Petit A B CEDAIRE des élections : E comme « EMPÊCHEMENT »

par carnac
jeudi 16 mars 2017

Ne risquons-nous pas de faire face, non à un empêchement du futur Président prononcé par le Conseil Constitutionnel, mais à son empêchement politique DE FAIT, quel que soit le choix sorti des urnes ? Est-ce que les électeurs ne vont pas tenter d’instaurer un contre-pouvoir, après l’élection présidentielle, faute d’avoir eu la chance de voir élu leur candidat « de cœur » ?

Même si les urnes ont désigné « leur candidat » Peuvent-ils lui faire confiance s’il est élu avec 30% des votes au premier tour de la présidentielle, non compris les abstentions ?

Le passé récent instille le doute : Monsieur SARKOZY a été éliminé par son propre camp lors de la primaire de la droite pour n’avoir pas été suffisamment « de droite » pendant son premier mandat et Monsieur HOLLANDE a jugé plus prudent de se désister pour ne pas subir le même sort à gauche.

Dans ce contexte, où les partis traditionnels sont en décomposition, l’élection législative pourrait prendre un relief particulier. Examinons les hypothèses.

Marine LE PEN est présidente, je ne vois pas les électeurs de Macron à Mélenchon lui donner une majorité à l’Assemblée.

François FILLON est président  : il a prévu une blitzkrieg contre les composantes de gauche de l’électorat comme le confirme son intervention devant le patronat.

Comme il a perdu toute crédibilité morale il se heurtera au refus d’une austérité qu’il ne s’applique pas à lui-même tant à l’extrême droite qu’à gauche.

Emmanuel MACRON est président, il n’a pas de parti mais un mouvement qui engrange les ralliements de professionnels de la politique de droite comme de gauche.

Qui nous dit que son programme sera respecté ? Rien. Les risques de tension sont en effet nombreux entre les deux composantes de ce qui sera devenu « la majorité » présidentielle .

Le « ET » de droite « ET » de gauche risque d’indisposer selon les cas ET les macronistes de gauche ET les macronistes de droite ainsi que leurs électorats respectifs.

L’électeur macroniste peut donc être tenté de revenir à son vote de cœur franchement à droite ou franchement à gauche, selon le cas, pour contrebalancer la composante adverse du pouvoir du Président.

Benoit HAMON est élu président, la droite de Marine LE PEN à MACRON n’acceptera pas d’être privée de l’ « alternance » au pouvoir. La gauche de Monsieur MELENCHON a une composante radicale qui ne se pliera pas forcément non plus au regroupement des forces et les valsistes abandonnent le navire PS, malgré les promesses de la primaire.

Monsieur MELENCHON a lui aussi un mouvement mais pas de parti : il a une implantation intéressante dans la population notamment chez les jeunes mais pas dans l’hémicycle et il n’est pas certain que les électeurs du PS de Monsieur HAMON acceptent de lui prêter main forte bien que ces deux sensibilités résolument de gauche soient proches de la majorité, trop de rancoeur ?

Lors du prochain débat télévisuel, Monsieur MELENCHON contraindra-t-il les autres candidats à se positionner sur la réforme constitutionnelle qui seule pourrait  redonner un sens au vote des électeurs et éviter les blocages inhérents à notre organisation représentative.

L’idée est dans l’air de longue date, mais le problème c’est que tout le monde n’est pas d’accord sur le modèle de République à retenir comme l’avait très bien résumé SLATE.fr en 2013.

Monsieur MELENCHON ne manquerait pourtant pas d’arguments pour faire remarquer que la représentation n’a plus rien à voir avec ses représentés :

Le processus même d’élaboration du programme de la France insoumise pourrait être une bolée d’air pur dans cet environnement si MELENCHON ne fait pas du MELENCHON mais crédibilise sa "présidentialité" en laissant à sa "constituante" le choix entre un amendement de la Vième république et une VIième république.

Autre sujet qui lors du débat télévisuel pourrait permettre de faire le choix du futur président : Le domaine international et notamment la question européenne qui fait débat.

Si se rejoue en 2017 le NON à l’Europe du marché de 2005, et le OUI à une Europe sociale que Martin SCHULZ en Allemagne pourrait remettre à l’ordre du jour, il faudrait que la France lui propose un interlocuteur aussi germano compatible que possible mais lequel et avec quelle majorité législative lui permettant d’être un partenaire fiable ?

La législative apparait donc l’élection la plus importante du prochain quinquennat, contrairement à ce que l’on a vécu dans les années antérieures bi-partisanes.

Cette élection peut bloquer la gouvernance du pays en faisant du prochain président un Président politiquement « empêché » sauf à abuser du 49.3 ce qui ne pourra qu’heurter le Pays.


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