Pan sur le bec !
par Deneb
samedi 29 août 2009
Le Canard Enchaîné de cette semaine voudrait bien croquer du Google.


Dans un article signé Hervé Morin, le volatile reproche au géant américain de vouloir piller les richesses de la BNF. L’illustration de Cabu montre Google en rat mécanique en train de manger les livres, dont la Bible, La Fontaine etc …. Offusqué que Google ait l’intention de garder les doubles des fichiers ( !), le Canard craint que l’américain vende ensuite ces livres en ligne.
Qu-est-ce que Google ? La boîte la plus riche du monde vous a-t-elle déjà vendu quelque chose ? Pas à moi, en tout cas. On peut reprocher bien des choses à Google, mais force est de reconnaitre qu’il a fait un travail énorme pour mettre la connaissance à la portée de tous. Google s’est construit avec une seule idée directrice : la gratuité. Le Canard, qui défend bec et ongle le modèle de diffusion traditionnelle, qui se targue de son savoir faire dans la vente du papier imprimé, est un peu dur à la comprenette quand il s’agit de l’Internet. S’accrochant, comme un ivrogne au candélabre, à l’idée de la culture payante, il semble ne pas voir plus loin que son bec. Il craint le même sort que les cartographes, que Google Earth a relégué au même rang que Gutenberg les moines copistes.
Google est certes gratuit, mais pas libre. La différence est de taille. Quand une boîte vous donne quelque chose gratuitement, c’est en général pour vous appâter. Google n’est pas une exception. Je ne crois cependant pas que Google passe au modèle payant. Il fonctionne autrement. Il mise sur la notoriété. Ça lui permet de scruter les goûts et habitudes de milliards de gens. Les informations qu’il récolte ainsi lui permettent de connaître, mieux que quiconque, la nature humaine. Ce sont ces informations qui l’ont rendu riche. Il faut tout de même dire qu’il le fait avec une transparence étonnante. Il propose à son utilisateur un deal : il scrute et stocke les intérêts, les préférences et les penchants de son client – en échange il lui fournit une information sur mesure, en fonction des goûts de chacun. Personnellement j’estime que les bénéfices sont bien au dessus des risques que Google utilise ces informations contre moi. Je me prête donc au jeu, j’ai un compte chez le géant américain, qui me permet d’avoir à tout moment un choix d’actualités un peu plus intéressantes et pertinentes que ceux que je trouve dans un journal papier.
Le Canard reproche à Google de chercher les bénéfices à moyen terme. Il a tout de même compris que les autres acteurs, eux, cherchent le profit immédiat. Il a aussi compris que les autres, tels Gallica, chargée de la numérisation à la BNF, sont des incapables, en réussissant à numériser (mal !) 800 000 ouvrages en 8 ans. Quel est le péché de Google aux yeux du Canard ? De rendre la culture accessible à tout le monde, sans qu’il y ait besoin de débourser un centime ? Le volatile me déçoit à croire encore au dieu mercantile, qui a de plus en plus du mal à garder son emprise sur la culture et l’immatériel. Il est de plus en plus mal à l’aise dans un monde qui change, et c’est bien dommage. A force de se prendre trop au sérieux, n’est il pas en train de perdre sa verve légendaire, qui fut ma gouverne quand, il y a 30 ans, je suis arrivé en France.
Il est clair que Google est une révolution. Faut-il le fustiger, parce qu’il a compris les choses avant les autres ? Il n’est peut-être pas philanthrope, mais on s’en fiche un peu, du moment qu’il nous emmène la part immatérielle de la culture à la maison. Il cherche le profit à moyen terme ? Ça change de ceux qui cherchent désespéremment le profit immédiat et sont prêts parfois à des méthodes bien plus agressives que Google, qui, lui, ne demande finalement pas grand chose.
Il y a 15 ans j’ai entendu les prévisions des personnes âgées : « C’est terrible, avec tous ces écrans, les gens ne liront plus. » On se rend compte aujourd’hui qu’ils étaient complètement à côté de la plaque – les gens n’ont jamais autant lu qu’aujourd’hui. Et quand on voit les jeunes « chatter » sur MSN ou en SMS, on doit reconnaitre qu’en plus ils ont pris goût à l’écriture. Oui, ils écrivent, mal peut-être , comme disent certains, mais ils écrivent. Et les jeunes, j’y crois, surtout en ceux dont on n’a pas souillé l’esprit avec des croyances, par exemple celles qui disent que l’argent peut acheter la culture.
