Plaidoirie pour le parrainage des enfants victimes de la Shoah

par Smile Talk
mardi 19 février 2008

S’il est un sujet difficile à aborder pour qui que ce soit, c’est bien celui de la Shoah. L’extermination industrielle de plusieurs millions d’être humains condamnés sans procès parce que de confession juive fait froid dans le dos.

Certes l’humanité a démontré tout au long de son histoire sa capacité à commettre les pires horreurs, mais celle-ci est totale.

A l’heure où les discours s’envolent, où le débat politicien tente de s’approprier le devoir de mémoire et où la concurrence des « obligations » de mémoire fait rage, il convient de rappeler l’horreur particulière qu’a été la Shoah.

La Shoah a la malencontreuse particularité d’avoir été le seul génocide industriel et gratuit de l’Histoire.

Le terme génocide est défini par une convention onusienne comme un ensemble d’actes « commis dans l’intention de détruire, tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux comme tel ».

L’Histoire a vu et voit encore les hommes commettre des génocides raciaux comme l’esclavage, ethniques comme la guerre du Rwanda, religieux comme les pogroms à l’égard des Juifs ou nationaux comme les massacres de Kurdes ou encore d’Arméniens. Mais l’Histoire n’avait jamais encore assisté à la mise en place d’une industrie de la mort avec ce degré de sophistication. Si l’esclavage a déporté plus de 20 millions d’Africains, ces hommes, auxquels le statut d’humain n’était même pas accordé, étaient avilis par d’autres hommes pour des raisons raciales, mais aussi et surtout parce qu’ils avaient une valeur marchande. Les Juifs déportés et exterminés pendant la Seconde guerre l’étaient parce qu’ils étaient Juifs, mais n’avaient aux yeux de leurs bourreaux aucune valeur marchande. Leurs bourreaux leurs prêtaient, au contraire, un pouvoir de nuisance et de conspiration.

Il n’y a pas de hiérarchie dans l’horreur et le devoir de mémoire est nécessaire pour chacune des horreurs de l’humanité et l’esclavage en est l’une des plus importantes. La Shoah regroupe cependant tout ce que l’humanité est capable de générer dans le mal.

Oui, je suis pour le parrainage par des enfants de CM2 d’enfants victimes de la Shoah :

Nous assistons tous les jours à des atteintes à la dignité humaine proférées par des personnes ignorant la portée de leurs actes ou de leurs paroles fussent-ils banals voire estimés comme positifs. Un salut hitlérien dans un stade, une remarque sur l’odeur des noirs ou sur l’esprit commerçant des Juifs ou voleur des Arabes sont les vrais symptômes de l’ignominie qu’il faut tuer dans l’œuf.

Le devoir de mémoire concernant la Shoah n’est pas l’émanation d’un prétendu lobby juif qui entretiendrait la culpabilité de l’humanité pour mieux s’en servir. C’est un lourd héritage de notre histoire dont nous devons perpétuellement nous souvenir afin qu’il ne reproduise plus.

L’horreur de la Shoah a été commise contre les Juifs, mais elle concerne l’humanité tout entière et ceux qui défendraient l’idée du fameux lobby juif représentent, en tout cas sur le thème de la mémoire, tout ce que l’instauration du devoir de mémoire cherche à combattre.

Du point de vue du Marocain de confession musulmane que je suis, le président de la République, après avoir beaucoup déçu du côté des valeurs qui font la grandeur de la France, s’inscrit dans la plus pure tradition démocratique de ce pays et tente de le doter de l’outil antidiscriminatoire le plus efficace qui soit. Toutefois, ce sujet étant des plus sensibles, chacun doit veiller aujourd’hui à ce que cette excellente intention ne renforce pas le communautarisme et la suspicion entre les communautés.

Sur ce sujet Nicolas Sarkozy a fait sienne un belle maxime de Vercors : « L’humanité n’est pas un état à subir. C’est une dignité à conquérir ». Chapeau l’artiste !


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