Panique Médiatique - tir croisé sur Mélenchon

par Lonesome Cowboy
samedi 15 avril 2017

A dix jours du scrutin, les masques tombent. On pouvait s'attendre à une levée de boucliers pour conjurer le risque d'un second tour Marine Le Pen contre X. Mais c'est bien Mélenchon qui en fait les frais.

A dix jours du scrutin, les masques tombent. On pouvait s'attendre à une levée de boucliers salutaire de la part des grands médias pour conjurer le risque d'un second tour Marine Le Pen contre X. Les informations qui ont fuité dans la presse concernant la mainmise des milieux néonazis sur le parti frontiste et son anti sémitisme latent prouve que l’entreprise de dédiabolisation engagée par la candidate bleu marine n'est qu'une façade. Alors que la gauche, la vraie, pas celle que prétend incarner Marine Le Pen en alignant les propositions aux alouettes, montent dans les sondages, le naturel revient au galop, et le révisionnisme qui l'accompagne.

Puisque Marine Le Pen a démontré toute seule qu'elle incarnait la candidature d'un parti xénophobe, nous étions en droit d'attendre de la presse mainstream qu'elle nous alerte, non seulement sur les risques économiques d'un programme incohérent, mais surtout du risque politique de conférer les pleins pouvoirs présidentiels à une femme ayant promis de faire tomber les têtes de l'appareil judiciaire qui la met en cause. L'Etat d'Urgence prolongé jusqu'en juillet 2017, le 49-3 et les ordonnances lui confèreront un pouvoir de nuisance considérable qui ne semble pas inquiéter outre mesure les éditorialistes de tout bord.

Non, ce qui les inquiète au plus haut point, c'est le risque Mélenchon.

 

Collage de copie d'ecran du 13 avril 2017

 

Que la presse de droite critique la gauche, même de façon aussi malhonnête, on pouvait s'y attendre. Cela prêterait presque à rire si les esprits de nos concitoyens n'étaient pas devenus aussi perméables à la propagande des "experts" qui nous vendent l'austérité et la flexibilité comme seul et unique remède aux maux que ces politiques entretiennent.

Ainsi, avec le plus grand mépris pour l'intelligence de ses lecteurs, ou des badauds qui passent devant les kiosques à journaux, le Figaro et les Echos rivalisent de contres vérités et d'amalgames les plus primaires :

Que font les fact-checkeurs face à cette formidable campagne d’intox ? Ils fact-check bien sûr (et prouvent leur impartialité) :

Copie d'ecran du site de campagne de JLM, reprenant l'article des décodeurs

 

Le journal de référence Le Monde est plus subtil, c'est dans le détail et la nuance que la critique s'exprime, il faut souvent se donner la peine de lire le contenu pour s’apercevoir du parti pris :

Mais lorsque l'acharnement médiatique atteint les médias de gauche, on en vient à la conclusion simpliste que Frédéric Lordon explicite clairement : "des milliardaires possèdent la presse et entreprennent de porter un banquier d’affaire à la présidence de la République. Voilà."

Ainsi, Libération, au lieu de répliquer au Figaro par une une cinglante dont le journal a le secret (lorsqu'il s'agit d'appeler à la guerre contre Assad), se fend d'une première page tout en nuance, où la réserve et le doute transpire. Mais c'est une fois de plus là où cela compte, sur internet, que Libé se charge de prouver son sérieux et sa différence :

On note le choix de la photo en 'dark vador". Sur internet le premier article qui ressort parle d'un buzz issu d'un interview ...Hop on fait resurgir le diable rouge  !

 

Atterré par le niveau des caricatures qui empêche le débat (faut-il poursuivre l'austérité, quid du réchauffement climatique, de la logique de guerre tiède avec la Russie ?) l'électeur en perdition pourrait être tenté de faire un tour chez Mediapart, le média participatif et indépendant par excellence.

Copie d'écran du 13 avril 2017 en page d'accueil du site. Notez que dans l'article de Politis, l'auteur exprime plutôt un accord avec Mélenchon et critique surtout son language plus que sa vision générale.

 

Et bien non, décidément au-delà de l'argent, il y a un vrai problème de lutte des classes qui se joue, là, devant nos yeux.

L'ennemi de la Finance, Monsieur Le Président Hollande en personne, sort de sa tanière pour critiquer le couple de socialistes rebelles, Hamon et Mélenchon. Pas dans un grand quotidien de gauche, mais au journal Le Point. Tout un symbole.

Cette levée de boucliers de l'oligarchie est mise en lumière par le seul organe de presse n’ayant pas encore perdu ses repères, l'Humanité.

Collage de copie d'écran du site humanité.fr, page d'accueil du 13 avril

La démonstration est donc faite, face à la vraie gauche, le monde politico-médiatique préfère l’extrême droite, dans toute son horreur xénophobe et antisémite qu’ils auront bon dos de dénoncer par la suite.

Signe de cette erreur système qui ressemble à un plantage médiatique quasi généralisé, voilà que l'équipe de campagne de l'intéressé doit se muer en décodeur pour rétablir un semblant de vérité, les fact checkeurs se trouvant à leur tour fact-checkés.

Outre la question de déontologie, le problème qui se pose lorsque la majeure partie des médias se livrent ainsi à une campagne acharnée et malhonnête contre un candidat, c'est que cela blesse les gens qui votent pour ce candidat. Or, ce sont précisément ces gens aujourd'hui insultés et méprisés que ce même appareil politico-médiatique invitera dès demain à faire barage à l'extrème droite en votant Macron, ou Fillon. 

Quand on a compris cela, on comprend à quel point les médias, en particulier ceux de gauche et du centre, jouent avec le feu.

Rassurez-vous cependant, lorsque le système subit un tel bug, l'extrême droite permet de faire un reset salutaire... jusqu'à la prochaine guerre.

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Quelques sources pour débugger tout ca :

L'article de Francois Cocq : https://cocq.wordpress.com/2017/04/12/devant-melenchon-et-la-force-du-peuple-le-systeme-en-auto-defense/

Un excellent article sur la géopolitique et le rapport à l'Amérique du Sud : https://blogs.mediapart.fr/olivier-tonneau/blog/120417/melenchon-poutine-castro-chavez-la-guerre-froide-pour-les-nuls

Sur le programme économique de Mélenchon, cet article sans parti pris de La Tribune : http://www.latribune.fr/economie/presidentielle-2017/melenchon-ou-la-relance-par-l-investissement-public-684971.html

 


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