Petit vocabulaire personnel : anarchisme2

par alinea
mercredi 2 janvier 2013

J'aimerais continuer la liste des choses jamais déconstruites, acceptées comme des évidences dans notre société, sans prétendre à en faire le tour.

Nous avons vu ou lu une vingtaine d'articles, maintenant une trentaine au moins, sur « le cas Depardieu ». J'en ai lu peu, il se peut que je me trompe, mais ne figurait pas au nombre des reproches le suivant : le cinéma ! Comment se fait-il que le cinéma puisse payer aussi cher ses acteurs ? Un nom fait vendre ; pour moi, cela n'est donc pas du cinéma, au sens de l'art, mais de la publicité. Le cinéma publicitaire attire les foules, et je me suis laissé dire que les places aujourd'hui frisaient les dix euros : ( la crise ?). Sans être communiste(!) on pourrait imaginer un cinéma de créateurs à pot commun ; celui qui remporte le jack-pot d'entrées – 5 euros maxi- met dans le pot du créateur marginal et non moins génial ! Les acteurs ainsi ne seraient plus payés aussi chers ( et je ne parle pas de tout le système de subventions...), ne seraient plus soumis à l'impôt sur la fortune, ne trembleraient plus comme Françoise dans sa grande maison et resteraient en France ! Non ? Un musicien, dont le travail pour atteindre la perfection dépasse le sacerdoce, reçoit des bons cachets s'il a été convenablement médiatisé, subventionné aussi, mais sa présence obligatoire- comme celle des comédiens- empêche l'indécence des gains anticipés et sans risques ! N'oublions pas que le cinéma a été un divertissement des pauvres, puis un art sans grands moyens ; le voilà devenu une gabegie de fric

Donc le cinéma ne paye ses acteurs que parce qu'il spécule sur le succès d'un produit que ceux-ci vendent bien. Quand nous aurons déboulonner le capital ! Le problème ne se posera plus.

Mais chacun s'est indigné dans son style, plus ou moins convaincant plus ou moins plaisant ; fermons la page, passons à autre chose, demain, c'est sûr viendra un événement qui nous indignera.

Pour faire le lien entre Depardieu et l'agriculture dont je parlais, il serait temps de s'intéresser à ce qui se passe dans nos campagnes ! Les publicitaires de tout poil ont acquis des propriétés hors de portée des agriculteurs ( sans susciter le moindre étonnement ni la moindre indignation) ; acheter un vignoble de grand cru n'empêche pas le travail de la vigne, avec sa hiérarchie des tâches, y compris le travail saisonnier donné naguère aux espagnols puis aux maghrébins, aujourd'hui de plus en plus aux français ; il n'empêche pas le génie de l' oenologue qui fait le vin ; mais d'autres s'achètent leur paysage et leur tranquillité, ferment les chemins, clôturent parfois bois et garrigue ; les terres cultivables sont louées et les locataires, qui ne sont pas régisseurs ni fermiers au sens strict, tirent le diable par la queue et plutôt qu'entretenir les terres, ils les pillent. Dans ce monde de l'immédiateté, penser à demain est déjà incertain mais penser à la génération suivante ne rentre plus dans le schéma neuronal de ceux qui sont dorénavant des exploitants. L'agriculture a suivi, de très près, le chemin de l'industrie, et malgré l'échec cuisant qui nous en coûte, nul ne songe à faire machine arrière.

...Pour en revenir à la justice, il est facile, gratuit d'attaquer, le service est public ; pour peu que vous soyez convaincants, celui que vous accusez sera convoqué, passera en jugement, sera condamné : mais, pour se défendre, on passe au privé, et on paye ! Le service public n'est pas là pour « défendre » ! Et ne me parlez pas des 356 euros donnés à l'avocat comme « aide juridictionnelle ». Pour ce prix là, l'avocat ne regarde même pas votre dossier- qu'il n'a pas- avant le procès !

