Pour une alternative aux idéologies marxistes/gauchistes

par Bernard Mitjavile
mardi 5 avril 2016

Pendant longtemps, l’idéologie marxiste a dominé la réflexion dans les universités française. Dans les années d’après guerre, elle était qualifiée « d’horizon indépassable de notre culture » par le philosophe Jean-Paul SartreAu cours des années 1970-80, le philosophe communiste Louis Althusser était considéré comme une espèce de Gourou à la Sorbonne ou Normal Sup par les étudiants qui se pressaient à ses conférences. A cette époque, la grande question de la gauche, communistes et socialistes confondus, était de savoir jusqu'où il fallait pousser le programme des nationalisations dans le « Programme Commun de gouvernement » pour « rompre avec le capitalisme » selon la phraséologie de l’époque utilisée par Jean-Pierre Chevènement comme les penseurs du PS. Bien de l’eau a passé sous les ponts, les anciens gauchistes ont fait carrière et prônent souvent aujourd’hui le libéralisme et les socialistes n'osent plus parler de "changer la vie" avec un gouvernement de gauche même si le slogan creux « Le changement, c’est maintenant ! » a été utilisé lors de la présidentielle de 2012. Ceci dit, même si les crimes du communisme ne sont pus masqués, si la Chine s’est convertie au capitalisme et le bloc soviétique s’est effondré, les erreurs et mensonges du marxisme ont été rarement systématiquement exposés, ce qui fait qu'il garde toujours une forte emprise sur la pensée de gauche, sur le syndicalisme et les universitaires en France. Aussi un effort de clarification idéologique est nécessaire.

INTRODUCTION

UNITE DE LA PENSEE MARXISTE

L'œuvre de Marx est souvent perçue à juste titre comme un tout dont les conceptions sur la nature, l'homme, l'histoire et l'économie se renforcent les unes les autres. Cela explique en partie son attrait sur des millions de gens tout au long du 20ème siècle. Rappelons en passant la citation de Jean-Paul Sartre, "le marxisme est l'horizon indépassable de notre culture". Cette citation suffirait à discréditer son auteur si la France n'était un pays où selon la formule reprise par de nombreux "intellectuels", "il valait mieux avoir tort avec Sartre qu'avoir raison avec Aron", ce qui était sûrement vraie pour la carrière universitaire, médiatique ou littéraire de ces nombreux penseurs qui ont toujours su penser dans le sens du vent, des idées à la mode. Toutefois, cette déclaration de Sartre contient une part de vérité, le marxisme est l’horizon indépassable de la culture athée, c’est lui et non l’existentialisme athée cher à Jean-Paul Sartre qui a poussé jusqu’au bout de sa logique la conception athée du monde, de l’homme, de la société, de l’histoire et même de l’univers.

MARXISME ET SCIENCE

Le marxisme ne peut être compris uniquement avec la raison car il fait appel aux sentiments, aux frustrations, et aux espoirs de l'homme au moins autant qu'à son intellect. Pourtant les marxistes ont usé et abusé du mot "scientifique". Il ne faut pas voir en cela l'amour de la science mais la recherche du pouvoir et de l'autorité qu'elle donne à ceux qui parlent en son nom. Les débats entre marxistes de diverses tendances ont eu et ont un caractère passionnel très éloigné des congrès scientifiques, car l'enjeu de ces discussions n'est pas la découverte de la vérité mais la domination de l'adversaire.

Aucun prix Nobel de biologie ou de physique n'est prêt à déclarer que le matérialisme dialectique propose une vision scientifique de l'univers. Même le professeur Monod (ancien prix Nobel de biologie), malgré ses sympathies envers les communistes, gardait assez d'honnêteté intellectuelle pour rejeter la prétention du marxisme à s'élever au rang de science. Les errements après la deuxième guerre mondiale de la « biologie marxiste-léniniste » du soviétique Lissenko qui voulait montrer l’influence du milieu sur les gènes des végétaux, ont montré combien ces prétentions scientifiques étaient en fait vraiment opposées à un véritable esprit scientifique. Mais les marxistes prendront toujours le masque de la science pour dissimuler l'aspect dogmatique de leur matérialisme. Toutefois, dans un sens, le marxisme est une science : c'est une science de la prise du pouvoir et du contrôle des masses. Dans ce domaine, il laisse loin derrière lui toutes les formes de machiavélisme, parce qu'il dissimule son cynisme sous une idéologie messianique et sait donner bonne conscience à ses partisans. Ceux-ci, avant de tromper les foules, commencent par s'aveugler sur la véritable nature de leur idéologie.

PARALLELE AVEC LE NAZISME - LE MARXISME AU DELA DES CONDAMNATIONS MORALES

Le nazisme lui aussi a tenté de dissimuler son caractère destructeur sous une pseudo science (la biologie, l'anthropologie, l'histoire, revues par les théoriciens nazis) et sous un pseudo messianisme, le peuple des Seigneurs dont le règne durerait mille ans. Mais si le nazisme a reçu presque universellement une condamnation morale bien méritée, le marxisme y a largement échappé. Pourtant, des deux côtés, l'idéologie a porté les mêmes fruits -. les camps de travail russes ou chinois ont même fait sensiblement plus de victimes que ceux d'Hitler. Alors, pourquoi cette indulgence face au marxisme ? Probablement parce qu'il est bien plus enraciné dans notre culture que l'idéologie nazie. Nous avons peur de condamner le marxisme trop clairement car nous savons que cela nous amènerait à remettre en question une grande partie des racines antichrétiennes et athées de la culture moderne, aussi l'accusation d'anticommunisme a-t-elle longtemps gardée un pouvoir paralysant. Le marxisme est le dernier fruit d'une longue évolution dans la civilisation occidentale vers certaines formes de matérialisme dont on trouve les origines dans certains aspects de la Renaissance. Il nous est difficile de discerner dans cette culture qui nous imprègne les germes du totalitarisme.

