Parcours citoyen
par alinea
mardi 10 mai 2022
sous l'arbre à palabres...
à Easy Owen gaijin gadjo, Constant, volt, brontau, Corinne, Baty, frida, et vous et vous et vous...
J’avais juste envie de vous faire reprendre avec moi, le goût de ce site, de ce qui y a été mis de beau et de ce qui sera à nouveau beau et nouveau.
Il y a dix ans, après trois interminables semaines d’attente anxieuse, j’étais publiée pour la première fois. C’est Ariane Walter qui s’était promue sur le blog de Mélenchon pour un article magnifique que je mettrai en fin de texte, et qui m’avait permis de connaître cette adresse.
Je tombais sur ce à quoi je rêvais, ce que j’avais voulu faire, mais sur papier, longtemps avant, sans jamais trouver personne pour m’aider mais en trouver plein pour réduire mon rêve en miettes insignifiantes. C’est vous dire si cet amour fut sincère, vœu exaucé, et besogneuse tenace, si j’ai mis du temps à m’y creuser un trou.
À l’époque il n’y avait pas de troll, pas de rédacteurs à la chaîne parus ailleurs : c’était l’idéal dont j’avais rêvé !
Pensant de temps en temps à fêter ces moments, je m’amusais à faire la liste des disparus qui furent si probants, si précieux, ces généreux originaux, savants et partageux qui m’ouvraient un monde superbe d’humanité. Je pleure en écrivant ces mots tant c’était puissant, jamais vide ni décevant.
Cela ne veut pas dire que tout était parfait, des controverses, des mauvais caractères mais toujours inscrits dans la vie, malgré le média qui nous unissait. Puis vinrent les harceleurs toujours compensés par la chaleureuse bienveillance qui émanait de tous les autres.
Arrivant à un certain moment de ma vie, ce site a eu une importance énorme, j’y passais quasi tout mon temps ( c’est ma manière de fonctionner) , à lire, commenter et écrire quasi un article par semaine, tremblant qu’il ne paraisse pas !
Je rêvais aujourd’hui de faire un texte festif, joyeux, à l’honneur des ces amis disparus hors des ondes, faire revivre leur humour, leur érudition, leur sagesse leur sérieux ou le jeu qu’ils jouaient sans se cacher pour montrer qu’ils venaient là se lâcher. Je voulais les nommer tous, n’en oublier aucun, prendre le risque, mais aujourd’hui, après être tombée sur quelques articles fous d’un sérieux pontifiants qui éjectaient les trolls comme on fait une action de salubrité publique, quand la bien-pensance, l’uniformité de la pensée ont envahi le monde jusqu’ici, à quelques hurluberlus près, je me dis que personne n’a plus rien à foutre de l’âme effleurant ces moments échangés, parfois banals de simplicité mais toujours empreints de sincérité. Je me dis que la trouille infligée par un gouvernement de salopards médiocres a abîmé ceux avec lesquels les échanges étaient gais, légers, sympas. Je le ressens bien évidemment avec ma sensibilité, cela me concerne, mais quand on écrit un adieu je vous ai aimés, c’est toujours de soi que l’on parle ! Mais mon amour était sincère et profond pour ceux-là, humains parmi les humains.
Mais, quelque chose me tenaille, et si j’approfondis toujours ce qui m’intéresse, je ne lâche jamais une affaire avant de m’en être libérée.
La jeunesse est en tout découverte et espoir, follement satisfaisante quand on s’investit dans une envie de partager, d’escalader les échanges pour apprendre, apprendre apprendre. Un savoir qui se déplace horizontalement, ni pontifiant – sauf quelques ridicules qui se croient précieux – ni écrasant mais qui dévoile l’immense richesse de la connaissance et de la mémoire de certains, même si tous donnent un petit bout d’eux-mêmes nourrissant. Cette toile qui se tisse comme un magnifique langage, est salopé par endroits par des aigris frustrés de je ne sais quelle gloire, jaloux de je ne sais quel pouvoir. Tandis que d’autres le méprisent ouvertement qui ne s’abaissent pas à y participer : ils publient ici comme ailleurs pour distribuer leur génie indispensable à notre éducation.
Certaines de mes amies, piliers de la Gauche progressiste, si je les enjoignais à venir faire un article ici, relatant leurs expériences politiques ou leur énorme connaissance sociologique, me rétorquèrent : Ah ! Ce site où n’importe qui vient écrire n’importe quoi. ...eh oui mesdames des n’importe qui comme vous qui écrivent n’importe quoi comme vous le feriez...
Nous avons régulièrement des journalistes en herbe qui le valent bien et songent à un site citoyen pour faire leurs armes, sûrs de notre médiocrité ils affichent une copie de terminale ou de première année de fac comme on jette en cadeau un génie dont ils savent bien qu’il ne sera pas apprécié à sa juste valeur ! En général, ils en prennent plein la gueule dès le premier commentaire, et on ne les revoient plus : mais si d’aventure un ou deux marchent dans la combine, ils persévèrent un temps, nous inondent de leur érudition, et leur pensée aboutie nous jette des étincelles ; hélas ils s’en vont quelques temps plus tard, n’ayant pas trouvé la gloire tant briguée mais après avoir craché leur mépris en sortant de leurs rangs les noms qui les irritent, utilisation compulsive du bouton « blocage » qui exhibe leur regret de s’être fourvoyés en un si piteux endroit, eux qui ne sont pas n’importe qui !
On dit qu’il faut de tout pour faire un monde, des trolls des grincheux des médiocres des merveilles… nous sommes bien ici dans le meilleur endroit : de tous les coins du monde s’envoient des mots qui se répondent, se chevauchent ou se tournent le dos, certains tombent comme le couperet tranchant d’une haine exagérée sans vraie cause, d’autres caressent et consolent dans cet espace si vrai et pourtant irréel ! De le vouloir incarné, certains se rencontrent, des amitiés naissent, se font puis se défont comme toujours.
Faut-il aussi des personnes qui ne supportent pas que d’autres s’expriment qui ne pensent pas comme eux ? Est-ce, cet interdit, le rêve de la société de leur rêve : tous unis dans le même mensonge, le même diktat ? Faut-il des fauteurs de troubles qui empêchent la publication de ce que la doxa interdit ? Faut-il des émissaires de la bien-pensance, nombreux et actifs depuis l’ère du régime macronien ?
Sans doute, reflet de la société, Agoravox nous a longtemps leurrés sur le nombre d’éveillés que l’on croyait, en proportion, dehors aussi grand que dedans !! Mais elle nous offre une palette riche de caractères comme on ne peut guère en fréquenter à la fois, dans la vraie vie comme on dit !
Et si j’espère un peu moins de propension à la querelle, souvent recherchée dans les articles « ennemis », parce qu’elle épuise inutilement des énergies, je souhaite longévité, richesse de cœur, découvertes, mémoire, innovation humaine ( et pas seulement technologique), échanges fructueux … à l’infini...
La chute de la maison Karcher - AgoraVox le média citoyen