...Et d'autres bien sûr, « les fonctionnaires assermentés »( mentir à la barre en étant sûr d'être cru ?), « nul n'est sensé ignorer la loi ».( même les juges ne « la » connaissent pas).. sans parler des problèmes de fond qui sont aujourd'hui mis en lumière- les valeurs qui nous ont bâtis, à notre insu, méritent un article à elles toute seules- ! tout est à déconstruire avant d'adhérer, tout est à décortiquer avant de se l'approprier : c'est le premier pas nécessaire à la pensée autonome.

 

Les décroissants sont-ils anarchistes ?

On peut dire de manière certaine que les anarchistes sont décroissants.

Il paraît qu'il ne faut pas employer ce mot ! Il fait peur, quoi ? Revenir à la bougie ? Vous n'y pensez pas.

Et pourtant, que ce mot est joli et que ce mot est bon : il évoque la première loi naturelle, que même l'homme ne saurait contourner : après la croissance, l'apogée, derrière l'apogée, la décroissance. Et ce n'est pas simplement vrai pour la lune : c'est vrai pour toutes les civilisations, vrai pour tous les pouvoirs, vrai pour tous les destins.

Les décroissants proposent de transformer le déclin en une décroissance non-violente, maîtrisée, voulue ; en connaissance de cause, en toute responsabilité, avec intelligence, une fois le constat fait, une fois tirées les leçons de l'histoire. Préférer vouloir que subir.

La décroissance est anarchiste ; quant aux hommes qui la professent et/ou la pratiquent, la plupart d'entre eux le sont à coup sûr !

 

Dominance. Domination

Au commencement est la nécessité : la survie.

Assurer la sécurité du troupeau : en assurer la cohésion. Ce sera la responsabilité de quelques-uns, selon un principe simple et universel : l'efficacité. Les protecteurs seront choisis pour leur force intérieure, leur sagesse. K.F.Hempfling explique que l'étalon ou la jument de tête ne sont pas les plus beaux, rarement les plus forts physiquement mais émanent d'eux une puissance, une intelligence qui sont les mérites pour lesquels ils sont acceptés ( il est à noter que certaines sociétés claniques fonctionnent de cette manière : l'Afghanistan par exemple). Ils auront le devoir d'être toujours en éveil, ils initieront les mouvements de fuite au moindre danger, les transhumances. Les autres, le troupeau, seront peinards, paîtront ou joueront en confiance. Nous observons cela aujourd'hui chez nos troupeaux domestiqués qui vivent en semi-liberté.
L'homme éleveur, en négligeant l'observation de son troupeau, déplace et regroupe des animaux qui « ne peuvent pas » faire troupeau ; c'est la pagaille ; chez les taureaux semi-sauvages, cela peut aller jusqu'au meurtre.

Le dominant en place n'y est pas à vie ( sauf : lisez, c'est magnifique : « Le poids du papillon » d' Erri De Luca), d'autres se « proposent » ; dans la majorité des cas, l'ancien se soumet après un combat symbolique. Quant au reste du troupeau, il n'y a pas frustration, la dominance n'étant pas un pouvoir, mais une protection, une responsabilité que peu de membres briguent.

Je voudrais faire là une petite digression : la féodalité, autant que je puisse en juger, était élaborée à partir de ce principe de base ; il y a eu deux problèmes fondamentaux qui en ont fait la dérive que l'on sait : d'une part, la succession filiale imposée, d'autre part la « perversité » de l'homme qui a très vite transformé un devoir en un droit. Un pouvoir donc, et bien sûr ses abus. Je ne suis en aucun cas nostalgique de la féodalité, mais je note que cette hiérarchie semble être celle la plus proche du modèle animal. Il est à noter également que cette organisation est celle de proies or l'homme est proie et prédateur à la fois. Ceci expliquant peut-être cela.

