Pénurie d’essence : un avant-goût de la fin du Pétrole

par Christophe Bugeau
mercredi 25 mai 2016

Avec 3000 stations fermées sur 12 000 et nos 8 raffineries en Grève, le gouvernement qui assure qu’il n’y a pas de pénurie s’est mis dans de beaux draps ! Or, s’il est possible de faire cesser les mouvements sociaux en retirant la loi travail, il est nécessaire de se saisir de cette occasion pour faire le point sur l’avenir du pétrole, cette denrée qui nous est si chère (à tout point de vue).

Rappelons d’abord que la production mondiale de pétrole classique a atteint son pic en 2005 (officiellement 2006 selon l’Agence Internationale de l’Energie). Depuis la production à peu augmentée et uniquement grâce aux pétroles non conventionnels (pétrole de schistes ou en eau profonde).

La production mondiale de pétrole qui tend difficilement à satisfaire la demande ces dernières années (nous avons frôlé en 2008 une première pénurie d’où le pic maximum à 138 $), a commencée depuis 2 ans à être provisoirement supérieure à la demande : le pétrole de Schiste américain (qui permet à ces derniers d’être moins dépendants de l’extérieur) l’explique en grande partie. D’où une baisse des prix, alors que ces dernières années, ils tournaient autour de 100 $ le baril, ils sont tombés au plus bas à environ 30 $ début 2016 et sont remonté aujourd’hui à 50 $.

Le problème est simple pour que le pétrole de Schiste soit rentable, le prix doit tourner au-dessus de 60 $ le baril sinon c’est la mise en faillite des entreprises américaines et donc une tension nouvelle sur le marché.

En fait, nous sommes sur un plateau de production à environ 84 millions de Barils/jours. Mais la baisse de la production de pétrole classique (environ 55M/B/J) est compensée par les pétroles de Schistes notamment américains. Les Etats-Unis sont devenus le premier producteur mondial de pétrole grâce à cela avec 11M/B/J soit 13 % de la production mondiale.

Petit problème technique, l’injection d’eau et de produits chimiques à haute pression provoque de gros dégâts environnementaux et surtout ce pétrole n’est guère viable à long terme : il coute assez cher à produire (or l’on utilise les puits les plus rentables en premier) et ce prix ne peut qu’augmenter

D’où la politique de l’Arabie Saoudite qui patiente pour voir quand va commencer à diminuer la production américaine pour reprendre le premier rang mondial. Le souci c’est que même le Brut Saoudien n’est plus ce qui l’était : les gisements géants (Ghawar) sont en train de fermer et ne reste plus que des gisements plus petits avec des pétroles de moins bonne qualité (jusqu’à 7 % de soufre).

Pour un pays comme la France qui importe 90 Millions de tonnes par an (dont 30 Millions pour les voitures et 20 millions pour les autres véhicules), c’est ennuyeux ! Car une baisse de production mondiale inéluctable, alliée à une hausse de la demande de l’Asie, cela signifie un sérieux serrage de vis pour nous.

Il va falloir diminuer notre consommation et il faudra rapidement que nos constructeurs se concentrent sur des véhicules plus sobres au lieu de laisser ces derniers prendre de l’embonpoint. L’avenir est bien au véhicule à 2 L et nous avons besoin d’une politique claire et forte de rationalisation de notre utilisation du pétrole, sinon nous n’avons pas fini de faire la queue à la pompe ! 


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