Par-delà le vrai et le faux : Starbucks, les femmes et l’Arabie-Saoudite
par personne
mercredi 10 février 2016
La semaine dernière on apprend que le Starbucks de l'Arabie Saoudite interdit l'entrée aux femmes. Je rédige à ce sujet une courte analyse que je publie sur mon blog.
Cette semaine, on apprend que cette information est partiellement fausse. En fait, Starbucks ne compte pas interdire l'accès aux femmes mais plutôt leur réserver un espace séparé qui est actuellement en aménagement.
Beaucoup de gens, sur la toile, brandissaient le boycott comme réponse à ce qu'ils considéraient comme inadmissible. Mais voilà que cette information leur force à admettre qu'ils se sont enflammés trop vite et que finalement, il n'y a pas de quoi en faire un plat. Ben oui, Starbucks respecterait les coutumes locales tout en autorisant les femmes mais ... à part.
Or, une bonne analyse est justement celle qui reste valable malgré quelques variations des faits sur lesquelles elle s'appuie. Dans mon article, que les femmes soient interdites ou qu'on leur réserve un endroit spécifique ne change rien à l'analyse. Et pour cause, dans les deux cas nous avons une firme internationale qui se plie aux coutumes locales d'un pays pour atteindre son but à n'importe quel prix. Et c'est bien ça qu'il s'agit d'analyser. Or, si l'on reste à la dénonciation, au boycott ou pas boycott en fonction de notre accord par rapport à l'événement en question, on n'y voit que du feu, ou du moins, que ce que l'on veut voir : notre simple jouissance dénonciatrice.
Une bonne analyse n'est donc pas celle qui cherche à dénoncer ou s'indigner par rapport à des événements. Elle cherche plutôt à interpréter l'événement à l'aune de ses logiques d'action. Ce qu'il y avait à interpréter dans notre cas, c'est qu'est-ce qui fait qu'une firme internationale prospère cherche à s'implanter dans des endroits du globe où apparemment ses valeurs seraient contraires à celle du pays hôte ? Et qu'est-ce qui fait qu'elle va le faire malgré tout ? Rendre compte de cela, c'est être au-delà du bien ou du mal, du boycott ou pas boycott. C'est comme le disait Spinoza : "ne pas rire, ne pas pleurer, mais comprendre".