PISA 2012 : Echec en maths pour la France

par Karol
mercredi 4 décembre 2013

Ca y est le PISA nouveau est arrivé. Et ça fait mal à la France : 25ème sur 65, dans notre discipline d'excellence que sont les Mathématiques, (-16 points par rapport à 2003, 495 contre 511 ). Notre Ministre de l'Education Nationale a beau jeu d'attribuer cet échec à l'ancienne majorité politique qui, entre autre, avait supprimer la formation initiale des enseignants. Mais au delà du classement, les résultats en terme d'inégalités des jeunes dans l'acquisition des connaissances est bien réelle. Le collège unique se révèle n' être qu'une machine à trier, à sélectionner les meilleurs et à stigmatiser l'échec. D'unique, le collège n'est plus qu'un système inique. (1)

PISA 2012 : DES PAYS PARTICIPANTS DIVERS ET VARIES 

Les 65 pays participants, par leurs différences sociologiques, biaisent les résultats. Ainsi il n'est pas étonnant que les premières places en Mathématiques , matière très corrélée avec les origines sociales, soit prises par des villes comme Shanghaï , métropole où 80 % des bacheliers poursuivent leurs études, (qui obtient la première place à PISA 2012 avec seulement 4 % d'élèves "peu performants" ) ou par des micro-Etats comme Singapour, Hong-Kong, Taïpei, Macao ou plus près de nous le Liechtenstein, pays où la composition sociologique des habitants est sans commune mesure avec celle d'un pays comme la France. Si l'échantillon était limité aux établissements parisiens, nul doute que le classement serait très différent.

Un autre paramètre est à intégrer dans l'étude, c' est l'hétérogénéité des parcours scolaires de l'échantillon. Ainsi, en France,en 2003, 40 % des élèves de 15 ans participant aux tests n'avaient pas encore intégré le lycée et étaient " en retard". La diversité des parcours, et l'inégalité des niveaux de connaissances et de compétences sont à prendre en compte dans l'interprétation des résultats. Les résultats de la confrontation d' un élève en classe de 1 ère scientifique et d'un élève en SEGPA sont connus d'avance et certians se désoleront, comme le font certains commentateurs, en concluant que les élèves en échec ou en "structures adaptées" plombent encore les résultats.

Cette diversité de niveau scolaire est aussi en soi révélatrice du caractère particulièrement inégalitaire de notre système qui condamne, par le redoublement, ou la relégation de trop nombreux élèves à un retard dans leur parcours scolaire qui se transforme en handicap pour la suite de leur avenir. L'analyse des résultats de l'étude le confirme.

QUE REVELE PISA 2013 POUR LA FRANCE ?

Voici les extraits du rapport sur la France (FRANCE –Note par pays –Résultats du PISA 2012)

En conclusion l'enquête confirme le caractère profondément inégalitaire de notre système scolaire orienté vers l'émergence d'une élite et qui continue à consacrer ses moyens humains à la réussite des meilleurs aux dépends de l'acquisition par tous d'un socle de connaissances fondamentales. Système inique qui transforme le collège en machine à trier et à sélectionner les meilleurs, en tournant le dos à ceux qui à un moment où un autre éprouvent des difficultés.

REFONDER LE COLLEGE UNIQUE : UNE IMPERIEUSE NECESSITE

La mission donnée à l'école élémentaire et au collège, d'être le lieu des enseignements fondamentaux, a été au fil du temps et des réformes discrètement abandonnée. Peu à peu, face aux difficultés liées à la massification et à la diversité des origines sociales et culturelles des élèves et collégiens d'aujourd'hui, on a renoncé à apprendre à penser et à amener toute une classe d'âge à la maîtrise d'un "socle commun de connaissances". Dans les quartiers difficiles, on s'est mis à distraire les élèves. On est passé de l'écoute à l'action, du cours à l'exercice, de la transmission de connaissances à l'acquisition de compétences comme si l'éducation devait se résumer à du training en salle. Pendant que l'institution s'agite, les élites à coup de cours particuliers, de dérogation pour l'accès aux établissements dits "d'excellence", se préparent à des études longues.

Les résultats de l'enquête PISA 2012 ne font que confirmer cette tendance d'un système qui consacre ses moyens les plus importants pour dégager à chaque niveau les meilleurs et qui renoncent à aider ceux qui éprouvent des difficultés. Il y a certes les exercices et les devoirs mais la dictature des notes prend le dessus sur l'acquisition de connaissances en stigmatisant sans essayer de remédier, il y a les classes de niveaux, discrètes mais efficaces pour regrouper les meilleurs, il y a les redoublements sanctions en fin d'année, les orientations précoces vers les filières de relégations pour les uns, l'orientation vers les lycées de centre-ville pour les autres. On discrimine les zones urbaines et on catégorise les établissements : classé ZEP ou non. Il y a les cordées de la réussite pour faire entrer dans la cour des grands quelques réussites individuelles qu'il faut s'empresser d 'exfiltrer des établissements "poubelles" des quartiers populaires. On trie sans cesse, sans se préoccuper de ce que chacun acquiert réellement. Mais comme il est impossible de faire disparaître ceux que l'échec à reléguer, le résultat d'ensemble de ce système inégalitaire et élitiste ne peut que se détériorer au fil du temps.

Pour que notre pays progresse dans son ensemble, en terme d'acquisition d'une culture scientifique et littéraire commune, il faut se donner les moyens pour enfin pouvoir poser des actes à la parole des discours politiques et aux mots des directives ministérielles. Il faut pouvoir mettre en pratique la volonté du  Haut Conseil de l'Education, dans le rapport 2010 sur le collège, qui affirme que dans le prolongement de l’école élémentaire, le collège doit achever l’acquisition par toute une classe d’âge des connaissances et des savoir-faire indispensables à la vie dans la cité aujourd’hui.

Des moyens sont nécessaires, mais il faut aussi changer le regard porté sur la classe. Elle doit accueillir des élèves regroupés sans aucun autre critère que le hasard et doit avoir pour seul objectif de conduire tous les élèves embarqués dans ce même bateau,pour une période impartie ( le trimestre, l'année ), à la maîtrise de savoirs et de connaissances , en mettant en oeuvre des moyens adaptées aux difficultés que chacun rencontre. On ne peut pas ni ne doit négocier sur les connaissances à acquérir jusqu'à la fin du collège, c'est sur les moyens à mobiliser pour chacun des élèves que doit se faire la différenciation. A chacun son chemin pour arriver au même but.

Suscitons l'émulation des élèves vers la réussite collective de la classe dans des évaluations nationales régulières, constatons les difficultés, bannissons les redoublements et les orientations précoces et persévérons dans l'accompagnement des élèves jusqu'à la réussite. Il ne fait pas de doute que dans cette dynamique de la réussite de l'ensemble de la classe les bons élèves s'investiront et se réjouiront d'y prendre part. La réussite de notre pays à donner à chacun son lot de savoirs et de connaissances qui l'accompagneront et l'aideront à s'émanciper est à ce prix.

LA SCIENCE DU PARTAGE

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(1) Voir l'article :le schema actanciel vive le college pour tous


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