Plainte contre les RG : la dérive obscurantiste de SOS Racisme

par Lucien-Samir Arezki Oulahbib
mercredi 23 août 2006

Chassez le naturel... On croyait que cette organisation avait changé en affinant ses positions binaires, par exemple en se mobilisant sur le Darfour, en dénonçant l’antisémitisme et les comportements « anti-blanc » de certaines atteintes contre la personne durant certaines manifestations anti-CPE, que nenni !

Elle vient d’intenter un procès aux renseignements généraux pour discrimination et constitution de fichier ethnique parce que les RG ont établi un rapport (en janvier 2005) stipulant que sur "436 meneurs recensés dans 24 quartiers sensibles 87% ont la nationalité française, 67% sont d’origine maghrébine et 17% d’origine africaine. Les Français d’origine non immigrée représentent 9% des meneurs".
Cachez ce sein.... ou encore, quand on veut noyer son chien...Car c’est à peu de choses près ce que tente SOS Racisme en empêchant que l’on puisse comprendre pourquoi une telle information est essentielle si l’on veut analyser, parmi les causes de la délinquance, le facteur décisif. Celui-ci varie certes selon chaque cas, mais il peut avoir aussi avoir en son sein des variables déclenchantes qui ne se réduisent pas systématiquement à la discrimination à l’embauche ou à l’entrée des boites de nuit, bref au délit de faciès.

Ces autres variables peuvent s’inscrire dans certains cas de délinquance, par exemple au sein de ces 67% d’origine maghébine, par des refus d’intégration basés sur un rejet de normes communes jugées "occidentales", "françaises", et ce au nom de normes considérées supérieures comme celles de l’islam ou de "la" civilisation "arabe". Mais ce non pas de façon nécessairement théorisée, c’est-à-dire cohérente.

On a d’ailleurs glosé l’automne dernier sur le fait de savoir s’il y avait eu une manipulation islamiste des émeutes, sur la base de certains témoignages (une célèbre vidéo de Canal + montrant quelques jeunes appelant au Djihad), alors qu’il s’agit plutôt, en moyenne, (mais cela peut se cristalliser par moment en slogans identitaires variés, allant d’un palestinisme exacerbé à une revendication islamiste), d’un sentiment diffus légitimant par exemple le fait qu’une fille nord africaine ne doit pas s’habiller comme "les françaises" ou ne doit pas sortir le soir, ne doit pas fréquenter des "français", ne doit pas travailler dans certains endroits ; et ce moins parce que cela ne serait pas "bien" selon des principes cette fois strictement moraux, mais bien plus parce qu’il s’agit de refuser d’adopter des coutumes d’une population que l’on juge inférieure du point de vue civilisationnel, religieux ; ce qui implique aussi d’exacerber le refus de faire certains métiers, déjà refusés en plus par les Français de souche...

Ce point de vue est confectionné façon bric à brac, c’est-à-dire selon tout un sentiment composite fabriqué ici et là à l’intersection de plusieurs influences vantant une supériorité de fait et que l’on peut glaner un peu partout dans les médias, les rap, jusqu’aux exposés pseudo-savants de L’Institut du dit "Monde Arabe" ; ceux-ci prétendant par exemple avoir apporté "la" science à une civilisation jugée barbare comme ce fut paraît-il le cas de la civilisation européenne du bas Moyen âge qui aurait été ainsi éclairé par la civilisation araboislamique (qui, elle, n’aurait répondu que par les Croisades) alors que ce prétendu apport est pour une part indien (mathématiques), perse, (médecine, poésie), et est pour une grande part grec (mathématiques, astronomie), donc européen, même si en effet certains manuscrits, grecs, ont été traduits à partir de l’arabe (par des Juifs).

Notons dans un premier temps, que toute façon de se penser supérieur est la marque typique du racisme... Ce n’est pas parce qu’une certaine anthropologie en Europe l’a effectué qu’il faut l’imiter en pis. Ce qui ne veut pas dire que sur certains points une technique, y compris politique (par exemple le régime démocratique basé sur la séparation des pouvoirs) ne peut pas être dite supérieure à une autre, et ce du point de vue de son efficacité à résoudre certains problèmes qui se posent à l’Humanité.

Observons ensuite que tout l’argumentaire d’une organisation comme SOS Racisme repose en réalité sur un sociologisme réducteur stipulant que seules les variables de paupérisation, de manque de formation, sont à la base des comportements a-sociaux, indifferemment de l’origine culturelle, de la conception du monde, et de soi en son sein. Même si cela était exact, on ne comprendrait pas pourquoi les cinq à six millions de personnes vivant au-dessous du dit seuil de pauvreté ne prennent pas tout de suite les armes et en finissent, ou encore que les Africains et les Sud Américains ne se transforment pas tous en bombes humaines pour frapper les intérêts "bourgeois".

En réalité, les origines culturelles, (où l’ethnicité se confond pour une grande part à vrai dire...) sont, aussi, un facteur déclenchant, surtout lorsqu’elles sont attisées par des forces politiques et théologiques dans un contexte social historique approprié.

Or, la plupart des études statistiques n’incluent pas cet angle d’analyse, ce qui implique de croiser des variables selon des concomittances uniquement basées sur les hypothèses de départ que l’on veut bien se donner, c’est-à-dire sur ce que l’on veut que les chiffres illustrent ; ce qui par exemple permet de croiser origine sociale, habitat, niveau d’études, niveau d’insertion socio-économique, et d’en tirer des conclusions hâtives sur "la" cause de tel comportement délinquant, alors que d’une part ces variables recensées concernent beaucoup de personnes qui n’ont pas de comportements délinquants (50 à 60 000 prisonniers en France... et non pas des centaines de milliers...), et que d’autre part, elles ne prennent pas en compte le degré d’acceptation des normes communes et la raison de leur rejet.

Ce manque dans l’analyse sociologique, dont il serait trop long ici de faire l’historique (je l’aborde dans certains de mes livres) est à la base de l’obscurantisme dominant en la matière et dont SOS Racisme est l’une des illustrations d’autant plus marquante que cette association (tout comme le MRAP d’ailleurs...) préfère casser tout thermomètre plutôt que d’analyser toutes les racines du mal, quitte, cependant, à les peser différemment selon les cas.

Nous sommes loin du compte avec cette plainte d’un autre âge, celle de l’intimidation et du refus de penser librement et donc d’agir politiquement plus efficacement, précisément dans le sens d’une plus grande compréhension entre les personnes d’origines différentes....

SOS Racisme, par son obscurantisme, exacerbe les tensions au lieu de les atténuer.

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