Pass sanitaire, l’étrange « normalité » pour le festival d’Avignon

par Régis DESMARAIS
mercredi 5 mai 2021

Le 75ème festival d’Avignon aura bien lieu, ce sera un festival « normal » avec un Pass sanitaire obligatoire. Terrible prise de position d’Olivier Py, le directeur du festival, qui considère « normal » le totalitarisme actuel.

L’Art est souvent dérangeant pour un pouvoir car la création ne souffre pas du conformisme. Non seulement les artistes ont tendance à dénoncer des formatages qui étouffent toute pensée novatrice mais ils ont souvent la fâcheuse habitude de dire tout haut ce que beaucoup pensent tout bas : ils dénoncent les impostures et les pouvoirs illégitimes, indignes et criminels.

Hélas, l’Art peut aussi devenir la pire des abjections en soutenant servilement un régime politique et cautionnant ainsi son totalitarisme. L’Art devient art officiel et art de propagande. La scène artistique est alors occupée par des parvenus prêts à tout pour ne pas perdre leur titre, leurs avantages et leurs petits arrangements qui leur assurent une position sociale dans le régime et une reconnaissance officielle, même si cette reconnaissance est avant tout celle de la part vile de leur âme ou de ce qu’il en reste.

La normalité selon Olivier Py

Olivier Py a récemment déclaré sur France Info que la 75ème édition du Festival d'Avignon aura lieu du 5 au 25 juillet 2021 et a indiqué que les annonces du déconfinement faites par Emmanuel Macron sont « favorables à la possibilité d'un festival, je dirais même un festival normal ». Cette 75ème édition sera celle d’un festival normal mais avec un Pass sanitaire obligatoire. La normalité d’Olivier Py est donc celle où la norme est soit de passer un test qui la plupart du temps est erroné et incapable d’identifier des malades, soit de se faire injecter un produit expérimental, dont on ne sait rien des effets à moyen et long termes, un produit qui n’empêche pas d’être contaminé et contaminant, qui entraîne les formes les plus graves de la maladie en cas de contact avec un variant (cela ressort des propres écritures du ministre de la santé dans son mémoire en défense produit au Conseil d’Etat dans l’affaire de l’octogénaire vacciné qui croyait à un retour à la « normale »), et surtout un produit dont les effets secondaires, y compris mortels, ne cessent de croître. La normalité d’Olivier Py ressemble à une normalité folle, perverse et irrationnelle. C’est surprenant et pour mesurer la surprise et l’incohérence d’Olivier Py avec le sens de ce qu’il programme, il suffit de jeter un regard en arrière, plus précisément en 2016.

Olivier Py comprend-il le sens de ce qu’il programme et déclare ?

En 2016, le festival d’Avignon a proposé à Ivo van Hove de produire un spectacle dans la cour d’honneur du Palais des papes. Le metteur en scène a choisi Les Damnés, librement inspiré du scénario de l’éblouissant film de Luchino Visconti. Dans cette œuvre, le spectateur assiste à la déliquescence de la famille Essenbeck tandis que les nazis triomphent en Allemagne. Cette famille d’industriels a bien compris comment protéger ses intérêts financiers et matériels : il faut s’allier au nouveau régime et donc au Führer. Pour ce faire, il est nécessaire de bannir la morale, l’éthique, l’empathie pour les victimes et surtout chasser toute notion d’honneur si contrariante avec la putréfaction morale et les crimes du nouveau régime. Les Essenbeck assassinent leur patriarche qui déteste Hitler et devient gênant. L’assassinat commis, les intrigues, les manipulations, les trahisons et les meurtres vont se succéder comme procédés normaux pour maintenir des acquis sociaux et matériels qui seuls comptent et prévalent sur la vie des (autres) hommes. Aujourd’hui, en acceptant d’imposer le Pass sanitaire comme condition d’accès au festival d’Avignon, Olivier Py se révèle en digne enfant moral de cette famille décadente, car aujourd’hui, il cautionne, accepte et soutient ce que sa programmation dénonçait en 2016 et même ce que la fin de sa mise en scène du Roi Lear dénonçait dans ses ultimes séquences de fusillades. Olivier Py comprend-il le sens et le message des œuvres qu’il programme ou n’est-il qu’un directeur de festival superficiel et incapable de toute pensée autonome, libre et hors formatage ? Pour Olivier Py, les œuvres ont-elles une profondeur où ne sont-elles que des surfaces planes sur lesquelles réfléchissent l’égo d’un directeur de festival et les artifices et les médiocrités d’une modernité formatée sur le plus petit dénominateur commun ?

