Pour Ioulia Timochenko : Démocrates de tous les pays, unissez-vous !
par Daniel Salvatore Schiffer
jeudi 13 octobre 2011
Mardi 11 octobre 2011, sous le coup de midi : un jour noir, en Europe, pour la démocratie ; une date particulièrement funeste, pour l’Ukraine de Viktor Ianoukovitch, que le verdict émis, par le tribunal de Kiev, à l’encontre de Ioulia Timochenko, égérie pro-occidentale de l’historique « révolution orange ».
7 ans de prison ferme : une sentence aussi inique qu’injuste que celle prononcée là, par le juge Rodion Kireev, contre celle qui se voit ainsi arbitrairement accusée d’avoir outrepassé ses pouvoirs, lorsqu’elle était Premier Ministre de ce pays, en signant des contrats gaziers, en 2009, avec la Russie.
Que ce procès fût une abjecte parodie de justice en même temps qu’une farce indigne d’un pays prétendant se rapprocher de l’Union Européenne, de ses valeurs morales et de son attachement aux droits de l’homme comme de la femme, c’est là, du reste, ce que vient de déclarer Ioulia Timochenko elle-même lors de cette ultime audience : il s’agit d’un « jugement fabriqué » par le président Viktor Ianoukovitch en personne, lequel, a-t-elle ajouté très opportunément, rappelle ainsi, de sinistre mémoire, les abominables purges, en 1937 surtout, sous la dictature de Staline et la férule de Vychinski, des opposants, futurs dissidents, au régime.
Inutile, donc, de continuer à épiloguer sur ce malheureux retour, dans l’Ukraine d’aujourd’hui, des pires spectres de la défunte Union Soviétique. Car si la cause, au pays de Ianoukovitch, semble ainsi entendue, elle ne fait au contraire, pour nous, citoyens de l’Europe libre, qu’amplifier, aux quatre coins de la planète, ces divers appels, en faveur de Ioulia Timochenko, que nous avions lancés, il y a deux mois déjà, dans la presse internationale et francophone en particulier*.
Oui : démocrates de tous les pays, unissez-vous, qui que vous soyez, simples citoyens ou responsables politiques, pour la libération de Ioulia Timochenko !
Nous porterons donc effectivement, comme nous l’avions alors annoncé publiquement, cette pénible affaire devant les plus hautes sphères diplomatiques et instances juridiques : depuis la Cour Européenne des Droits de l’Homme, institution faisant partie intégrante du Conseil de l’Europe (Strasbourg), jusqu’à la Cour Européenne de Justice (Luxembourg).
Madame Catherine Ashton elle-même, Haute-Représentante de l’Union Européenne pour les Affaires Etrangères, a déjà déclaré, très officiellement, que le rapprochement entre Bruxelles et Kiev serait largement compromis dans ce très regrettable cas où Ioulia Timochenko se verrait arbitrairement condamnée par la justice ukrainienne.
Si cela ne devait pas suffire à infléchir la position des autorités politico-juridiques de Kiev, nous demanderons alors tout aussi fermement à la Fédération Internationale de Football, la FIFA, qu’elle renonce à voir la prochaine « Coupe d’Europe des Nations » (compétition sportive) se dérouler comme initialement prévu, du 8 juin au 1er juillet 2012, en Ukraine.
Ce combat, du reste, n’est pas seulement pour Ioulia Timochenko ; il est aussi, à travers ce symbole devenu désormais mondial, pour tous ces hommes et toutes ces femmes qui se voient injustement privés à l’heure actuelle, en Ukraine mais aussi en Russie, de cette liberté sans laquelle il n’est point de respect de la dignité humaine : principe universel et, entre tous, sacré !
DANIEL SALVATORE SCHIFFER
*Pour mémoire, voici les noms, avec leurs titres et fonctions, des signataires des deux premiers appels à la libération de Ioulia Timochenko : pétitions publiées, entre les 8 et 16 août 2011, dans la presse européenne francophone, puis reprises par de nombreux médias internationaux (y compris ukrainiens et russes) :
Jacques De Decker, écrivain, Secrétaire perpétuel de l’Académie Royale de Langue et de Littérature françaises de Belgique.
Luc Ferry, philosophe, ancien Ministre français de l’Education Nationale.
Alexandre Jardin, écrivain.
Daniel Mesguich, comédien, metteur en scène, directeur du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique (Paris).
Michelle Perrot, historienne, professeur émérite des universités.
Daniel Salvatore Schiffer, philosophe, écrivain, professeur à l’Ecole Supérieure de l’Académie Royale des Beaux-Arts de Liège et professeur invité au « Collège Belgique », sous l’égide de l’Académie Royale des Sciences, des Lettres et des Beaux-Arts de Belgique et le parrainage du Collège de France.
Jacques Sojcher, philosophe, directeur de la revue « Ah ! » (Université Libre de Bruxelles).
Annie Sugier, présidente de la Ligue du Droit International des Femmes, association créée par Simone de Beauvoir.
Michel Wieviorka, sociologue, directeur d’études à l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales (Paris) et administrateur de la Fondation Maison des Sciences de l’Homme (France).
Au nom de ces premiers signataires, qui ont tous confirmé leur soutien quant à ce troisième et dernier appel, vient de s’ajouter, notamment, celui de :
Marc Bressant, écrivain, Grand Prix du Roman de l’Académie Française.
Hsiao Chin, artiste-peintre italo-chinois.