Pédophilie attention danger aux libertés ?

par esca2008
mardi 21 août 2007

Ou pourquoi à partir d’affaires malheureuses on arrive à des emballements inquiétants au sommet de l’Etat.

Pour apporter tout d’abord une précision, je tiens à souligner qu’il ne s’agit pas ici de dédouaner ou de déculpabiliser les pédophiles de leurs actes, simplement d’examiner en quoi les réactions au plus haut niveau de l’Etat à l’affaire d’Enis semblent préoccupantes.

Tout d’abord le pédophile est-il humain ?

C’est un peu la première question qui me vient à l’esprit après avoir entendu les déclarations de notre président. En effet, dans sa bouche c’est le mot prédateur qui est utilisé.

Soyons clair sur un point, un pédophile est avant tout humain, le terme prédateur paraît donc ici inapproprié.

Le glissement sémantique s’il est courant dans ce genre d’affaire dans la bouche de nombreuses personnes n’en restent pas moins gênant de la part de la plus haute autorité de l’Etat. En effet, M. Sarkozy n’est pas à un comptoir de bar, il est le président de tous les Français et qu’il le veuille ou non, une majorité des pédophiles en France sont Français, il est donc leur président.

Comme dit auparavant, ils sont aussi humains ce qui leur donne de ce titre certains droits comme les droits de l’homme. En effet, si on utilise l’atrocité de certains actes pour justifier des atteintes aux libertés d’une personne comme le droit à un procès équitable, nous ouvrons la porte à des dérives dangereuses.

Après ces questions plus sémantiques, attaquons le vif du sujet, à savoir les réactions de notre président étudiées à travers deux prismes, la loi avant la loi et la peine plus que la peine.

La loi avant la loi.

Le président a donc promis une loi pour le mois de novembre qui prévoira des sanctions plus dures pour les multirécidivistes.

Tout d’abord, le président ne fait pas la loi, il est donc étonnant que Nicolas Sarkozy nous parle d’une loi non écrite qui n’existe que dans sa tête, qui n’est pas voté par le parlement et dont les décrets d’applications n’existent, par conséquent, pas.

Là où cela devient même franchement effrayant, c’est que sur la base de cette hypothétique loi, la création d’hôpitaux fermés est prévue, or notre présidant a déjà annoncé l’ouverture d’un de ces hôpitaux.

Question bête qui me vient à l’esprit, et si la loi n’était pas votée, et si les députés amendaient le texte pour ne pas autoriser ces hôpitaux, si le Conseil constitutionnel censurait le texte si le chantier prenait du retard ?

Magie de notre président, la loi n’existe pas, mais est déjà appliquée, dans quel Etat vit cet homme, quelle est la conception des pouvoirs qui l’habitent ?

Si on considère qu’une loi est votée et mise en application dès que le président le veut, alors nous ne sommes plus dans une démocratie.

Il est tout bonnement ahurissant de voir une personne prendre des mesures pour faire appliquer une loi inexistante.

Si le président le demande, devrons-nous tuer tous les pédophiles en prison et examiner par la suite la justice de cette action ?

Une telle conception du pouvoir apparaît extrêmement dangereuse dans une démocratie.

La peine plus que la peine.

Si on s’attache aux déclarations de notre président, ce sont principalement des idées sur l’application des peines pour les pédophiles qui émergent.

La première c’est la purge complète de leur peine. Si les déductions de peine sont un droit pour chaque détenu, il semble possible d’ôter cette possibilité pour les détenus dangereux, il n’en reste pas moins que quand une personne a purgé sa peine, elle est libre, elle a payé ce qu’elle devait à la société.

Le président innove sur ce dernier, sur l’avis d’un conseil de médecin, une personne pourrait se retrouver dans un hôpital fermé pour se faire soigner.

Deux questions dès lors émergent.

Peut-on obliger une personne à se soigner ?

A mon avis non, forcer une personne à subir une castration chimique ou un traitement hormonal est une idée aberrante. On rejoint ici l’idée même de personne humaine, on ne peut pas forcer une personne à subir un traitement.

On a le droit à l’hôpital de refuser des traitements, toute personne à la liberté de choisir si elle sera soignée ou non, la prison est une privation de liberté pas une privation de droits.

Quel que soit le crime, on ne peut pas forcer une personne à accepter un traitement non voulu, de plus un traitement non accepté est moins efficace qu’un traitement voulu.

Le fait d’avoir affaire à un pédophile permettrait-il à l’Etat de passer outre toutes les règles normales de notre République ?

Le statut spécial accordé aux prisonniers dits terroristes aux Etats-Unis montrent bien ce problème. Aucun acte même le plus atroce ne saurait servir de justification à l’abandon par la société des droits sur lesquels elle est fondée, sinon nous ne sommes plus dans un Etat de droit.

Qu’appelle-t-on une peine ?

Si une fois la peine écoulée, on garde une personne emprisonnée alors il y a deux solutions : soit la peine n’est pas écoulée, soit c’est une détention illégale.

Ainsi donc un collège de docteurs pourrait décider si oui ou non une personne devra rester enfermé jusqu’à la fin de sa vie.

Notre président fait donc plus confiance aux médecins qu’aux juges.

Pour conclure, je voudrais rappeler le souvenir de l’affaire d’Outreau, dans cette affaire jusqu’aux premiers jours du procès pour la France entière, les accusés étaient pédophiles, avec de telles lois, quel aurait été leur sort. Des psychiatres affirmaient que les enfants avaient raison, on les disaient pédophiles, on en venait à les savoir pédophiles.

Aux Etats-Unis, les restrictions aux libertés ne devaient s’appliquer qu’aux terroristes, puis on s’est aperçu qu’elle s’appliquait aussi aux suspects d’acte terroristes et, au final, elles s’appliquaient un peu à tout le monde.

Ou arriverons-nous si nous laissons de telles dérives s’installer, normalement le temps de la loi doit être serein et calme, espérons qu’une fois le drame d’Enis passé, la tempête s’apaisera et que des décisions plus sereines seront prises.

Je l’espère vraiment pour notre démocratie.

Source : déclaration du président Sarkozy :

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