Portraits troublants : Inge HANNEMANN, l’employée du chômage allemand qui s’est rebellée contre le système...

par Gilles SONDEREGGER
mercredi 18 juin 2014

Inge HANNEMANN n'est à ce jour pas connue des médias français, peut-être à cause de la barrière linguistique...ou peut-être parce que son combat effraie les autres pays.... 

Employée au "Centre d'Emploi de Hambourg-Altona", par l' "Agence Fédérale pour l'Emploi", elle est très rapidement écœurée par la politique de sanctions appliquées systématiquement et implacablement aux personnes en recherche d'emploi.

Inge HANNEMANN
Hommage à une héroïne des temps modernes, qui a défendu les sans-emplois jusqu’au bout.

Inge HANNEMANN : « La Arbeitsagentur produit de la pauvreté et viole les droits fondamentaux. Plusieurs paragraphes de la loi fondamentale sont violés. Je vois la misère, les actes de répression et une grande division de la société se produire.  Les sociétés d'intérim reçoivent durant trois mois de l'argent de la Arbeitsagentur. Le salarié, lui, ne touche pas cet argent. Les gens sont donc embauchés pour trois mois et sont ensuite virés car la boîte d'intérim embauche des nouveaux chômeurs pour toucher les primes. La ministre du travail, Ursula von der Leyen, est assez incompétente. Je dénonce les chiffres sur le chômage annoncés par le gouvernement. Nos médias parlent de trois millions alors que nous avons huit millions de chômeurs en Allemagne ! »

« Un jour j'ai eu dans mon bureau un chômeur très malade. Il ne pouvait pas bien entendre et marcher. Il respirait à l'aide d'une machine. Les médecins du Pôle emploi ont déclaré qu'il pouvait travailler tout en restant sur un lit ! ».

Dans un premier temps, elle s'est refusée à appliquer systématiquement les sanctions des caisses de chômage allemandes, et a mis son emploi en danger en prenant la défense des sans-emplois (je trouve que ça fait moins méprisant que "chômeurs"), en n'appliquant pas les pénalités prévues. Convoquée une première fois par ses supérieurs, elle a répondu qu'elle appliquait les sanctions quand elle considérait que c'était justifié.

Parallèlement, elle a créé un blog, sur lequel elle critique la manière dont sont traités les sans-emplois en Allemagne, allant jusqu'à dire que la fonction du Pôlemploi allemand n'était pas la réinsertion dans le monde du travail, mais d'éjecter les demandeurs d'emplois à coups de sanctions arbitraires, prévues par des textes de loi allemands beaucoup trop strictes, selon Inge.

Son bras de fer avec la politique allemande concernant le traitement des chômeurs, lui a finalement coûtera finalement sa place en avril 2013, son employeur lui signifiant qu'elle s'était "trompée d'emploi", et la renvoyant séance tenante avec interdiction de revenir sur son lieu de travail, après 8 ans de collaboration. 

« Mes communications téléphoniques sont subitement interrompues quand je parle aux journalistes. Pendant des heures, je ne peux plus téléphoner. Les mails n'arrivent plus correctement. Ceux qui veulent me contacter reçoivent un message comme quoi mon compte mail est fermé ».

Mais elle va plus loin : parlant le français et passionnée par le pays des droits de l'Homme, elle se propose de venir en France rencontrer le syndicat du Pôle emploi, SNU-FSU,pour mettre en garde contre les nouveaux plans sur le chômage en France directement importés du modèle Hartz IV. 

Depuis 2013, Inge Hannemann, licenciée pour activité politique, est menacée d'être internée en psychiatrie. Angela Merkel et son second couteau, Ursula von der Leyen, de la CDU, qui a été une ministre de la famille au bilan médiocre et qui dirige le ministère du travail aujourd'hui, aurait calé Inge Hannemann dans la lunette de son fusil. Devenant une affaire d’État, le blog d'Inge Hannemann, altonabloggt, et ses divers entretiens dans la presse commence à échauder Berlin.

Inge HANNEMANN a déposé une plainte au tribunal de Hambourg pour licenciement abusif, qui a été rejetée le 30 juillet 2013. Battante jusqu'au bout, elle a fait appel de cette décision. Une pétition co-signée par 16.000 personne a été remise au tribunal de Hambourg pour sa ré-intégration, éventuellement à un poste de médiateur entre les sans-emplois et l' "Agence Fédérale pour l'Emploi".

Les textes de loi allemands prévoyant qu'une loi puisse être amenée à être rediscutée au parlement (Bundestag) si un quorum de 50.000 signatures est atteint (une forme de référendum à la sauce suisse...). Elle dépose le 20 Novembre 2013, une pétition libellée "allocation chômage II - abolition des sanctions et des restrictions sur les prestations" (SGB II et SGB XII)" qui, ayant ateint et même dépassé les 50.000 signatures, a été publié sur le journal officiel du Bundestag.

Le 17 Mars 2014, la pétition de Inge Hannemann était discutée dans la commission des pétitions du Bundestag allemanden séance publique.

http://www.ingehannemann.de/

Malgré la barrière des langues, le sort des allemands est lié au sort des autres européens, il est vital que nous nous soutenions les uns les autres.

Un ENORME hommage à la lutte courageuse de Inge HENNEMANN, en espérant que cela donne des idées à nos conseillers "Pôle-emploi".

 

Le combat pour la justice paie. Encore faut-il oser se battre !

 

Gilles SONDEREGGER

 

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