Oui, mais à quel prix ?
par Robert GIL
mercredi 28 février 2024
Les révolutions russes et chinoises ont permis, en 70 ans, de faire passer ces pays directement d’un système quasi féodal au statut de puissances mondiales. Ils ont permis à leur population d’apprendre à lire et à écrire. Grace à Lénine et ses collaborateurs, la journée de travail de 8 heures a été instaurée, les femmes ont été mises sur un pied d’égalité avec les hommes, tous les travailleurs ont obtenu des congés payés et les mères ont bénéficié d’un congé de maternité, ce qui est encore impensable aujourd’hui dans de nombreux pays. Les gens ont également obtenu le droit au travail, à l’éducation gratuite et aux soins médicaux. Quel autre système en est-il capable dans un laps de temps aussi court ? Pour cela il a fallu une volonté politique et mobiliser des moyens immenses. Les puissances occidentales, elles, n’ont jamais accepté un mouvement politique qui rejette le capitaliste et qui lutte contre le colonialisme. Et comme il est difficile de nier que ces révolutions ont amélioré le sort des populations concernées, alors on a minimisé leur importance en posant cette question : « oui, mais à quel prix ? » Tout est dans l’art de la communication ! Le sort des populations importe peu à nos démocrates quand est en jeu l’accumulation du profit capitaliste, mais il devient soudain prioritaire si ces populations choisissent de mauvaises orientations politiques qui empêchent les actionnaires, les capitaines d’industrie, les banquiers et les grands propriétaires de se remplir les poches. Se sont-elles inquiétées du sort des populations lorsque les grandes révolutions industrielles d’Angleterre, puis d’Europe ont permis à ces pays de dominer le monde ?
Il suffit de lire Charles Dickens ou Jack London pour découvrir le sort pitoyable, misérable, dégradant, de ces population livrées pieds et poings liés à leurs exploiteurs et privées de tout recours face à une justice au service exclusif de la classe dominante ? Se sont-elles inquiétées des crimes, des tortures, des viols, des assassinats de masse commis dans les colonies d’Afrique et d’Asie pour piller ces pays au profit de l’aristocratie et de la bourgeoisie européenne ? Mais par contre, ces vils profiteurs ont tôt fait d’ignorer et de dénigrer les bienfaits et les avancées des révolutions bolchevique et chinoise en distillant cette petite phrase : « mais à quel prix ? ». Quand les populations meurent sous le joug colonial ou à cause, du système capitaliste, le prix importe peu, mais dans un pays aux relents communistes, alors là, le moindre mort, la moindre exaction devient aussitôt un crime contre l’humanité et une atteinte aux droits de l’homme ! Et nos médias distillent la bonne parole « ils ont peut-être fait des avancés, mais à quel prix ? » Mème des gens prétendument de gauche crient aux loups au côté de nos « bons » capitalistes et occultent l’histoire au profit de reportages télé et des commentaires de pseudos-journalistes … sommes-nous devenus complétement idiots ?
On a tellement caricaturé le communisme, on nous a tellement appris à répéter que le communisme c’est mal, que souvent l’on s’interdit même à chercher ou à penser à un autre système économique que le libéralisme, dont les médias font la propagande depuis 50 ans. Nous protégeons notre confort mental sans nous poser trop de questions ni chercher à savoir s’il n’y aurait pas mieux que ce que l’on nous vend. Peu à peu nous avons intériorisé qu’en dehors du système capitaliste il n’existe rien, un peu comme s’il était de facture divine, qu’il était né avec l’homme et qu’il avait toujours existé. Avez-vous lu Marx, Gramsci, Babeuf, Proudhon, Bakounine, Jaurès, Rosa Luxembourg, … ? Avez-vous essayé de lire et d’écouter des économistes, des intellectuels différents, dont les analyses tendent à dépasser le modèle capitalisme ? Avez-vous réfléchi à un monde plus juste, qui ne serait pas fondé sur l’argent et des intérêts particuliers ? Est-ce que l’analyse du monde et de la société qu’en font BFM, CNews et les experts qui y sévissent vous suffisent ? Prenez conscience de l’horreur et de l’absurdité de ce système. Mesurez également le nombre de travailleurs pauvres qui dorment dans leur voiture, le nombre de ceux qui vivent dans la rue et qui y meurent, le nombre de personne qui ont du mal à se nourrir, à se loger, à se soigner, le nombre d’usines fermées et de salariés licenciés juste pour permettre à certains de grossir leurs dividendes. Pensez aux nombres de guerres et de pays maintenus dans le sous-développement qu’il faut pour que les marchands d’armes fassent tourner leur bizness, et que les trafiquants de drogue et de chair humaine alimentent la prostitution et l’esclavage. LCI, Arte et consœurs vivent dans, par et pour le système capitaliste. Ils ne sont pas là pour vous informer, mais pour vous persuader que leur présentation des faits est objective et reflète la réalité. Il faut que vous soyez convaincu qu’Il n’y a pas d’autre solution, il n’y a pas d’autre alternative !
L’évidence de ce genre de commentaires, c’est surtout l’affirmation que le capitalisme n’a aucun intérêt à développer l’esprit critique des populations. Les différentes réformes de l’éducation depuis 30 ans s’en sont chargées d’ailleurs à merveille. Une des critiques les plus courantes est liée à la privation de liberté pour la population des « régimes » dits communistes. Mais qu’est-ce que la liberté quand on n’a pas les moyens de choisir son lieu de vie, de choisir son travail, ses périodes de loisir, et même ses loisirs ? Suis-je libre de m’installer où je veux si je ne trouve pas de travail pour me nourrir ? Suis-je libre de choisir un métier qui me plait si le travail devient une nécessité ? Suis-je libre de partir en vacances où bon me semble ou dois-je faire en fonction de mon pécule ? Suis-je même libre de choisir mes activités et le temps que je leur consacre ? La liberté s’arrête à notre moyen de paiement. Que veut dire la liberté d’expression et d’information quand celles-ci sont captées par ceux qui avec leur argent se sont offerts les différents canaux d’expression, pour y défendre leur seul intérêt ? Que veut dire la liberté du citoyen, lorsque les choix économiques sont faits par une infime minorité qui détient les banques, les organismes de crédit et les moyens de productions