Pour obtenir un référendum sur le nouveau traité européen

par Le Canard républicain
vendredi 31 août 2007

Article 35 de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1793 : « Quand le gouvernement viole les droits du peuple, l’insurrection est, pour le peuple et pour chaque portion du peuple, le plus sacré des droits et le plus indispensable des devoirs. »

Mes chers concitoyens,

Dans quelques mois, un événement d’une portée considérable et décisif dans l’Histoire se déroulera dont les conséquences pour notre avenir et celui de nos enfants seront gigantesques. Quel est-il ?

Tout simplement le passage par voie parlementaire du nouveau « Traité européen simplifié », qui n’est en fait qu’une « Constitution européenne bis  ».

En effet, M. Giscard d’Estaing, l’ancien président de la Convention qui avait rédigé le traité constitutionnel européen rejeté lors du référendum du 29 mai 2005 par les Français, a estimé que le nouveau traité européen en préparation, « c’est le processus constitutionnel de Laeken qui se poursuit  » et que « 90 % des termes sont identiques  » à la Constitution européenne (1).
M. Sarkozy, ayant choisi la voie parlementaire pour faire adopter le nouveau texte, M. Giscard d’Estaing s’est réjoui de cette décision car selon lui la voie parlementaire « garantit la ratification ».
Il faut rappeler que lors du référendum de 2005, le NON l’avait largement emporté avec 54,67 % des votes, alors que le 28 février 2005, les députés et sénateurs avaient voté à 92 % en congrès à Versailles la réforme constitutionnelle pour « adapter » la Constitution française au traité constitutionnel européen.

Comme le soulignait M. Philippe Séguin à l’Assemblée nationale le 5 mai 1992, « le recours à la voie parlementaire est contraire à l’esprit de notre pacte social car ce que le peuple fait, seul le peuple peut le défaire (2) ».Certains politiques diront que « la procé­dure de l’article 89 - de la Constitution française - rend sa dignité au Parlement ! Convenez que l’argument est plutôt singulier au moment où l’on nous demande de diminuer encore son pouvoir réel ! (3) » L’article 3 de la Constitution française de 1958 rappelle ce que dit l’article III de la Déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789  : la souveraineté nationale appartient au peuple.« Nulle assemblée ne saurait donc accepter de violer délibérément ce pacte fonda­mental... Aucune assemblée n’a compétence pour se dessaisir de son pouvoir législatif par une loi d’habilitation générale, dépourvue de toute condition précise quant à sa durée et à sa finalité. A fortiori, aucune assemblée ne peut déléguer un pouvoir qu’elle n’exerce qu’au nom du peuple. (4) ».(Voir la note Le Conseil d’Etat consacre la primauté du droit européen !)

Comme le précisait Charles de Gaulle, à Londres, en 1942, démocratie et souveraineté nationale se confondent : « La démocratie se confond exactement pour moi avec la souveraineté nationale... La démocratie, c’est le gouvernement du peuple par le peuple, et la souveraineté nationale, c’est le peuple, exerçant sa souveraineté sans entrave. »

Certains citoyens feront confiance à leurs députés, mais pour nos parlementaires, « la messe » est déjà dite ! Devant un hémicycle vide (voir vidéo), l’un d’entre deux a tenu des propos particulièrement pertinents : « On a supprimé le paquet cadeau et les rubans, mais on a gardé le même contenu. La manœuvre est habile, mais pardonnez-moi, M. le ministre, la ficelle est un peu grosse. Faire passer cette constitution bis pour un simple règlement de copropriété, d’où l’expression «  traité simplifié » destinée à abuser nos concitoyens, n’a pour but que d’éviter un nouveau référendum. Dans son propos, le ministre Kouchner a d’ailleurs été franc tout à l’heure, il a osé dire : « l’absence de référendum évitera la coupure entre l’Europe et le peuple ». Il avait raison, en supprimant la démocratie on peut essayer de faire croire que tout le monde est d’accord, sans aucun risque d’être désavoué, du moins dans l’immédiat. »

D’ailleurs le mot « simplifié » en lui-même signifie clairement les choses, car en effet, en mathématiques, lorsqu’on parle d’une fraction simplifiée, cela signifie tout bonnement trouver une fraction sous une autre forme mais toujours égale à celle de départ !

Comment obtenir un référendum sur le nouveau traité européen ? Le peuple français va-t-il devoir commencer une insurrection pour son obtention ? En ce qui me concerne je ne vois qu’une seule forme d’action efficace et pacifique pour l’instant. Dès que le nouveau traité sera fixé et après son analyse minutieuse montrant qu’il est un copié-collé du texte constitutionnel refusé par les Français, tous les républicains devront s’engager dans un mouvement de grève de la faim afin d’obtenir un référendum.

Pour terminer, je vous invite à (re)lire ces quelques extraits du formidable discours de M. Philippe Séguin, faisant preuve d’une grande clairvoyance, ainsi que les deux citations de M. Pierre Mendès France et M. Chevènement au bas de cet article. Sans oublier la déclaration de M. Barroso datant du 10 juillet 2007 : l’U.E. est un Empire.

Discours du 5 mai 1992 de M. Philippe Séguin à l’Assemblée nationale. Il s’exprimait dans le cadre d’une exception d’irrecevabilité déposée par lui et plusieurs de ses collègues sur le projet de loi constitutionnelle préalable à la ratification du traité de Maastricht :

Vive la République française !

P.S. :

· Pierre Mendès France en 1957, lors de la ratification du traité du Marché commun : « Il y a deux façons pour une démocratie d’abdiquer : remettre ses pouvoirs à un homme ou à une commission qui les exercera au nom de la technique. »

· Jean-Pierre Chevènement en 2006 : « Seules des nations conscientes d’elles-mêmes sont en mesure de contrôler l’exercice démocratique des compétences qu’elles peuvent, le cas échéant, déléguer... Privé de sa souveraineté, un peuple cesse d’exister comme peuple au sens républicain du terme. On peut admettre une "délégation de compétences" dès lors que ces compétences ont été strictement définies, qu’elles restent démocratiquement contrôlées par les peuples et leurs représentants légitimes. »

· Une invitation à voir le dossier Pierre Mendès France, le dossier De Gaulle et l’Europe et la note Notre prochain référendum : Europe confédérale ou Europe fédérale.


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