Revenons à notre troupeau, la dominance n'y est pas pouvoir, cependant, l'étalon, par « principe de précaution » et par capacité d'anticipation, pourra tuer une « jument folle » qui met tous les autres en danger.

J'ai observé pendant une quinzaine d'années la vie et la hiérarchie d'un troupeau d'une petite centaine de bovins semi-sauvages vivant en semi-liberté.

La chose la plus frappante est la connaissance de soi  ; aucune vache craintive n'aura l'idée de rivaliser avec une vache dominante, ni la courtiser, ni la servir. Aucune vache dominante n'aura l'idée de se défiler.

L'étalon est dominant mais chacun rêverait de rencontrer un dominant tel que lui, mais j'ai déjà eu l'occasion d'en parler ici.

Leur hiérarchie est très visible l'été, quand les mares et les ruisseaux sont à sec et que je dois les abreuver dans des bacs. D'abord le tau avec les vaches favorites ou dominantes, tous acceptant les veaux ; puis une hiérarchie changeante entre bêtes du même rang, à la fin, les derniers, les craintifs. À n'en pas douter ceux-ci, dans une existence moins protégée, seraient les proies privilégiées des prédateurs locaux. ( qui, cela ne vous aura pas échappé, n'existent plus !)

Une petite parenthèse encore, l'homme proie d'une part, prédateur de l'autre, quand il tue, avec son fusil, peut tuer une mère, ou le dominant. Cela est insensé, ne s'inscrit nulle part dans les lois de la Nature. Ah, c'est vrai, j'oubliais : l'homme est doté de raison, cela fait un peu plus de deux siècles ; pauvre Kant qui voyait tous à son image « Aie le courage de te servir de ton propre entendement » !et cette « raison capable d'entraîner l'humanité toute entière vers un progrès indéfini et vers le bonheur qui lui est dû  » qui ne s'est pas révélée vraiment raisonnable en laissant faire n'importe quoi ! Mais la Raison lui donne toujours raison. Fermer la parenthèse.

Éducation : quand le veau naît, il reste près de sa mère quelques heures, quelques jours, puis, tous les veaux se réunissent sous la coupe bienveillante d'une ou plusieurs primipares ; deux ou trois fois par jour, la mère légitime appelle pour se faire téter, la tétée peut durer vingt minutes, une demi- heure et les veaux peuvent s'endormir là, tout seul, dans un coin. Après le sevrage chaque anouble retrouve sa mère et ne la quitte plus, elle lui enseigne tout, malheureusement dans un langage que je ne comprends pas ; mais j'en vois les résultats et je vois que la fille d'une dominante sera dominante, le fils de la farouche sera farouche. Qui l'eût cru ? Chez les mammifères le problème et sa solution résident là : transmission. Quand la mère met bas à nouveau, le petit est autonome. Jamais la mère n'a fait un geste de compassion, de protection, le petit se doit d'être fort pour survivre, s'il est fragile, blessé ou malade, il mourra. ( petite explication qui n'a rien à voir avec l'anarchisme : dans un élevage en semi liberté d'animaux « sauvages », les veaux naissent entre Noël et mars, un an plus tard, en février en général, l'éleveur sépare les veaux des mères, ils ont entre dix et quatorze mois ; celles-ci se feront saillir entre mai et juillet ; quand les vaches sont pleines, l'éleveur rentre les veaux à nouveau dans le troupeau, c'est alors que chacun retrouve sa mère et ne la quitte plus jusqu'à la naissance du prochain veau ; l'éducation dure donc environ huit ou neuf mois.)

