Philippe Dessertine un « expert » bien gentil...

par Robin Guilloux
samedi 30 mars 2013

Philippe Dessertine donnait une conférence à Bourges, hier au Palais d'Auron, à l'invitation du Crédit agricole Centre Loire. 

Il est difficile de dire du mal d'un garçon comme Philippe Dessertine, tant il semble au dessus (ou à côté) de l'éloge comme du blâme et aussi ardu de saisir le fond de sa "pensée" que d'attraper une anguille (mais je ne suis pas certain que ce soit par "excès de sens").

Car il faut reconnaître que Philippe Dessertine, avec ses cheveux longs (mais pas trop) et ses faux airs d'André Suarès jeune, mais sans les idées "longues" de l'auteur de la Lettre d'un solitaire sur les maux du temps, a un don vraiment précieux par les temps qui courent : celui de faire couler l'eau tiède et de dire aux gens ce qu'ils ont envie d'entendre.

Le public, venu nombreux, a donc applaudi un discours d'expert "décontracté" façon café du commerce et s'est nourri de la "substantifique moelle" des propos rassurants du conférencier : il y a trop de fonctionnaires, les décideurs ont la situation bien en main, les intérêts de la France et de l'Union européenne ne font qu'un, les banquiers n'ont aucun rapport avec la crise et en plus d'un "bon sens près de chez vous", ils sont aussi gentils que les routiers sont sympas et dotés d'un sens particulièrement aigu de l'humain, ce que nul n'ignore, mais il est bon de rappeler régulièrement les vérités essentielles, comme il est bon de rappeler, comme le fait Philippe Dessartine que "les banques possèdent l'argent qu'elles prêtent".

Ledit public sera donc resté sur sa faim (mais peut-être avait-il déjà "mangé") en ce qui concerne les vérités inessentielles comme la situation en Grèce, à Chypre, en Espagne, en Italie, au Portugal... Vous avez dit en France ? Sur l'origine de la dette... Il faut la payer (sans préciser : les intérêts, jamais le principal, n'en déplaise à la cigale !) sur le rôle de la BCE., sur la PAC ... sur l'indépendance de la France (nous sommes trop petits et nous n'avons pas les moyens d'être indépendants, fondons-nous dans l'Empire des étoiles et la force sera avec nous !)... sur le déficit démocratique de l'Union européenne et les suicides d'agriculteurs : le gouvernement français applique de façon trop rigide les directives de Bruxelles (sic !)

Le gentil économiste a aussi quelques trucs dans son haut-de-forme pour résoudre le problème du chômage, de la désindustrialisation et du "manque de compétitivité" de la France, mais à travers un discours qui se voulait pourtant plus agréable que rigoureux, j'ai cru saisir en filigrane les mots "plus de souplesse", "RGPP" et un autre acronyme dont je n'arrive pas à me souvenir (un équivalent technocratique de "Bossez, fermez vos g... et serrez-vous la ceinture"), "modèle allemand", rentabilité, rigueur, dégraissage... Tout cela n'est jamais "asséné", mais délicatement suggéré... Malgré ses airs de premiers communiants, Philippe Dessertine se garde bien d'appliquer le conseil peu diplomatique de l'Evangile : "Que votre oui soit oui, que votre non soit non !".

Mais qu'on ne s'y trompe pas... Sous ses apparences inoffensives, notre "gentil économiste" est capable de se mettre en pétard quand on touche à ses valeurs essentielles comme l'euro ou aux vérités essentielles de son credo ultra-libéral euro-atlantiste... Et de mettre les points sur les "i"... Non mais !"

Je me souviens par exemple d'un "C dans l'air" au cours duquel, au grand étonnement de l'animateur si soucieux de ne garder que des "petits pois" bien lisses et de même calibre, il trépigna qu'il fallait "marteler" (sic) cette vérité aux Français qu'une sortie de la France de l'euro serait une catastrophe.

Philippe Dessertine pense donc parfois comme Nietzsche... "avec un marteau", mais il n'y pas de danger qu'il devienne fou comme l'auteur d' Ainsi parlait Zarathoustra, juste de se taper sur les doigts, car il a bien trop de "bon sens près de chez lui" et le souci de ses intérêts pour cela.

 


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