Porto-Rico est une île entourée d’eau

par Clark Kent
samedi 30 septembre 2017

État libre, mais « associé » aux États-Unis, Porto Rico n'a aucune obligation vis-à-vis du fisc fédéral américain (ses habitants ne payent que des impôts locaux).

Les Portoricains ont la nationalité américaine depuis la signature du Jones-Shafroth Act par Woodrow Wilson (2 mars 1917), mais ils ne possèdent pas la citoyenneté américaine. De ce fait, ils n'ont pas le droit de vote à l'élection présidentielle américaine mais, bizarrement, ils peuvent voter pour la désignation des candidats démocrates et républicains à cette élection lors des primaires. Par exemple, c’est là qu’Hillary Clinton a remporté un de ses derniers succès électoraux lors des primaires de 2008. Les Portoricains élisent un représentant à la Chambre des représentants des États-Unis, mais il n'a pas le droit de vote, et aucun au Sénat où seuls les États américains sont représentés.

Les compagnies aériennes américaines considèrent l’île comme une « destination internationale », alors que les avions des compagnies portoricaines doivent porter un numéro de registre américain.

Autrement dit, les Portoricains sont américains quand ça arrange les Etats-Unis, mais pas quand ça les dérange !

Et en ce moment, ça les dérange !

Donald Trump a répondu aux critiques faites à son gouvernement à propos de son « manque de zèle » après les ravages du dernier ouragan à Porto Rico en expliquant que l'île était « entourée d'eau » : "C'est une île entourée d'eau, des eaux énormes, de l'eau de l'océan", a-t-il déclaré lors d'un discours sur la réforme fiscale à Washington. Il a ajouté que les dirigeants locaux avaient été "totalement et malheureusement incapables de gérer cette crise catastrophique par eux-mêmes, tout simplement incapables ".

L'ouragan Maria a frappé Porto Rico la semaine dernière, tuant au moins 16 personnes. La tempête de catégorie 4 a détruit 80% des capacités de distribution d'électricité de l'île. Les 3,4 millions d’habitants de l'île de sont aujourd'hui démunis. Les hôpitaux comptent sur les groupes électrogènes pour pouvoir fonctionner, et le carburant pour les alimenter s'épuise rapidement.

Le gouverneur de Porto Rico, M. Ricardo Rosselló, a demandé à maintes reprises une aide fédérale plus importante, qualifiant la situation de « crise humanitaire ». Hier vendredi, le maire de San Juan, la capitale de Porto Rico, Mme Carmen Yulín Cruz, s’est jointe à ses appels : "Je supplie quiconque peut nous entendre de nous éviter de mourir. Si quelqu'un nous entend à l'extérieur, nous sommes en train de mourir, et vous nous tuez par inefficacité".

M. Trump, quant à lui, a soutenu son administration en accusant les médias faire dans le sensationnel et en insistant à plusieurs reprises sur le caractère insulaire du territoire concerné :

« C'est une île assise au milieu d'un océan - et c'est un grand océan, vraiment, très gros océan ».

Il a ensuite informé le Premier ministre espagnol M. Mariano Rajoy que Porto Rico était « dans l'océan. Vous ne pouvez pas y aller en bagnole ni y envoyer vos camions ! C'est difficile".

M. Trump a également reproché aux résidents de Porto Rico pour leur négligence en matière d’entretien sur un « twitt » affirmant que l'île était confrontée à des « problèmes profonds » parce qu'elle « souffrait déjà d'infrastructures en mauvais état et de dettes massives ». C'était le premier tweet du président sur le sujet, presque une semaine après le début de l'ouragan.

L'armée américaine a envoyé 4 500 soldats et membres de la garde nationale dans l'île pour aider à la reconstruction. L’Agence fédérale des situations d'urgence (Federal Emergency Management AgencyFEMA) a envoyé plus de 800 personnes pour distribuer de la nourriture et de l'eau et coordonner les efforts de secours.

Le conseiller de la Sécurité Intérieure américaine, M. Tom Bossert a expliqué lors d'une conférence de presse jeudi : "Je suis convaincu que nous avons pris les bonnes décisions et déployé des moyens suffisants".


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