Un couple de col vert sauvages étaient venus s'installer sur notre mare ; leur présence, la beauté de leur vol étaient un cadeau ; un petit mois plus tard, la femelle disparaissait ! Nous allions à pas furtifs la chercher dans les broussailles jusqu'à trouver son nid. Nous nous offrîmes le luxe de clôturer la mare et ses environs pour empêcher quelque chien errant ou ami de la débusquer et le détruire. Un petit mois plus tard, elle sortait suivie de treize petites boules jaunes. Et elle se mit à marcher, marcher, à travers prés et bosquets, jusque dans le bois, traversant les fossés ; le mâle alors disparut. Et chaque jour, nous retrouvions une petite boule jaune, morte, ici ou là. Quand il n'en resta qu'une, la mère regagna la mare, le père revint, et, ensemble ils élevèrent une jolie cane : Rampa !

Les mammifères prédateurs ne font pas comme ça ! Les femelles, après la mise bas et le temps passé à l'intérieur du terrier ou de la couche protégée, caressent, lèchent, jouent avec leurs petits ; pour leur enseigner la chasse elles rapportent le butin, les laissent jouer avec ; un coup de patte au museau au moindre renoncement : tu seras fort mon fils, tu sauras être autonome. Dès que les petits peuvent l'être, après avoir été sevrés et nourris par la mère , celle-ci les rejette dans le clan ou la famille, même si celle-ci est humaine ! et ne veut plus les voir. Une autre portée viendra... Le mâle alpha s'impose néanmoins pour ses qualités identiques à celles que possèdent les proies dominantes, mais il n'a pas de troupeau, il assure la cohésion de la famille, réduite en comparaison du troupeau.

L’homme est un prédateur. L'homme est une proie, la proie encore de grands fauves ( à nuancer), d'acariens cauchemardesques, de reptiles agressifs mais surtout surtout la proie de ses congénères prédateurs. Or l'homme prédateur de lui-même est une anomalie, convenons-en ; mais cette anomalie n'est pas discernée, elle n'induit aucunes mœurs vérifiables : c'est selon ! Notre fameux prédateur n’est pas éduqué comme tel ; on le protège, on l’enveloppe plutôt qu’on ne le tance pour ses couardises ; mais on l’abandonne…( que ce soit par une colère et une violence irrépressibles ou bien par laxisme), la mère n’est pas un guide et plus guère un refuge, elle se contente de mettre des barrières là où pour elle il y a danger, elle le fait pour sa tranquillité, mais laisse son petit dans l’ignorance, elle se substitue à lui pour ce qui est de ses décisions et ne lui apprend pas la responsabilité, elle ne l’éduque pas mais le « dresse » et compte sur le temps qui fera les choses tout seul ; les choses se font certes mais les lacunes sont si grandes et nombreuses que l’adulte humain se construit sur un puits qu’il bétonne soigneusement ou sur un gruyère spongieux ! Il est devenu pusillanime, lâche et du coup s’assure contre tout, se protège car il voit des dangers partout mais il s’expose à d’autres plus grands parce qu’il les ignore ; il suit les voies qu’on a tracées pour lui. Ou bien, il se donne des défis, des revanches qu’il poursuit, peu importe les moyens, et il les réalise.

Ainsi, seuls les dominants éduquent leurs petits comme des prédateurs et perpétuent une « élite », qui n’est bien sûr qu'une élite sociale, d’argent ou de classe ; pourtant ces gens-là sont plus que les autres dépourvus de toute force intrinsèque, leur puissance n’est que l’image donnée par leur rôle, et c'est ce rôle que l'on enseigne à l'enfant, à l’exclusion de toutes autres données constructives.

Cette force intrinsèque, non dévoyée, non perverse, est ce que j’appelle « animalité ».

Être ou vouloir être animal c’est être ou vouloir être sain, adéquat, en harmonie avec notre planète.

Aujourd’hui, l’animal humain ne sait même plus répondre à l’agression d’un de ses congénères, il crie pitié, s’agite, crie et pleure tant et si bien qu’il excite la violence du malheureux en face de lui. Quand on perd sa dignité, on excite le sadisme. Aucun animal sauvage ne se comporte ainsi : le dominé n’est tué que s’il y a des motifs. Du reste, tout le monde sait très bien que les nazis ont dépouillé leurs victimes de leur dignité pour pouvoir les exterminer. En face du bourreau appuyé et autorisé par un pouvoir totalitaire, l’homme digne mérite la torture qui le déstabilisera puis le déshumanisera. Les faibles sont immédiatement exécutés.

