Policiers et police : les abrutis et les gouvernants

par Marcel MONIN
mardi 1er décembre 2020

Policiers et police : les abrutis et les gouvernants.

 

Après que des policiers ont été (grâce aux progrès de la technique - vidéos de caméras de surveillance ou de téléphones portables- ) pris sur le fait de s’être comportés comme des abrutis, en contradiction avec le code pénal, on a assisté au développement de la logorrhée habituelle.

 

Ce n’est pas parce que certains policiers se comportent mal, qu’il faut mettre tous les policiers dans le même « sac »… Les citoyens sont bien contents de pouvoir compter sur les policiers pour les protéger… Citoyens qui célèbrent les policiers quand ceux-ci ont pris des risques pour eux… Les policiers n’ont pas assez de moyens. Policiers et gendarmes qui paient un lourd tribut … Leurs effectifs sont insuffisants… Dans le pays, il y a des gens violents qui agressent les policiers, les narguent ou leur manquent de respect… et les laissent à bout… Les policiers ont une formation qui n’est pas assez longue… Et puis quand un policier dérape c’est une exception… Qui ne se justifie pas, … mais qui s’explique ( v. ci-dessus). 

 

Le première réaction qui émerge de cet incroyable bavardage c’est une proposition de loi, signée notamment par un député LREM, ancien « haut fonctionnaire de la police », déposée en osmose avec le gouvernement. 

 

1/ Qui menace de sanctions ceux qui filment les policiers – « brebis galeuses ». Par des dispositions, qui, si les mots ont un sens et une utilité, permettent à l’administration de déclencher très librement des poursuites. Quitte à être désavouée par le juge pénal. Etant entendu que, le cas échéant, l’objectif de dissuader de filmer aura été atteint.

Le coup de la procédure bâillon est connu. https://journals.openedition.org/revdh/2063?lang=en

 

Sans compter que si les policiers ne se comportent pas de manière anormale, il est inutile de les filmer.

 

2/ Qui continue à décharger encore un peu plus l’Etat de ses anciennes fonctions. Fonction régalienne dans le cas présent, de la sécurité des citoyens. Sur les polices municipales ( payées par les contribuables locaux et non par les redevables de l’impôt sur les sociétés ou sur les revenus qui ne sont pas fiscalement optimisés).

Et qui prépare les citoyens à admettre qu’il leur faudra, en plus, payer des sociétés privées qui leur procureront la tranquillité et la sécurité dont la police pourra être déchargée.

 

Si l’on sort de ces ahurissants argumentaires et si l’on veut ( = à condition qu’on le veuille) que les policiers se comportent moins comme des abrutis, il faut d’abord se demander comment leur en faire passer l’envie.

Parce que si l’on doit déplorer un acte, comme celui qui a été montré par les télévisions après qu’il a été diffusé sur les réseaux sociaux, il se trouve que cet acte n’est que la reproduction d’actes identiques qui se produisent un peu partout en France. Et ce, depuis longtemps (1). Qu’il s’agisse de violences ou d’autres comportements. (1)

La reproduction des actes ne peut se satisfaire, à chaque fois qu’on en déplore un de plus, de l’argument arithmétique des actes « minoritaires ». 

 

Si certains policiers peuvent en avoir l’envie, c’est que les chefs les laissent faire.

( On ne parle pas ici des ordres donnés par les chefs qui incitent les exités à être violents ou qui nécessitent qu’il soit recouru à la violence sans nécessité).

Si le fait pour les chefs de ne « pas faire d’histoires », voire de les « couvrir » (1) quand leurs subordonnés se comportent mal, les exposaient à avoir personnellement des « histoires », notamment des sanctions disciplinaires, il est probable que sur le terrain et dans les locaux, qu'il y aura à délivrer moins de cartons rouges..

 

Si l’on peut oser les comparaisons … On sait que, s’agissant des lycées et des collèges, les parents essaient d’y envoyer ou d’en retirer leurs enfants quand l’établissement a, n’a pas ou n’a plus, bonne réputation.

Avec un même corps enseignant, on peut souvent observer que la réputation de l’établissement est mauvaise ou devient bonne, est bonne puis se dégrade, au hasard des nominations des principaux et des proviseurs.

 

Les « chefs » sont traditionnellement des « catalyseurs ».

S’ils sont mauvais, ce sont des catalyseurs à comportements déviants ou aberrants. C’est d’ailleurs ce que relèvent des observateurs comme M. Charles Gave (qui donne peut-être, de manière allusive, la clef du choix des ministres de tel ou tel gouvernement). Quand le chef est intelligent et « tient la route » il recrute un collaborateur qui aura les mêmes qualités, et qui mettra sont point d’honneur à recruter des gens intelligents, et même meilleurs que lui. Quand le chef est un médiocre ou un idiot, la chaîne des subordonnés sera du même acabit, chaque idiot recrutant si possible plus idiot que lui pour justifier qu’il soit chef. ( écouter : https://www.youtube.com/watch?v=iftD8PvqraQ (vers la minute 34)

 

Les annonces gouvernementales pour mettre un frein aux comportements déviants ignorent ce paramètre. Il est probable que le changement n’est pas décidément pas « en marche » dans la bonne direction, et que les choses ne changeront pas.

