Palestine, terre de discorde

par Desmaretz Gérard
vendredi 8 mars 2019

Le 22 juillet 1946, des militants de l'Irgoun (Organisation militaire nationale) et de la Haganah se retrouvent dans une salle de l'École talmudique à 7h 30 au cœur de Jérusalem. Chacun ignore la nature de la mission qui l'attend afin qu'un mouchard infiltré ne puisse en avertir au dernier moment, les Britanniques. Peu avant midi, des employés livrent cinq bidons de lait à un café. Parvenus au sous-sol, ils peuvent rejoindre l'hôtel King David qui abrite le QG de l'administration britannique en Palestine. Les bidons dans lesquels sont dissimulés 250 kg d'explosifs, sont disposés autour d'un pilier de soutènement, explosion prévue dans trente minutes. Simultanément, une équipe doit déverser des jerrycans de pétrole dans les caniveaux de la rue qui seront enflammés pour couvrir le repli de leurs camarades. Une fusillade éclate avec les « Brits », les activistes courent vers un camion et décrochent sous le couvert d'un groupe d'appui feu se tenant à bord un taxi volé. Les deux véhicules filent vers le quartier juif de Jérusalem où ils trouvent à se réfugier. Soudain, une explosion souffle l'hôtel faisant une centaine de victimes.

Le 15 avril 46, quatre militants de l'Irgoun ont été pendus. Le 23, le mouvement sioniste attaque et s'empare des armes d'un poste de police proche de Tel-Aviv. Un activiste blessé est interpelé, il déclare devant les juges britanniques : « Je ne reconnais ni l'autorité du mandat britannique en Palestine ni la légalité de ce tribunal ». L'homme est condamné à la peine de mort. Le lendemain, l'Irgoun enlève un officier de l'Intelligence Service sur la voie publique et un juge en pleine séance du tribunal ! L'état de siège est décrété dans les grandes ville de Palestine. L'exécution de l'activiste est reportée, l'Irgoun libère ses deux otages, mais les incidents ne vont cesser de se multiplier et l'arrestation des dirigeants de l'Agence juive conduire à l'attaque de l'hôtel King David le 22 juin.

Le 29 juin, les Britanniques procèdent à 3.000 arrestations, des caches d'armes sont découvertes. Un plan est établi pour désarmer la Haganah, dissoudre l'Agence juive et abolir les syndicats juifs. Le Shai, le service de renseignement de la Haganah, a intercepté les documents... Quinze jours avant l'opération projetée, la station, La Voix d'Israël, révèle l'affaire ! Le lendemain, la Haganah paralyse les voies de communication, isolant la Palestine des États limitrophes tandis que le groupe Stern attaque les ateliers gouvernementaux. Le projet pour liquider la résistance juive qui a mobilisé trois divisions, finit par avorter. Parmi les milliers de personnes arrêtées, pas un seul activiste connu ! Le général d'Arcy déclara à l'autorité britannique : « On ne désarme pas un peuple entier, et j'ai l'impression que le monde n'admettra pas une nouvelle exécution en masse des juifs ».

Le 13 août 46, la Grande-Bretagne annonce que les immigrés illégaux arrivant en Palestine seront déplacés sur l'île de Chypre. La Haganah qui participe au transport des migrants vers la terre d'Israël réplique en s'attaquant aux stations radars, aux navires de la police et aux bases de la RAF...

Les résultats du vote du 29 novembre 46 à l'ONU donnent : 33 voix pour le partage (France, URSS, USA), 13 voix contre (pays musulmans), et 10 abstentions (dont la GB). Le lendemain, les Arabes palestiniens incendient des synagogues, des maisons et assassinent sept Juifs. La guerre civile commence, des milliers d'Arabes envahissent la Palestine. Le départ des Français de Beyrouth le 23 décembre 1946 soulève une vague d'inquiétude chez les Chrétiens du Liban et de Syrie. La Conférence palestinienne du 7 février 1947 (plan Bevin) envisage l'admission de 4000 immigrants par mois pendant une période de vingt-quatre mois. Le 18, la Chambre des Communes déclare que le plan est inapplicable et qu'il convient de le soumettre aux Nations-unies.

