Pluie de Milliards de Dollars sur la Tunisie ?

par Henri Diacono
jeudi 11 septembre 2014

 Fort possible si l’on en croit la dernière réunion d’investisseurs internationaux tenue récemment à Tunis (le 8 septembre) autour de 22 projets dont un très important (voir plus bas), ainsi que la publication de récentes découvertes dans le sous sol du pays comme le long de ses rivages. Il faut noter également qu’une invitation a été lancée aux investisseurs, américains seuls cette fois, à Tunis, le 15 janvier 2015, par Ann Patterson, sous-secrétaire d'Etat américain pour le Moyen-Orient.

 Ces informations largement reprises par la presse locale, interviennent alors que le pays a, semble-t-il, réussi à neutraliser le terrorisme chez lui à l’issue de fréquents affrontements et d’opérations policières dans les villes, avec l’aide de forces spéciales française, américaine et algérienne ainsi que les millions de dollars qui lui ont été offerts en armement, équipements et instructeurs, par plusieurs puissances dont la Russie. Bon nombre de combattants, radicaux religieux, ont été soit abattus, soit appréhendés (une trentaine tout récemment dont un dirigeant important) et une vingtaine sont appelés à comparaitre devant un tribunal. En outre la très grande majorité des mosquées (plus d’une centaine) qui étaient aux mains d’imams salafistes ont été « récupérées » par le gouvernement et son Grand Mufti. Enfin il s’avère que lors des élections toutes proches (législatives puis présidentielles), en dehors des 30.000 contrôleurs locaux et surtout internationaux (venus des 28 pays de l’Union Européenne mais aussi de Suisse et Canada) l’armée sera largement sollicitée pour surveiller les bureaux de vote.

 Dans ce climat devenu plus serein des 22 projets présentés lors de la réunion d’investisseurs internationaux, l’un d’entre eux baptisé du nom de Tunisia Economic City avec un investissement de 50 milliards de dollars (le double du budget annuel du pays) étalés sur 15 ans a été dévoilé par son promoteur tunisien le 9 septembre lors d’une conférence de presse. Il concerne la création d’une « cité intelligente » qui s'érigera sur une surface de 90 kilomètres carrés situé entre l'aéroport international d'Enfidha-Hammamet (gouvernorat de Sousse) et la localité de Bouficha au sud de Hammamet (gouvernorat de Nabeul). La cité s’étirera sur 14 kilomètres le long de la mer. On y trouvera un port commercial et touristique, une zone industrielle, des entrepôts relevant de la zone de libre-échange, un quartier d'expositions et des parcs de loisirs. Egalement un vaste espace médical ouvert à des hôpitaux, laboratoires, faculté de médecine, centre de congrès et des sites destinés à l’industrie pharmaceutique, la recherche et développement. Sans oublier, cela va de soi, un large espace touristique et hôtelier de haut standing, un complexe résidentiel avec deux hautes tours jumelles farcies de boutiques et centres commerciaux.

 La cerise sur ce gâteau sera un port en eaux profondes, avec tous les services logistiques, de manutention et de stockage. Il sera l'un des plus modernes dans le domaine du transport maritime et de la technologie, notamment pour les tankers et gros porte containers à fort tirant d’eau. Selon le promoteur le nombre d'investisseurs partenaires dépasse 50 sociétés internationales venant de 30 pays, notamment le Brésil, l'Inde, l'Arabie Saoudite, Bahreïn, Etats-Unis, la France et la Nouvelle Zélande.

 Cette ville future (largement financée donc à en croire le promoteur), à mi chemin entre l’aéroport d’Enfhida (construit par la Turquie) et Tunis, pas loin d’Hammamet où été érigée par l’ancien régime une cité (Hammamet Yasmina), vient accréditer un article publié ici même en date du 14 mars 2012 sous le titre « Mais Pourquoi le Tunisie est-elle si courtisée ? ». Hormis le port en eaux profondes, il s’était agit de découvertes de minerai, notamment pétrole et gaz ainsi que gaz de schiste dans la région.

 Et bien Agora Vox avait vu juste. En effet le site des affaires intitulé Stock MarketsWire com. relayé par un site tunisien connu pour son professionnalisme, relate la découverte de « sérieux » éléments concernant la présence d’une importante nappe de pétrole dit léger par 240 mètres de fond, au large de Madhia (le ministre des affaires étrangères Fabius s’y trouvait récemment … en vacances) non loin de Sousse. Donc assez près d’Enfidha. Les recherches avaient été entamées début juin, à la suite d’une longue étude, par une compagnie indonésienne Circle Oil.. Cette société a obtenu deux autres permis de forage à Zarzis, dans le sud du pays et surtout, à l’intérieur des terres à Grombalia tout prés d’Hammmet, où se trouverait du gaz et du gaz de schiste. Son Président serait très optimiste sur l’ensemble de ses permis de recherches. Il est à noter qu’au nord d’Hammamet et en mer, un puits extrait déjà de puis plusieurs mois du pétrole facile à raffiner.

 Dernier détail d’importance sur le sujet. Le parti islamiste Ennhada qui fait, avec son leader incontournable Ghannouchi, le dos rond depuis des mois, a décidé de ne pas présenter de candidat à la présidentielle de la République tunisienne, mais qu’il conseillerait à ses électeurs (a priori la deuxième force politique du pays) de voter pour l’actuel chef du Gouvernement Provisoire Mehdi Jomaa, ancien haut cadre de Total, qui aurait l’intention de briguer ce poste.


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