Considérer que le festival d’Avignon 2021 sera un festival « normal » alors qu’un Pass sanitaire sera exigé pour y avoir accès revient à placer la normalité dans un nouveau régime, un régime absurde qui impose des mesures absurdes et non scientifiques, un régime totalitaire qui trahit la Constitution de ce pays, la République et les Français.

Choisir son camp

L’honneur d’Olivier Py aurait été de refuser ce Pass sanitaire, de ne pas considérer que ce Pass puisse être associé avec la normalité. La panache d’Olivier Py eût été de rejoindre tous ceux qui dans l’histoire ont refusé de se compromettre avec un régime totalitaire ou du moins, en roue libre. Je sais que les artistes, les intermittents du spectacle et tous ceux qui bénéficient du festival ont besoin de ce festival comme le public a besoin de se rencontrer, de rencontrer les artistes, de découvrir des œuvres. Ces besoins peuvent-ils s’accommoder de la compromission que représente le Pass sanitaire, antichambre de la vaccination obligatoire ? Ceux qui répondent oui à cette nécessaire compromission, et c’est leur droit, peuvent se séparer de leurs ouvrages dénonçant le basculement fasciste de l’Europe dans les années 30 et l’horreur du régime hitlérien. Ceux-là ne peuvent plus se targuer de cette phrase devenu slogan « Plus jamais ça ! », ceux-là peuvent réhabiliter tous les artistes qui ont cautionné les décisions du régime nazi pour des raisons identiques aux motivations de ceux qui acceptent « la nécessité » du Pass sanitaire. Ceux qui pensent qu’imposer le Pass sanitaire au festival d’Avignon est un moindre mal doivent cesser de jouer la comédie, leur masque peut tomber et il tombe. Pour ceux la, la mascarade est terminée, ils peuvent se dispenser de se référer aux droits de l’homme, au respect de l’autre, à la fraternité. Désormais, ils servent et cautionnent une pensée totalitaire. Olivier Py est du mauvais côté et l’Histoire retiendra cette compromission, car aujourd’hui, toutes les études scientifiques sont disponibles pour démontrer que la vaccination et les mesures de distanciation sociale sont inutiles et parfois dangereuses. Aujourd’hui, on ne peut pas se réfugier dans la position de celui qui ne sait pas et ne pouvait pas savoir. Toutes les informations pour éclairer chacun sont disponibles. Demain, la justice mettra ces individus face à leur désastreuse prise de position.

Entrer en Résistance

Olivier Py a le droit de considérer le Pass sanitaire comme un mode de fonctionnement « normal » de la société et notamment du festival d’Avignon. En acceptant cette normalité, il a choisi son camp et son camp est celui du pouvoir en place. Le public devra lui aussi choisir son camp et son camp peut être le refus de ce Pass sanitaire. Refuser cette création indigne d’une démocratie, c’est désormais entrer en Résistance. Entrer en Résistance, ce n’est pas entrer en conflit avec les artistes, les restaurateurs, et tous ceux qui ont besoin de travailler. Entrer en Résistance, c’est défendre des valeurs, une vision de la société et se serrer les coudes en traversant une période difficile mais en n’acceptant jamais de cautionner les délires totalitaires qui nous sont imposés. Entrer en Résistance c’est donc renoncer à se rendre au festival d’Avignon. Entrer en Résistance, c’est dire non au Pass sanitaire, non au couvre feu, non aux masques en plein air, non à l’interdiction des traitements, non au vaccin obligatoire. Quand je réentends la déclaration d’Olivier Py, je mesure ce qui le sépare de Max Jacob et de cette Armée des ombres, magnifiée par Melville. Je mesure aussi à quel point il est difficile de se lever pour s’opposer à l’horreur. Plus le temps passe, plus il est urgent de prendre position et de refuser ce qui nous est imposé. Il est désormais impératif de choisir son camp et d’entrer activement en Résistance. La démocratie, les droits de l’homme, le respect des autres et de la vie valent bien plus que notre confort matériel. Aujourd’hui, la vraie fracture de la société se situe entre le camp de ceux qui cautionnent le pouvoir totalitaire en place et ceux qui le dénoncent et demandent la fin de la folie en cours. Les autres clivages ne font plus sens, n’ont plus d’intérêt et sont obsolètes. Une chose est sûre, le 75ème festival d’Avignon, l’accès aux restaurants, aux bars, aux musées, aux plages, tout cela ne sera jamais « normal » avec un Pass sanitaire imposé car ce Pass sanitaire est une ignominie au regard des valeurs de notre République.


Lire l'article complet, et les commentaires