Polémique sur le « burkini » : une diversion irresponsable #burkini #racisme
par PRCF
samedi 27 août 2016
A la suite des graves incidents de Sisco, un village proche de Bastia, la plupart des politiciens n’a pas condamné la manifestation ouvertement xénophobe menée aux cris de « on est chez nous ! » (à Ajaccio, au début de l’été, c’était encore plus explicite : « Arabi fora ! »*), mais ils ont approuvé, Valls en tête, les maires LR démagogues du Sud-Est qui ont pris des arrêtés contre le port du « burkini » sur les plages de France (notre camarade Léon Landini, ancien résistant, s’est déjà exprimé sans la moindre ambiguïté sur notre site à ce sujet).
Peu leur importe que, suite à l’enquête sur les incidents de Sisco, aucune certitude n’ait pu être établie sur le port d’un « burkini » par une baigneuse « maghrébine » (sic), aussitôt, la polémique malsaine portée par le FN et par les LR, Sarkozy en tête, a enflé en prenant sciemment le double risque de stigmatiser encore davantage les Français de tradition musulmane (dont l’écrasante majorité n’est pas pratiquante !), de violer les libertés individuelles de tous et de pousser nombre de musulmans, essentialisés comme tels, au repli communautaire dont ne peuvent profiter que les intégristes et les fanatiques. C’est exactement ce qu’espèrent à la fois les islamistes terroristes – qui veulent prendre en otage toute une population – et les pyromanes professionnels du FN et de leurs suiveurs de l’ultra-droite sarkozyste, prêts à tout pour exciter l’hystérie raciste et gagner des voix sur des bases malsaines. Plus grave encore, la « justice », de moins en moins encline à statuer sur le droit et de plus en plus portée à juger sous la pression de l’ « opinion », tend à valider les décisions des maires LR au seul motif du « trouble à l’ordre public », le même motif que celui qui servit à Valls, à la mi-juin, pour tenter d’interdire les manifestations de l’Intersyndicale contre la loi Travail. Voilà où l’on en est en France aujourd’hui, dans le cadre d’un état d’urgence à perpétuité, d’un empilement incroyable de lois répressives, d’une vidéosurveillance et d’un flicage de la Toile sans précédent, en un mot, dans un climat de fascisation galopante où la droite et la « gauche » hollandienne ne savent plus quoi inventer – sans pour autant endiguer véritablement le terrorisme ! – pour fliquer la population laborieuse exaspérée par le chômage, la précarité, les inégalités et la paupérisation qui frappent des millions de Français.
- sur la liberté de conscience : celle de croire en la religion de son choix, sans immixtion aucune de l’Etat dans l’organisation des cultes, celle également de ne pas croire et d’exprimer sans limite toute critique de la religion, les croyants étant libres de répondre aux critiques par des arguments ;
- Séparation totale de la République et des cultes : « la République ne reconnaît ni ne salarie aucun culte » ; d’où découle le fait que les services publics doivent être libres de toute manifestation religieuse ostentatoire et que, tout bonnement, l’Etat n’a pas à connaître la religion des citoyens (ou leur irréligion), pas plus qu’à l’inverse, les cultes n’ont à se faire reconnaître dans le cadre du fonctionnement institutionnel de la République (à l’école et à l’hôpital publics, dans les mairies, etc.).
- Pour le reste, à partir du moment où le visage est découvert – une condition élémentaire de la citoyenneté et du débat public – libre à chacun de se vêtir à sa guise quitte à encourir la critique d’autrui, ce qui n’a rien à voir avec la répression d’Etat. Cela ne signifie pas que les progressistes, notamment les féministes, n’aient pas le droit de critiquer les tenues qui leur semblent attenter à la dignité des femmes ou à leur égalité avec les hommes (et dans ce cas, n’y a-t-il que les tenues d’inspiration religieuse qui posent problème dans notre société qui marchandise de mille façons le corps des femmes ?), mais cette discussion doit se faire avec la volonté fraternelle de convaincre, et non dans l’esprit de contraindre et de stigmatiser ; faute de quoi c’est systématiquement l’effet contraire au but recherché qui s’imposera et la spirale des haines communautaires sous influence s’aggravera avec un danger évident d’implosion sanglante du peuple français. Fermeté totale contre la burka, qui privatise le visage féminin et qui attente à l’égalité et à l’altérité, interdiction de TOUS les signes religieux ostentatoires sur les bancs de l’école (comment enseigner la philosophie, l’histoire, les sciences naturelles si chacun affiche en classe une « identité » préfabriquée et fermée par avance à tout ce que peuvent apporter la discussion collective et la démonstration scientifique ?). mais pour le reste, liberté pour chacun de parler, de penser et de se vêtir à sa guise, quitte à encourir la mise en discussion de son comportement, voire l’ironie et la caricature, avec bien évidemment le droit d’y riposter sur le même terrain pacifique.
A cette politique de division et de guerre civile, dont profiteront en dernière analyse les fascistes bleu marine et les islamistes fanatiques, et dont le triomphe signerait l’implosion déshonorante de la patrie des « droits de l’homme », le PRCF appelle les progressistes à préférer une politique authentiquement patriotique, républicaine, laïque, ouvrière, sociale et révolutionnaire : celle du tous ensemble et en même temps contre les régressions et la fascisation, celle d’un Front Antifasciste, Patriotique, Populaire et Ecologique reconstruisant, hors de l’UE, de l’euro et de l’OTAN, la République sociale et souveraine en marche vers le socialisme.
Déclaration du PRCF, 26-8-2016