Pénal : la politique du pire ?

par Formule4
mardi 17 juillet 2007

On peut généralement faire dire n’importe quoi aux chiffres. Cependant, en voici deux qui font peur : 60 000 détenus pour 50 000 places de prison. C’est l’effarant résultat de la pseudo politique sécuritaire qui sévit en France depuis douze ans. Vit-on donc bien mieux ? Plus en sécurité ? Y a-t-il moins de violence ?

Comme je le lisais quelque part, lorsqu’un remède a prouvé son inefficacité, il suffit d’augmenter la dose.

Et c’est bien ce qui est en train de se produire. Loin de la fanfare tumultueuse du débauchage gauche droite, le gouvernement, Nicolas Sarkozy plus exactement, est en train de transformer en "loi" de la République ses fantasmes faits de punition et de souffrance.

Doigt sur la couture du pantalon, nos sénateurs ont donc voté les peines « plancher ». Des lois qui évacuent les circonstances, les conditions, les personnalités des prévenus, pour se concentrer sur la comptabilité des mois ou des années de prison.

C’est une atteinte à la séparation des pouvoirs puisque le juge ne pourra plus guère adapter la loi, qui traite du cas général, aux cas particuliers des affaires auxquelles il est confronté. Sauf à travailler plus pour ne pas gagner plus (et se faire gronder par l’homme orchestre !), il suivra la peine plancher, comme si l’augmentation de la détention était la réponse à une méthode d’enfermement qui a prouvé son inefficacité.

Certains diront que les méchants l’avaient bien mérité, qu’ils n’avaient qu’à pas recommencer et que c’est bien fait pour eux, qu’on ferait mieux de penser aux victimes plutôt que de se mettre du côté des délinquants. Or, ces remarques sont parfaitement adaptées lors d’un procès, puisque c’est là que les humains se retrouvent concrètement, victimes, prévenus et magistrats, accusateurs et défenseurs.

Mais une politique pénale ne doit pas s’appuyer sur l’émotion publique, même légitime dans certaines affaires. Elle doit avoir une vue globale des problèmes et remédier à l’avenir. Sinon c’est le retour au Moyen Age et au brûlage des sorcières.

Et c’est surtout un déni de sécurité.

D’un point de vue comptable, maintenant, cette « réforme » va-t-elle rendre la société moins brutale et plus sécurisée ? Le fait d’enfermer plus longtemps, sans chercher les causes de la délinquance, est-il une solution de sécurité pour éviter de futures victimes ? Est-ce parce qu’on vient d’écraser le moustique qui vient de vous piquer que l’on peut se sentir débarrassé des moustiques ?

Car, la loi étant mal faite, il faudra bien relâcher ces récidivistes (tous ne sont pas condamnés à perpète). En les enfermant plus longtemps encore, et de façon automatique, dans les conditions qui sont celles des prisons du peuple français (la justice est rendue au nom du peuple français, donc en votre nom cher internaute, ne l’oublions pas), peut-on espérer qu’ils seront plus gentils après ?

On voit tout de suite le côté infantilisant, réducteur et simplificateur de ce discours politique ultra répressif qui est tout à l’opposé d’une politique sécuritaire qui voudrait diminuer la violence.


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