Partis politiques en Europe : gauche-droite, nationalisme-globalisation

par Martin sur AgoraVox
mercredi 28 mars 2007

Les médias en Europe ont pris l’habitude de positionner les partis politiques ou les opinions politiques selon un axe gauche-droite. C’est une classification simpliste, ou plutôt qui est devenue simpliste depuis que l’enjeu du mondialisme est devenu le facteur majeur des orientations politiques. Dans la première moitié du 20ème siècle il était possible de positionner plutôt correctement les choix politiques selon l’unique axe gauche-droite : « gauche » dans son extrême signifiait alors « vers le communisme ou l’anarchie », « droite » dans son extrême signifiait « vers le capitalisme pur ». Au 21ème siècle cette identification des partis politiques réduite au positionnement selon l’axe gauche-droite est devenue une source de confusion.

Les opinions politiques sont désormais en vérité positionnées selon les orientations déterminées par deux axes :

Le positionnement habituel des politiques ou des partis politiques selon le seul axe gauche-droite ne décrit pas, ou ne peut plus décrire, la réalité des propositions politiques.

Le positionnement des politiques ou des partis politiques peut être représenté par le graphe suivant :

http://www.agoravox.fr/IMG/positionnement_G-D_N-G.png

Les orientations suivantes ont été positionnées sur ce graphe, d’après les appellations « gauche, droite, extrême » que leur donnent les médias :

On constate que ce que les médias appellent « l’extrême droite », qui en défendant les intérêts des populations locales s’oppose à la globalisation et donc aux intérêts du grand capitalisme multinational, est moins à droite que les grands partis de droite. Du point de vue du travailleur européen, les nationalistes défendent en priorité les intérêts des Européens et notamment de ceux qui vivent de leur salaire c’est à dire qui dépendent d’un employeur.

Illustration par l’exemple : on a appris en octobre 2006, que la marque de lingerie Aubade, firme française appartenant au groupe suisse Calida Holding, délocalise sa production de la France vers le Maroc. En France 180 personne employées chez Aubade perdent ainsi leur emploi. Ce n’est qu’un parmi de nombreux exemples. Entre 1995 et 2005, l’industrie textile a perdu 40 % de se effectifs en France. Cette baisse ne s’explique pas par l’augmentation correspondante de la productivité, ni par la baisse correspondante de la consommation des produits textiles. Par contre on a constaté pour l’ensemble de l’Union européenne, en 2005, donc en l’espace d’une seule année, que les importations de sous-vêtements chinois ont bondi de 40 %. Il n’y a pas de doute : la majorité des pertes d’emploi, une grosse part des fermetures d’entreprises, sont la conséquence de la globalisation des économies des pays européens. Cela doit nous rappeler que ceux qui sont pour la globalisation (donc contre le nationalisme) ne cherchent pas à protéger les intérêts des travailleurs locaux. Ceux qui sont pour la globalisation sont donc complices du grand capital qui cherche en priorité à réaliser un maximum de bénéfices et qui ne connaît pas de frontières.

Le fait que les anti-nationalistes sont - parfois de façon indirecte - complices du capitalisme international, dévie leur positionnement politique vers la droite.

Les « grands partis » ou comme on les appelle aussi « les partis modérés » de droite et de gauche sont anti-nationalistes. Ils sont pour le mondialisme, pour la globalisation des économies. Sur l’axe nationalisme-globalisation ils sont du coté de la globalisation. Depuis des décennies, lors de leurs alternances au pouvoir, ces partis appelés « modérés » de droite et de gauche, ont de façon unanime participé à la définition mondialiste des orientations politiques fondamentales de l’UE et à la mise en place de la globalisation économique. Il faut rappeler que les orientations politiques fondamentales de l’UE sont décidées au niveau du Conseil européen, c’est à dire par le consensus des chefs d’État et de gouvernement des pays membres de l’UE, donc par tous les partis politiques qui depuis des décennies se sont succédés dans les gouvernements des États Membres.

À l’opposé, le fait que ceux que les médias appellent « l’extrême droite », qui sont nationalistes, sont opposés au mondialisme, à la globalisation et aux agissements débridés du capitalisme international, dévie leur positionnement vers la gauche.

Les grands partis de droite sont plus à droite que les partis « d’extrême droite » : les grands partis de droite dénationalisent les entreprises nationales et les offrent au capital mondial, ce que les partis « d’extrême droite » ne feraient pas. Le nationalisme est un synonyme de patriotisme.