L’homme n’est pas au centre de l’univers bien que pour s’en faire accroire, il l’abîme et le viole ; l’occident n’est pas le cœur de la planète, bien qu’il s’y soit efforcé dans son terrorisme hypocrite à avoir raison envers et contre tous et à détruire tout ce qui n’est pas lui. Pour l’instant, au niveau qui est le nôtre, une possible évolution ne passe pas par le duplicata d’attitudes éculées qui ont prouvé leurs faiblesses, leur inadéquation, mais plutôt par une remise en cause sans concession, une volonté de prise de conscience qui ne se laisse pas corrompre, un courage à assumer notre responsabilité. Le monde changera si chacun est responsable de sa vie et ne se croit, en rien, supérieur aux autres. Si on ne regarde plus l’autre comme un objet d’étude ou de dévotion, si on ne le juge ni le classe, si on ne le méprise ni le craint, et que l’on ne se place pas soi-même à l’extérieur, intouchable, supérieur mais qu’au contraire on le voit comme un autre à découvrir, à rencontrer.

Difficile. Car que faire de tous ces petits soldats de l’ordre établi, ces petits hommes et ces petites femmes qui habillent- ou déguisent- leur servilité de zèle et d’obéissance, petites gouttes d’huile dans les rouages qui garantissent le succès des exploiteurs, des législateurs, des dominateurs, d’une société policée et uniformisée où la moindre personnalité non incluse est un danger potentiel ? Que faire de ces milliers- millions ?- d’individus qui perpétuent l’ignominie, l’irrespect, la suspicion et se font fort de faire rentrer tout le monde dans le rang ou bien d’éliminer l’intrus ?

Militer, réfléchir, se battre, pour qui ? Pour ceux qui la veille vous ont dénoncés, conspués ou refoulés des rangs propres et insipides de leurs semblables ?

Ne vaut-il pas mieux s’illusionner ? Ne vaut-il pas mieux rêver ?

Le dégoût qui chaque jour vous prend à rencontrer ces êtres ignorants et serviles mais arrogants et sûrs de leurs bons droits, rend plus agressif que militant, plus haineux que compatissant.

Il n’est point besoin de réfléchir pour comprendre que sans eux, sans ces petits hommes, le pourcentage infime de ceux qui nous dominent aurait fait long feu depuis longtemps ! Le peuple traître, collaborateur est l’ennemi intérieur. L’ennemi niché à l’intérieur de nous-mêmes.

La toute-puissante nécessité animale, non assumée parce qu’occultée, de se sentir intégré dans le groupe dominant fait courber l’échine, sans même le savoir : la collaboration à un régime dictatorial n’est pas le fruit d’une mûre réflexion, d’un pesage précis des intérêts, d’une décision prise en conscience : elle est la pente irrésistible de l’animal homme qui n’a plus sa nature mais n’a pas acquis la culture ! L’état intermédiaire qui, par définition, ne se situe nulle part, vacuité disponible au premier venu qui flatte ou semble sécuriser, est celui de millions d’individus : à ses deux extrêmes, les profiteurs et les libres-penseurs dénués de toute volonté de pouvoir.