 

Marcel-M. MONIN

m. de conf. hon. des universités.

 

 (1) Nous rapportons ci-dessous une histoire vraie. A propos de laquelle il faut se demander si, en dehors des violences, graves, on n’observe pas la mise en branle d’une mécanique qui l’est encore plus. Et qui est effrayante.

Un citoyen se trouvait un jour (il y a une vingtaine d’années) sur le quai du RER « Nation ». Des policiers qui interpellaient des jeunes gens, étaient en faible nombre devant une foule hostile. Et notre citoyen de s’approcher d’un policier en civil et de lui proposer, après s’être présenté, son aide pour renforcer la « ligne » de protection des policiers. Le policier accepta l’aide et lui dit alors de garder une jeune fille qui était sagement assise dans l’une des alvéoles qui servaient de sièges à l’époque ; et le policier disparut.

La jeune fille pleurait et déclarait qu’elle ne faisait pas partie du groupe de jeunes. Le citoyen, qui n’avait pas prévu d’être préposé à la garde d’une personne interpellée, ne savait que faire et rassura la jeune fille en lui disant qu’elle ferait nécessairement valoir son bon droit et qu’il serait de bon ton qu'elle ne s'en aille pas.

Et s’interrogea : devait-il lui-même partir ? devait-il rester ?

Avant que le citoyen ait le temps de trancher, un gardien de la paix en uniforme ( probablement arrivé par une rame de RER) s’approcha de la jeune fille en levant sa matraque : « tu vas voir ce que tu vas prendre, salope ! » Et notre citoyen de se pencher vers l’oreille dudit policier pour lui murmurer : « Monsieur, les injures ne me paraissent pas nécessaires ».

Et alors, la gardien la paix, empoigna le citoyen, le frappa ( jambes et dos) de sa matraque et le rejeta, médusé, au milieu des spectateurs. Le citoyen redoutant au passage d’être reconnu et soit moqué, parce que quelques semaines auparavant, il avait présidé cinq jurys de baccalauréat non loin de là.

Le citoyen attendit que les choses se calment. Il s’adressa alors à un brigadier, lui déclina son nom et ses qualités et activités ( fonctionnaire et membre d’une juridiction de l’ordre administratif) et lui demanda qu’il veuille bien lui indiquer l’appartenance des policiers. Car il avait l’intention de porter plainte.

Le fonctionnaire lui répondit très courtoisement que seul un chef pouvait répondre à la question. Un dame portant les insignes d’officier de paix ( deux barrettes sur l’épaule) fut sollicitée, qui rétorqua : « Ah ! vous voulez porter plainte ? . . ne bougez pas, je vous embarque ! ».

Un agent de la RATP s’approcha du citoyen pour le remercier d’avoir donné un coup de main. Le citoyen lui dit qu’il venait de changer de statut ; que de collaborateur occasionnel du service de police, il était devenu interpellé. Et il demanda à l’agent de la RATP de lui donner son identité. Au moment où l’agent de la RATP s’apprêtait à le faire, la dame aux deux barrettes surgit et s’adressa à ce dernier : « vous n’avez rien vu et vous n’avez rien à dire ! Circulez ! ».

Quant au citoyen, il fut effectivement embarqué. Il prit place dans une voiture de police ( pas dans le panier à salade) qui le conduisit avec son fils, sirène hurlante et feux rouges ignorés, dans les locaux de la police situés rue de Charenton à Paris 12°.

Et là, notre citoyen finit par être auditionné par un policier en civil, qui lui dit, que « c’était lui qui avait la machine à écrire et qu’il écrirait ce qu’il veut ». Le citoyen annonça qu’en ce qui le concernait, il apposera sa signbature au bas de ses écritures ... s’il le voulait lui aussi.

Au bout d’un moment le civil demanda : « Alors, vous portez toujours plainte ? » Et le citoyen répondit : « bien sur que non, puisqu’au train où vont les choses, il y aura quinze gardiens qui témoigneront on ne sait quoi ».

C’est sur ces paroles que le citoyen et son fils furent relâchés et purent regagnèrent leur domicile.

Le citoyen écrivit alors à la présidence de la RATP pour obtenir le témoignage de l’agent de la RATP.

Et que reçut-il ? Il reçut deux attestations de vigiles de la RATP, recopiées l’une sur l’autre. Qui donnaient une description vestimentaire détaillée, mais fantaisiste du citoyen ( Monsieur qui portait un manteau alors que le Monsieur n’en portait jamais, y compris en hiver). Témoignages qui se terminaient par une phrase émouvante de naïveté : « je ne sais pas ce que ce Monsieur et l’officier de paix se sont dit, mais ce Monsieur aurait du obtempérer ! »

Il se trouve que le monsieur au manteau qui aurait du obtempérer avait un excellent ancien collègue, qui était membre du cabinet du garde des sceaux de l’époque.

Grâce à ce dernier, l’IGS ( inspection générale des services … les « bœufs - carottes » de la Préfecture de police à l’époque) fut saisie.

L’IGS entendit le Monsieur.

Lequel apprit par son ami, que l’IGS avait conclu à une « méprise » (sic). Et que la dame officier de paix s’était fait « remonter les bretelles ».


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