Pour gagner plus il faut produire plus !

par Aimé FAY
mercredi 4 avril 2007

Depuis la nuit des temps, le facteur « travail » est au cœur de l’activité humaine. Ne serait-ce que pour se nourrir. Or le facteur travail est souvent méconnu par les économistes philosophes, comme en ont témoigné beaucoup des intervenants de l’émission « Ripostes » dimanche dernier.

Débat dans lequel l’équation fondamentale suivante semblait souvent être ignorée :

Production de biens et services = Capital mis en œuvre + quantité de travail fournie

Cette équation, dite de causalité, met en évidence que, pour accroître la quantité de travail, il faut indispensablement que la production de biens et services progresse. Cela paraît une évidence, mais pas pour tous. Que l’on soit économiste n’ayant jamais mis les pieds dans le monde du travail ou syndicaliste ayant pour objectif de ne fustiger qu’uniquement, et de manière dogmatique, le facteur capital.

Alors, éclairons quelques lanternes. Le schéma suivant donne une bonne idée de la place occupée par le facteur travail dans le cycle économique :

La production nécessite du travail (et du capital) qui procure du revenu qui permet de consommer (mais aussi d’épargner et d’investir) et de déclencher à nouveau la production.

Comme dirait Monsieur de Lapalisse, si la consommation augmente la production doit aussi augmenter pour la satisfaire. Si la production augmente, la quantité de travail doit l’accompagner dans sa progression. Si le travail augmente cela procure plus de revenus pour... consommer. Cet accroissement de consommation déclenche à son tour une augmentation de la production qui, à son tour influe sur le travail, qui procure des revenus, etc.

On le voit, le cycle économique est vertueux. Où qu’on le prenne. Mais il n’est vertueux que si l’on consomme des biens et services fabriqués par la production du pays. En effet, si le surcroît de revenus est consacré à la consommation de biens et services fabriqués à l’étranger, on aura alors augmenté la production d’autres pays et les revenus de leurs travailleurs. Pas les nôtres !

Cette contrainte étant admise, la production nationale de la France, souvent représentée par la somme des valeurs ajoutées, a quand même sensiblement augmenté ces dernières années. On a donc produit plus. Mais est-ce que cela s’est retrouvé dans le facteur travail et dans celui des revenus ? Que nous dit la comptabilité nationale française ?

en milliards d’euros

1999

2000

2001

2002

2003

2004

2005

Valeur ajoutée brute

1218.5

1290.7

1344.7

1392.6

1434.8

1489.3

1531.3

Variation base 100 en 1999

100,0

5,93%

10,36%

14,29%

17,75%

22,22%

25,67%

Salaires et Traitements bruts

515.8

547.6

574.2

598.7

614.3

635.7

654.7

Variation base 100 en 1999

100,0

6,17%

11,32%

16,07%

19,10%

23,25%

26,93%

Source INSEE 19/05/2006 : Tableau 1.202 : partage de la valeur ajoutée à prix courants.

Ce tableau montre que sur la période 1999-2005 la production française (présentée ici à travers la valeur ajoutée) a augmenté de 25,67 % alors que celle de la rémunération du travail, via le salaire, a augmenté de 26.93 %.

Les évolutions sont donc quasiment identiques. Cela prouve que toute augmentation de la production se traduit bien, en France, par une augmentation des revenus salariaux, de la consommation et, in fine, de la production. Le courant de fuite à travers la consommation de biens et services en provenance de l’étranger peut donc être négligé, dans l’état actuel des choses.

De fait, notre slogan "Pour gagner plus il faut produire plus" est donc tout à fait pertinent. Les chiffres de l’Insee montrent qu’il se vérifie parfaitement.

Ainsi, à l’aune de ce constat, il convient maintenant que la prochaine équipe présidentielle prenne les bonnes mesures économiques pour relancer la consommation, ou le travail, ou la production ou les revenus. Il n’y a que l’embarras du choix. On sait, aujourd’hui, que les répercussions seront quasi mécaniques sur la production, sur la quantité de travail et sur les revenus distribués, c’est-à-dire, les salaires.

Mesdames et Messieurs les présidentiables, il n’y a plus qu’à faire ! L’échéance est toute proche. La France du travail vous attend.


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