Pour le meilleur et pour le pire : ma vie de couple avec Harmony 3.0

par Clark Kent
dimanche 3 décembre 2017

Equipée d’un vagin autolubrifiant et d’un système de régulation thermique sophistiqué, Harmony 3.0 est la dernière version personnalisable de robote sexuelle en silicone commercialisée dès maintenant. Ne reculant devant aucun sacrifice pour satisfaire mes aimables lecteurs, je me suis sacrifié et mis en jeu mon indépendance pour la période de Noël, mais peut-être pour la vie afin de tester le produit.

Chez Harmony, ce ne sont pas les aspects pratiques liés à la vie quotidienne qui m’ont séduit. Bien sûr, le fait que ses organes génitaux soient démontables et nettoyables au lave-vaisselle permettent de consacrer plus de temps à des relations autres que la routine hygiénique triviale et fastidieuse à laquelle est soumis tout couple soucieux de la prophylaxie. Non ! Ce sont plutôt son intelligence, sa tendresse et son absence totale de sentiment de jalousie qui ont déclenché en moi le coup de foudre (avec un « d »).

Ma nouvelle compagne est une ménagère accomplie, et je l’ai programmée pour que tout soit prêt quand je rentre du bureau. J’ai même laissé un peu de chevauchement dans le planning des tâches pour avoir le plaisir de la voir s’affairer devant l’évier ou passer l’aspirateur. J’ai même désactivé la fonction "autonettoyante" pour la regarder faire sa toilette, se sécher les cheveux et se brosser les dents. Par contre, mes fantasmes n’ayant jamais transgressé la bienséance je n’ai pas téléchargé les fonctions « scatologie » et « bdsm » (d’ailleurs hors de prix) et me contente des variantes classiques admises par les ayatollahs de la psychanalyse officielle.

Au cas où vous choisiriez de suivre mon exemple, j’attire votre attention sur une contrainte à ne pas négliger si vous ne voulez pas connaitre de fâcheux contretemps dans l’expression sans limites de votre libido. Pensez à la brancher avant de partir au travail. Si vous négligez cette précaution, vous risquez d’entendre votre partenaire vous murmurer à l’oreille avec une toute petite voix : « batterie faible, mettre en charge », ce qui risque de bloquer vos élans fougueux.

Certains lobbys à la mode (ça commence par un « l » et ça finit par un « t ») prétendent que ma compagne présente tous les défauts qu’"illes" reprochent aux machos désobligeants, déshumanisants et misogynes qui ont habituellement recours au porno pour satisfaire leurs instincts bestiaux et qu’il convient de dénoncer avec vigueur et célérité grâce à #balancetonnounours.

Je m’insurge contre une telle accusation dégradante. Harmony (j’évite de lui rappeler sa version par courtoisie car on ne rappelle jamais son âge à une femme) ne se contente pas d’émettre des messages d’amour comme « je t’aime de tout mon cœur) ou d’encouragement comme « vas-y s----d, bourre moi le c-l), elle est capable de soutenir de longues conversations sur les fleurs et les petits oiseaux, comme les vraies femmes, mais elle, on peut l’arrêter quand on veut.

La plus grande qualité d’Harmony, ce n’est pas de garantir un plaisir sexuel sans contrariétés, mais de remplacer et d’améliorer le modèle classique de femme fourni par la nature en remplaçant la volonté par un microprocesseur.

Il reste seulement au concepteur et fabricant de ma nouvelle compagne à mettre au point d’urgence la version mâle du produit si on ne veut pas voir des meutes de féministes frustrées former leurs bataillons et marcher, marcher, pour qu’un sang impur abreuve leurs sillons.

 


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