Pole Emploi... PERSONNE !!!
par George L. ZETER
lundi 8 février 2021
Pôle emploi a sa martingale pour améliorer la courbe du chômage : Virer des inscrits à coups d’algorithmes ! Comme dans la pub Tampon Jex : « Ca nettoie, ça dégraisse, ça fait briller sans rayer »… En fait, ça raye ! Des listes de chômeurs. Suffit ensuite d’envoyer à « l’exclus » un ti mail, signé par un « conseiller » fantôme, et hop, débarrassé du « détritus ». Quant à la casse et ses conséquences ?
Il était une fois…
Une chômeuse arrivée en fin de droit et se retrouvant à survivre avec un RSA de 491,66. Cette sans emploi de 66 ans pas encore retraitée, doit attendre 66 ans et 7 mois afin de percevoir un pactole qui sera dans les 700 mensuels... Vous avez bien dit parachute doré ? S’en est un qui ne s’ouvre pas, alors bonjour l’atterrissage.
Cette chômeuse reçoit régulièrement des propositions de stages, de mise à jour de CV, d’obligation d’abonnement d’offres d’emploi, de profil de compétences et d’être dans une démarche active et répétée de recherche. Elle doit impérativement participer à des ateliers en ligne… Ben oui, c’est ballot, la vie professionnelle commence à 66 ans. A 4 mois de sa retraite, pendant une pandémie qui a mis sur le carreau le marché du travail français, on pressure la chômeuse ; Faut dire que Pole Emploi plane bien au dessus de ce genre de contingences : faire comme si, suivre les processus préétablis et nourrir le moloch algorithmique.
Cette « héroïne très fauchée », reçoit une convocation afin d’orienter sa carrière et prouver qu’elle s’emploie à rechercher un emploi. Elle ne peut se présenter, car durant les fêtes, partie se refugier dans sa famille à 800 km de son « domicile », en fait de domicile une amie la loge gracieusement, car ne pouvant pas payer un loyer. Elle signale donc son absence en toute honnêteté et en retour elle peut lire cela : « Nous avons saisi une indisponibilité en rapport avec votre absence. Je vous informe que vous avez droit à 35 jours d’indisponibilités par an. Je tiens à vous rappeler que lorsque vous vous inscrivez à pôle emploi vous devez vous rendre au RDV fixé. Si vous n’êtes pas dans « ses » démarches je vous invite à cesser votre inscription. » On l’invite donc à cesser son inscription, et puis, une semaine plus tard, elle peut lire : « Durant cette année civile, le total déclaré de vos absences est supérieur à 35 jours calendaires. De ce fait, vous cessez d'être inscrit sur la liste des demandeurs d'emploi à compter du 05 février 2021, conformément aux dispositions du code du travail. Si vous bénéficiez du RSA, j'attire votre attention sur le fait que cette décision est adressée au Président du Conseil départemental qui pourra décider d’interrompre le versement de ce revenu. » Eh oui, on passe de « invitation » à « de ce fait vous cessez », quant au versement du RSA, encore du blabla l’édulcoré : « pourra », « revenu »…Une administration qui sait si bien empaqueter ses horreurs quotidiennes sous des mots sans épines, cela revient à remplacer le mot « mort » par « il est parti » : Le corbillard a disparu au profit d’un billet d’avion pour Cythère.
Sur la page 2 du mail elle peut lire : « La présente décision a été prise sur le fondement d'un traitement algorithmique ayant pour finalité l'examen des conditions du maintien de votre inscription sur la liste des demandeurs d'emploi. Conformément à l'article …., vous disposez d'un droit de communication des règles définissant ce traitement et des principales caractéristiques de sa mise en œuvre. Vous pouvez dès à présent accéder à ces informations sur la page d'accueil du site internet www.pole-emploi.fr à la rubrique « Algorithmes » en pied de page, dans la colonne « Sur pole-emploi.fr ». Donc, afin qu’il n’y ait pas de fonctionnaires pouvant éventuellement avoir des cas de conscience en envoyant ce type de condamnation, la décision a été prise sur le fondement d'un traitement algorithmique, et comme ça, c’est l’ordi qui s’en charge et le tour est joué !
Elle peut se dire : je vais poser un recours ? Elle le peut en effet, sauf que : « Si vous entendez contester cette décision, vous devez obligatoirement saisir d'un recours préalable votre pôle emploi, dans un délai de deux mois à compter de la réception de la présente décision, conformément aux articles R. 5411-18 et R. 5412-8 du code du travail ; ce recours ne suspend pas la décision de cessation d'inscription. » Héhé, tout est bien verrouiller chez polemploi, le quémandeur peut aller se faire voir chez Valdo ! Et comme cette chère administration fait bien son boulot ; Là, on ne pourra pas le lui reprocher, et bien lorsque cette chômeuse veut se réinscrire à partir de son compte personnel… Ca ne fonctionne pas !
En bout de corde, il y a ces « conseillers », ne pouvant que débiter des noiseraies, car, pour un poste à peu près correct il y a des centaines de postulants. Depuis le Covid, toutes catégories de chômeurs confondues ça doit faire dans les 8 millions ; Alors, comme dans le film Nikita de Besson, le pauvre bougre conseiller devient « le nettoyeur » et ainsi derrière son bureau il n’a plus qu’à faire le relais de ces missives de la honte sociale qui tirent par rafales serrées sur les plus fragiles, les plus démunis et les envoient à la rue ou au cimetière c’est selon. Cette administration qui devrait être là pour aider, au lieu de cela fait fi de toute considération humaine et expédie ad patres des gens dans la misère, l’indigence, avec pour conséquences collatérales : divorces, échecs scolaires, maladies, cachetons, alcool et suicide.
Les petits dhommes polemploi ne se posent pas de question, l’algorithme est là pour parer à toute défection et la machine écrase, insatiable…
Est-ce ainsi que les hommes vivent,
Et leurs baisers au loin les suivent,
Comme des soleils révolus. (Aragon)
Georges Zeter/février 2021