Le 1 mars 47, l'Irgoun fait sauter la maison Goldschmit qui abrite des troupes britanniques à Jérusalem, l'explosion fait 80 morts. La poussière à peine retombée, une caserne saute à son tour ; la loi martiale est proclamée. Les membres de l'Irgoun arrêtés sont presque toujours condamnés à la peine capitale. Le 14 avril, quatre condamnés à mort sont transférés dans la prison Saint-Jean-d'Acre. Lors d'une visite aux prisonniers, un irgouniste leur fait parvenir des pots de confiture emplis d'explosifs. Sur la centaine d'activistes détenue, il n'est possible que d'assurer l'évasion d'une quarantaine. Une dizaine de sternistes et une trentaine d'irgounistes sont retenues pour leur compétence à poursuivre le combat, une cinquantaine de prisonniers accepte de se sacrifier !

Le 17 avril, l'Irgoun annonce la création de ses tribunaux militaires. Tout soldat ou officier britannique encourt la peine de mort. Le 29 juillet trois membres de l'Irgoun sont pendus. L'Irgoun exécute deux sous-officiers anglais en représailles. Un des deux corps est pendu et piégé avec une grenade qui explosera lors de la dé-pendaison du corps, jetant l'effroi parmi la population. Le 28 septembre, l'Irgoun fait sauter le poste central de police, treize policiers sont tués. Le ministre des Colonies britanniques déclare qu'il est prêt à mettre fin à son mandat en Palestine. Deux mois plus tard, les Nations-unies votent la fin du mandat britannique en Palestine et le partage en deux États (pour : USA, URSS et la France, contre : pays arabes, et la Grèce, abstentions : les pays du Commonwealth...).

Le lendemain, des maisons et des synagogues sont incendiées à Alep et sept juifs sont tués dans une embuscade. Au mois de décembre 1947 : Arabie saoudite - Égypte - Irak - Liban - Syrie - Transjordanie - Yémen réunis au Caire déclarent qu'ils soutiendront les Arabes palestiniens en leur fournissant des armes des fonds et des troupes. Entre 1945 et 1947, les israélites vivant aux États-Unis vont verser 100 millions de dollars par an et ainsi permettre à la Haganah de mettre sur pied un embryon d'armée de l'air et de mer avec 35 navires.

Le 22 février 48, la Palestine est exclue de la zone de la livre Sterling. Le 27, l'Agence juive interdit aux Juifs âgés entre seize et quarante ans de quitter le pays. Tous sont susceptibles d'être appelés pour défendre Haaretz. Le 10 avril 1948, deux-cent cinquante quatre Arabes palestiniens du village de Dir-Yasine sont massacrés par une compagnie de l'Irgoun et une autre du groupe Stern. Les Arabes se vengent en attaquant un convoi israélien faisant 70 morts. Le 13 mai, Jaffa capitule. Il ne reste que 4.000 mille habitants. Les villes vont tomber les unes après les autres : Safed, Beisan, etc. Le 15 mai, le Conseil national juif proclame l'indépendance d'Israël. Le 29 novembre, les 650.000 juifs que compte la Palestine (ils n'étaient que 83.000 en 1918, l'augmentation s'explique par l'immigration et par la natalité) reçoivent la moitié du territoire. Les pays arabes contestent la décision, 500.000 Arabes quittent leur terre pour aller s'entasser dans des camps de réfugiés (en 1960, ils seront un million). Un appel à la guerre sainte est lancé, la Haganah est placée en état d'alerte et rappelle ses réservistes. Les incidents vont éclater entre Israël et les États arabes voisins : Égypte, Jordanie, Syrie. Le 1° juin, Menahem Beguin, ordonne aux militants de s'enrôler dans l'armée nationale, en sont exclus les militants de l'Irgoun, de Stern et du Palmach (groupe de saboteurs) qui se trouvent dans la ville de Jérusalem non intégrée au territoire national. Les Nations-unies imposent une trêve aux belligérants le 11 juin.

