w9gp_2exyh_.html
L'exploitation honteuse de la candeur des téléspectateurs par Davis Pujadas :
http://www.ina.fr/economie-et-societe/vie-sociale/video/3179768001013/plateau-breve-image-inedite-de-l-usine-azf.fr.html
son "exclusivité" ce sont les images de Google Earth mises à la date de 2002 ! Celle que je montre également dans ce texte ! C'est de la captation d'audience par bouts de ficelles !
Sur les ballastières :
http://www.dailymotion.com/video/xf7vb4_rehabilitation-des-ballastieres-de_news
http://www.dailymotion.com/video/xf7ss7_la-depollution-des-ballastieres_news
entendre Marie-France de Roodenbekke, sous-directrice des sites et de l'environnement de la DGA débiter le discours sur "l'étude des risques" est un vrai régal de langue de bois... "ne fait courir aucun risque". "Ça coûte très cher"... le mot est lâché... résultat, on laissera en l'état !!!!
rien ne sera fait avant... 2015 :
http://www.ladepeche.fr/article/2010/06/23/860594-les-ballastieres-seront-peut-etre-depolluees-en-2015.html
"combien le ministère de la Défense devra-t-il débourser de millions d'euros pour réhabiliter Braqueville. Si la facture se révélait trop élevée, l'armée se replierait derrière l'étude détaillée des risques qui concluait en 2008 à l'innocuité de la nitrocellulose lorsqu'elle reste immergée, pour laisser le site en l'état."
Le dossier de l'Etat (plutôt succint !) sur la décontamination du site :
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http://www.midi-pyrenees.developpement-durable.gouv.fr/IMG/pdf/SPPPI_Toulouse_05-12-05_cle0fcb4a.pdf
le texte du jugement (en appel) de 2009 :
http://blogazf.ladepeche.com/index.php?2009/11/20/2657-le-texte-du-jugement
le CD-Rom des documents :
http://blogazf.ladepeche.com/index.php?2010/01/19/2808-le-cdrom-du-blog-est-edite
(*) Une affaire qui marche : "En France, Veolia Propreté gère les déchets dangereux via sa filiale spécialisée SARP Industries. Veolia Propreté a réalisé en 2005 un chiffre d'affaires de 6.6 milliards d'euros". "Veolia Propreté compte environ 77 900 salariés répartis dans 35 pays. Elle réalise 9,02 milliards d'euros de chiffre d'affaires, dont 3,4 en France (données 2009)".
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(**) sur les accidents liés au seul nitrate d'ammonium, lire ici :
http://azf-enqueteassassinee.typepad.com/azf_lenqute_assassine/2009/02/azf-accidentologie-liè ;e-au-nitrate-dammonium.html