 

Il n'est pas besoin de prendre une loupe pour voir que la force que doit déployer les hommes politiques aujourd'hui pour rester droit dans les fonds de bas coups, de rivalités, d'esbroufe ne doit rien à une dominance naturelle mais à une pathologie irréductible qui pousse à l'acquisition du pouvoir. Cette insanité nous fait glisser de la dominance à la domination : pouvoir, et ses abus inéluctables, domination, exploitation sont le versant pervers de l'homme, un petit schisme mégalomane niché dans le cœur de l'enfant ! Il se vêt de séduction, de violence ou d'audaces qui abusent. Nous avions droit jadis à des seigneurs et rois « de naissance » ; ce qui ne garantissait pas la grandeur ! Rois fainéants, rois fous, rois conquérants qui étaient riches des bras en servitude ou grands de chair à canon. Aujourd'hui, muscles bandés sur les starting-blocks, les plus atteints arriveront ! La moindre honnêteté, la moindre loyauté les envoient au fossé !

Certes les dominants gouvernent, guident et parfois protègent mais de moins en moins, le politique ayant laissé la place à l'argenroi.

La caractéristique de la domination qui étouffe et exploite, celle du pouvoir qui toujours va trop loin, est son éphémère ; une fois le dernier feuillet arraché, c'est la chute, brutale, fatale. Aucune résurrection n'est à attendre. Le moment est court aussi faut-il en profiter sans s'encombrer de décence ni de retenue car, le jour viendra du tout au rien abyssal !

Et puisque nous sommes sortis de régimes ou la filiation épargnait la lutte, on recrée le combat sans règles d'honneur.

Le fond du comportement humain est donc tout à fait animal mais plutôt que le sublimer ou lui adjoindre des valeurs morales, on le mine, on l'abaisse, on le rend méprisable. C'est là, dans cette bassesse que l'homme se cherche une place au soleil. Et bien entendu à tous les échelons de notre mode pyramidal.

La nature a horreur des lignes droites, des dessins géométriques, des ordonnances figées ; tout y est mouvements mouvances nuances, rien ne s'y maîtrise.

L'anarchisme est donc naturel ; il ne peut advenir qu'avec un humain sain. Autant dire que son avènement (! !!) n'est pas pour demain quand on voit le peu de progrès fait d'une génération sur l'autre ; mais on comprend très bien aussi qu'une minorité d'éclairés peut entraîner à sa suite une majorité d'hésitants. En effet une grande partie de la population n'a aucune envie de prendre des responsabilités collectives, qu'elles soient politiques ou économiques ; les leurs suffisent à leur bonheur car se prendre en charge soi-même puis sa maisonnée donne assez de soucis et d'inquiétude.

Il est impossible à un cerveau humain de se rendre responsable d'un peuple ; ce fait hautement malencontreux ( et cette volonté pathologique comme on l'a vue) est une anomalie ; mais tous ceux qui préfèrent accomplir une tâche pour se nourrir et nourrir les siens ne sont pas des sous-hommes ; garder l'esprit libre à la sortie du boulot pour d'autres priorités est au contraire une preuve d'équilibre. Faire de ces gens-là la proie de malades mentaux est le signe d'une déliquescence dramatique. Il semble admis que « l'homme est comme ça  », toujours plus, d'argent, de pouvoir, pourquoi ? Pourquoi accepter comme donnée incontournable l'insanité ?

L'occidental et tous les aspirants sont des malades. De deux choses l'une, soit la maladie est incurable et tous mourront, soit on trouve une molécule miraculeuse et on s'en sort : cette molécule s'appelle la conscience. Derrière la conscience, le courage du combat et après le combat la nécessaire victoire de la vie contre le mortifère.

L'anarchisme n'est pas un nivellement, il ne nie pas les paresseux, ceux qui n'ont pas envie ou pas le goût ou pas le talent d'entreprendre, il ne nie pas les dérives possibles de ceux qui le font : juste, le contre-pouvoir du « suiveur » qui ne veut pas pour autant être soumis !

 

Et surtout que je n'entende plus « il fait travailler du monde, il donne du travail » parce qu'il serait possible que 2013 me voit transformée d'anarchiste non-violente en terroriste.

Nous allons très vite être assez grands pour nous donner du travail tout seuls ! ( Coué)

 

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