Le 4 juillet 48, l'État d'Israël proclame la mobilisation générale, le 9, le roi Abdallah soutenu par la Ligue arabe déclenche un offensive. Le 12 décembre, la Transjordannie promue Royaume par la Grande-Bretagne, annexe la Palestine arabe avec Jérusalem. Israël est victorieuse. Le 24 février 1949, l'Égypte signe un armistice par lequel elle abandonne une partie du Néguev et Beersheba aux Israéliens. Le 11 mai, Israël est admis à l'ONU, passant outre l'internationnalisation de la ville de Jérusalem, Israël y transfère sa capitale. Le roi de Transjordannie installe sa légion dans le vieux quartier arabe de la ville. Les incidents ne vont cesser de s'y multiplier.

Le 18 juin 1953, l'Égypte devient une République, et le Conseil de la Révolution animé par Nasser une dictature. Le 18 juin, les troupes anglaises quittent le territoire égyptien. Le 20 octobre 1955, l'Égypte signe un accord avec la Syrie et les deux pays ratifient des traités commerciaux avec Moscou... Le 7 août 1956, la Syrie et Moscou concluent un traité d'assistance prétexte à des livraisons de matériels militaires. Le 13 août, une vaste épuration militaire s'ensuit. Le 12 octobre, l'Irak se dit prêt, avec l'accord du roi, à l'entrée de ses troupes en Jordanie. Israël pris en tenaille craint pour sa sécurité. Le 29, les troupes israéliennes franchissent la frontière égyptienne et atteignent le canal de Suez, rejointes le 31 par le corps expéditionnaire franco-britanique. Le 20 novembre, l'Égypte rejette la proposition israélienne de rapatrier une partie des réfugiés palestiniens en Israël. Au cours de la réunion des « Quatre Grands » tenue au Caire en février 1957, le roi Hussein de Jordanie marque son accord avec le roi Séoud d'Arabie en acceptant la doctrine Eisenhower (l'aide américaine). Le jeune roi dissout les partis politiques et forme un nouveau gouvernement. Le 1 février 1958, le président égyptien proclame la République Arabe Unie, fusion de l'Égypte et de la Syrie. Le 14 février, l'Irak et la Jordanie forment la Fédération hachémite Irako-Jordanienne.

Au début des années soixante, un jeune ingénieur du nom d'Arafat part pour se former à la guerre révolutionnaire à Pékin (Chine). L'« Organisation de libération de la Palestine » fonde Abtal al-Awda (les Héros du retour) basée au Liban. En 1963, El-fath prend le contrôle de l'OLP. Les dirigeants arabes échaudés par les raids de l'armée israélienne sont hostiles à El-fath, ses chefs doivent se réfugier dans la clandestinité. L'OLP opte pour la lutte armée et le terrorisme contre Israël et ses alliés en 1965. L'année suivante voit apparaître l'organisation, Abd el-Kader Husseini. Le 5 juin 1967, Israël frappe, préventivement, l'Égypte et détruit toute son aviation. Les renforts de la Syrie et de la Jordanie ne vont rien changer et la guerre des Six Jours va bouleverser la géopolitique de toute la région.

Au mois de septembre 1972, onze athlètes israéliens sont pris en otages avant d'être abattus dans le village olympique à Munich. Israël lance des raids au Liban contre les camps de réfugiés abritant les Palestiniens de « Septembre noir » une émanation d'El Fath. Octobre 1973, l'Égypte et la Syrie attaquent Israël (guerre du Kippour), les pays arabes membres de l'OPEP décident la réduction des exportations vers l'Europe et les États-Unis (choc pétrolier). Le terrorisme arabe va se répandre en Europe et la cause palestinienne s'enkyster parmi une frange de la population musulmane avec le soutien d'aficionados « révolutionnaires ».

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