Philosophie de la révolution et révolution de la pensée

par Bernard Dugué
mercredi 5 avril 2017

La France insoumise, le Bayrou insoumis, la Marine anti-système et tous les agités de la politique se targuent d’être révolutionnaires et les autres se revendiquent progressistes alors que François veut casser la baraque. Quelques conservateurs tentent de survivre dans le biotope idéologique. Mais dans l’ensemble, tous ces gens s’affairant autour des candidatures sont bien conventionnels et très souvent sont assez ignorants bien que certains disposent d’une bonne culture. Bref, il n’y a aucune révolution en marche. Juste que tout change pour que rien ne change et que continuent à se charger les smartphones avec l’électricité fournie par l’Etat. On a tendance à l’oublier mais les grandes révolutions du passé, en Angleterre, France, Etats-Unis, ont été conduites par des gens éclairés pour ne pas dire inspirés.

Dans la France de 2017, il manque des révolutionnaires. Les visionnaires font défaut ou sont absents. La technique a façonné des makers et des faiseurs, des entrepreneurs et des travailleurs, des producteurs et des consommateurs, des crétins et des imbéciles, des gens bien et des indociles. Bien à vous camarades du spectacle ! Il est difficile de parler de révolution sans envisager une rupture dans la manière de penser le monde. Actuellement, tout le monde se pense avec ou contre le système mais tous pensent avec la technique. Les anti-systèmes comme Naomi Klein proposent une révolution verte qui est tout aussi aliénante que le capitalisme. Sorte de soviétisme durable de la transition écologique. Les bobos à vélo qui mangent bio n’ont rien dans le ciboulot. Le philosophe averti sait que l’écologie politique recèle un totalitarisme, au même titre que le communisme ou l’islam politique.

Il est difficile de songer à une révolution dans un contexte où les consciences ne sont pas habitées par la vision d’un chemin alternatif s’écartant de la technique. Une révolution n’est du reste pas nécessaire. L’homme peut se satisfaire d’un système prodiguant biens et services tout en réparant les accidents de la vie et en organisant au mieux la sécurité.

La révolution est au bout du compte une manière de vivre relevant de la sphère privée, à l’instar de la religion. Et si l’on poussait la laïcité au bout de son destin en séparant l’Etat de toutes les religions, y compris la religion révolutionnaire ? L’authentique révolution se produit comme un retournement de (avec) l’Etre, avec l’éclairage de quelques rares penseurs, saint Augustin, Nietzsche, Heidegger. La sainte trinité du 21ème siècle, révolution, rédemption, révélation. La révolution s’inspire aussi de la musique. Même la mélancolie sait être une attitude révolutionnaire qu’il sera préférable de pratiquer dans la joie si cela est possible. Mais quelle que soit l’humeur ou l’émotion, il se trouvera toujours une musique pour nous accompagner et les passions gaies seront privilégiées pour entretenir les amitiés. Et s’il y a lieu, l’amour, une cerise pour les gâtés de l’éternité !

Allez, arrête ton Char, René !


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