Les grands partis de gauche (appelés « gauche modérée) sont positionnés à droite : c’est leur consentement à la globalisation mondialiste de l’Europe qui dévie leur positionnement politique vers la droite. Par leur complicité avec le capitalisme international, ils sont en fin de compte globalement plus à droite que les partis que les médias appellent « d’extrême droite ».

Les grands partis de gauche et les grands partis de droite sont proches. Sur l’axe gauche-droite ils sont à droite : les deux soutiennent une organisation politique basée sur le modèle capitaliste. Fondamentalement, lors de leurs alternances au pouvoir, il n’y a pas de changement d’orientation politique dominante car nous vivons dans un système capitaliste, les changements sont dans le contenu des programmes sociaux mis en place pour stabiliser ce système capitaliste : les programmes sociaux reçoivent plus ou moins de fonds, parfois l’accent est mis sur certains programmes sociaux, parfois il est mis sur d’autres programmes sociaux.

Les partis que les médias appellent « d’extrême gauche » ne sont pas situés sur l’extrémité gauche de l’axe gauche-droite, même s’ils sont certes le plus à gauche parmi les familles politiques. Leur éloignement de l’extrémité gauche de l’axe, et leur déplacement légèrement vers la droite de l’axe, en se rapprochant un peu du centre, se produit parce que tout compte fait ils sont ouverts aux idéologies internationalistes, ils sont ouverts au mondialisme sans frontières. Ils sont favorables à l’immigration sans retenues, et veulent réunir les « travailleurs de tous les pays ». Par ces biais, et en étant anti-nationalistes, il font en fin de compte le jeu du capitalisme globalisateur qui profite de l’ouverture des frontières pour mieux exploiter les populations en faisant le chantage de la concurrence mondiale et en déménageant les industries et les services de pays en pays selon les opportunités du moment. Du point de vue des travailleurs en Europe, ces partis que les médias appellent « d’extrême gauche » ne défendent pas en priorité les intérêts des travailleurs locaux, puisque pour ces partis tous les travailleurs du monde sont égaux, il n’y a pas de préférences.

Ces partis que les médias appellent « d’extrême gauche », qui sont anti-nationalistes et solidaires de façon égale des travailleurs partout dans le monde, sont donc moins solidaires des travailleurs locaux, en Europe ou en France, que ne le sont les partis qui sont nationalistes et que les médias appellent « d’extrême droite ». Sur ce point fondamental de défense des intérêts des travailleurs locaux, les partis politiques nationalistes, appelés « d’extrême droite », pourraient être situés vers la gauche de l’axe gauche-droite. Par contre les partis politiques nationalistes, appelés « d’extrême droite », rejoignent les grands partis de droite quand ils sont favorables à l’augmentation du temps de travail et à d’autres mesures favorables aux entrepreneurs. C’est la raison pour laquelle les partis politiques nationalistes, appelés « d’extrême droite », doivent en définitive être situés plutôt vers le centre de l’axe gauche-droite. Mais moins à droite que les grands partis de gauche (!) qui soutiennent le mondialisme avec la globalisation et ses conséquences néfastes pour les travailleurs européens.

Les exemples donnés dans le graphe pour illustrer les orientations de « gauche », « droite », « extrême gauche », « extrême droite », se réfèrent aux politiques français.

Mais bien entendu, l’analyse du positionnement politique des partis de soi-disant « gauche », soi-disant « droite », soi-disant « extrême gauche », soi-disant « extrême droite » peut-être effectuée de la même façon dans les autres pays de l’UE.

Le positionnement des politiques selon ces deux axes peut être discuté encore plus loin, de façon plus précise, en prenant en compte d’avantages d’autres détails venant soit de l’observation de ce qu’ils ont fait, pour ceux qui sont ou ont été au pouvoir, soit des propositions qu’ils font. L’essentiel est de retenir que la simple analyse selon l’unique axe gauche-droite, qui est une habitude archaïque du langage, ne permet pas de dresser un schéma de positionnement politique des politiques ou des partis politiques.

Un troisième axe, pour représenter une troisième dimension de positionnement des partis politiques, pourrait être ajouté à ce graphe : celui du positionnement selon d’un coté la DÉMOCRATIE (qui défend en priorité la volonté de la majorité des citoyens) et de l’autre l’ANTIDÉMOCRATIE (qui une fois au pouvoir agit selon l’idéologie de son parti ou selon ce que lui dictent les lobbies au lieu d’appliquer scrupuleusement, dans toutes les décisions, la volonté de la majorité des citoyens). Le positionnement selon cet axe est aisé pour deux groupes politiques, mais malaisé pour les autres, puisque tous les partis politiques n’ont pas eu l’occasion de montrer quel est leur comportement une fois arrivés au pouvoir.

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