En tout cas, c’est décidé : je ne renouvèlerai pas mon abonnement au seul journal papier qui arrive dans ma boîte à lettres. Je le trouve un peu trop déconnecté de la réalité d’aujourd’hui. Et je ne suis pas très heureux de voir partir ainsi une partie de ma jeunesse.
Qu-est-ce que Google ? La boîte la plus riche du monde vous a-t-elle déjà vendu quelque chose ? Pas à moi, en tout cas. On peut reprocher bien des choses à Google, mais force est de reconnaitre qu’il a fait un travail énorme pour mettre la connaissance à la portée de tous. Google s’est construit avec une seule idée directrice : la gratuité. Le Canard, qui défend bec et ongle le modèle de diffusion traditionnelle, qui se targue de son savoir faire dans la vente du papier imprimé, est un peu dur à la comprenette quand il s’agit de l’Internet. S’accrochant, comme un ivrogne au candélabre, à l’idée de la culture payante, il semble ne pas voir plus loin que son bec. Il craint le même sort que les cartographes, que Google Earth a relégué au même rang que Gutenberg les moines copistes.
Google est certes gratuit, mais pas libre. La différence est de taille. Quand une boîte vous donne quelque chose gratuitement, c’est en général pour vous appâter. Google n’est pas une exception. Je ne crois cependant pas que Google passe au modèle payant. Il fonctionne autrement. Il mise sur la notoriété. Ça lui permet de scruter les goûts et habitudes de milliards de gens. Les informations qu’il récolte ainsi lui permettent de connaître, mieux que quiconque, la nature humaine. Ce sont ces informations qui l’ont rendu riche. Il faut tout de même dire qu’il le fait avec une transparence étonnante. Il propose à son utilisateur un deal : il scrute et stocke les intérêts, les préférences et les penchants de son client – en échange il lui fournit une information sur mesure, en fonction des goûts de chacun. Personnellement j’estime que les bénéfices sont bien au dessus des risques que Google utilise ces informations contre moi. Je me prête donc au jeu, j’ai un compte chez le géant américain, qui me permet d’avoir à tout moment un choix d’actualités un peu plus intéressantes et pertinentes que ceux que je trouve dans un journal papier.
Le Canard reproche à Google de chercher les bénéfices à moyen terme. Il a tout de même compris que les autres acteurs, eux, cherchent le profit immédiat. Il a aussi compris que les autres, tels Gallica, chargée de la numérisation à la BNF, sont des incapables, en réussissant à numériser (mal !) 800 000 ouvrages en 8 ans. Quel est le péché de Google aux yeux du Canard ? De rendre la culture accessible à tout le monde, sans qu’il y ait besoin de débourser un centime ? Le volatile me déçoit à croire encore au dieu mercantile, qui a de plus en plus du mal à garder son emprise sur la culture et l’immatériel. Il est de plus en plus mal à l’aise dans un monde qui change, et c’est bien dommage. A force de se prendre trop au sérieux, n’est il pas en train de perdre sa verve légendaire, qui fut ma gouverne quand, il y a 30 ans, je suis arrivé en France.
Il est clair que Google est une révolution. Faut-il le fustiger, parce qu’il a compris les choses avant les autres ? Il n’est peut-être pas philanthrope, mais on s’en fiche un peu, du moment qu’il nous emmène la part immatérielle de la culture à la maison. Il cherche le profit à moyen terme ? Ça change de ceux qui cherchent désespéremment le profit immédiat et sont prêts parfois à des méthodes bien plus agressives que Google, qui, lui, ne demande finalement pas grand chose.
Il y a 15 ans j’ai entendu les prévisions des personnes âgées : « C’est terrible, avec tous ces écrans, les gens ne liront plus. » On se rend compte aujourd’hui qu’ils étaient complètement à côté de la plaque – les gens n’ont jamais autant lu qu’aujourd’hui. Et quand on voit les jeunes « chatter » sur MSN ou en SMS, on doit reconnaitre qu’en plus ils ont pris goût à l’écriture. Oui, ils écrivent, mal peut-être , comme disent certains, mais ils écrivent. Et les jeunes, j’y crois, surtout en ceux dont on n’a pas souillé l’esprit avec des croyances, par exemple celles qui disent que l’argent peut acheter la culture.
En tout cas, c’est décidé : je ne renouvèlerai pas mon abonnement au seul journal papier qui arrive dans ma boîte à lettres. Je le trouve un peu trop déconnecté de la réalité d’aujourd’hui. Et je ne suis pas très heureux de voir partir ainsi une partie de ma jeunesse.