UN PROBLEME CULTUREL

Une véritable critique du marxisme doit comprendre sa genèse, les liens qui l'unissent à divers courants humanistes ou matérialistes et apporter une contre-proposition à sa conception du monde et son système de valeur. En effet, comment peut-on s'opposer à lui si, sur bien des points, on partage sa façon de penser, si l'on fait preuve du même scepticisme face à toute morale et toute religion et si l'on considère que les rapports entre individus et nations, sont avant tout des rapports de force. Au moins les marxistes justifient leur « réalisme » au nom de la « libération » de l'homme et de l'espoir révolutionnaire, mais quel espoir, quelles valeurs apportons-nous nous-mêmes ?

BESOIN D'UNE NOUVELLE CRITIQUE ET D'UNE CONTRE-PROPOSITION

S'il est salutaire de dénoncer l'échec des communismes soviétique et chinois, cela ne suffira pas à éliminer la phraséologie marxiste qui affleure régulièrement dans les média, cela n'améliorera pas non plus l'atmosphère politique et sociale en France. Il faut aller plus loin dans la recherche d'une contre-proposition aux principaux thèmes du marxisme et c'est ce à quoi ce texte cherche à contribuer.

MATERIALISME DIALECTIQUE - CONCEPTION DE L'HOMME

Au cœur de chaque idéologie ou religion, il y a une certaine conception de l'homme, de sa relation avec Dieu (s'il y a lieu) et avec la nature. C'est sans doute la réponse apportée à la question : "qu'est-ce que l'homme ?" qui nous permet le mieux d'évaluer un système de pensée.

Derrière toute la phraséologie humaniste utilisée par les communistes, il y a donc une certaine idée de l'homme bien qu'elle ne soit pas mise en valeur car, en général, les gens ne poussent pas jusqu'au bout leurs questions et préfèrent ne pas considérer les implications métaphysiques de leur engagement.

Pourtant, cette vision de l'homme constitue le noyau du marxisme et permet de le situer par rapport au christianisme et à l'humanisme. Elle nous permet de saisir ce qu'il y a d'abusif et de contradictoire dans l'utilisation que font les communistes des mots de " libération " ou de " démocratisation ".

Pour les communistes, l'homme est un être matériel au même titre que les animaux, mais il se distingue d'eux par son haut développement. La matière, selon le matérialisme dialectique, possède un dynamisme inhérent qui lui permet, à partir de composés inorganiques, de former des êtres vivants unicellulaires comme l'amibe. Ces êtres inférieurs ont évolué jusqu'à l'homo sapiens en passant par de nombreux stades. Pour un idéaliste, l'homme n'est pas un animal évolué, mais un être doué de raison, un être éthique qui possède des droits humains et une dignité due à une personnalité unique. Pour le matérialisme communiste, ce ne sont ni la raison, ni les droits, ni le caractère qui distinguent fondamentalement l'homme de l'animal, mais le travail social.

THEORIE MARXISTE DE L'EVOLUTION

Marx comme Engels admiraient la théorie de l’évolution par la survie des mieux adaptés selon Darwin, théorie qui correspondaient bien à leur idéologie d’une lutte impitoyable pour le développement. Ainsi Marx demanda à Darwin d’écrire une préface à son œuvre principale « Le Capital », ce que Darwin refusa. D'après Engels, la faculté de raisonner et le caractère se sont développés chez l'homme dans une relation dialectique avec le travail et particulièrement le travail social. C'est par l'utilisation d'instruments que des singes ont évolué progressivement jusqu'à l'homme. Le travail a intensifié le besoin de communiquer, origine du langage, et permit le développement de la raison. " La production de matériaux nécessaires au travail (outils de travail) distingue l'homme de l'animal plutôt que la conscience ou la religion" (Engels). La coopération dans le travail a amené les hommes à développer des relations étroites et à former des sociétés. L'ordre et la religion devinrent nécessaires pour faciliter la vie sociale et pour permettre aux hommes au pouvoir de gouverner efficacement. La personnalité, les critères de valeurs, les principes moraux, les droits et la liberté ne sont pas liés à la nature humaine aussi on ne peut les considérer comme absolus ; ils résultent simplement de la vie en société.

Pour les matérialistes conséquents on ne peut dire que chaque homme a une valeur unique. Le caractère et les droits résultant du travail social, on ne peut les reconnaître que chez ceux qui participent à ce travail. Or, selon les communistes, ce n'est que dans une société communiste que le travail social sera garanti et que l'exploitation sera supprimée. Aussi, la plus haute forme de travail social est l'activité révolutionnaire. Par la pratique révolutionnaire, la conscience de l'individu en arrive à saisir clairement la réalité sociale et historique dans laquelle il vit. Il peut donc agir librement et devient véritablement un homme. On ne peut donc reconnaître véritablement des droits et une dignité humaine que chez les révolutionnaires et ceux qui les soutiennent. Par contre, selon cette théorie, ceux qui s'opposent à la révolution n'ont pas plus de valeur que les animaux, aussi peut-on les supprimer sans pitié.

Considérant l'homme de ce point de vue, Staline et Mao-Tsé-toung ont pu justifier le massacre de dizaines de millions de personnes. Même si le côté humaniste des discours communistes séduit beaucoup de gens, il n'y a rien dans la philosophie marxiste qui permette de fonder la dignité et les droits de l'homme si ce n'est sa participation au travail social et son utilité dans le processus révolutionnaire.

CRITIQUE DE LA CONCEPTION MARXISTE DE L'HOMME

a) Critique scientifique

La conception de l'homme selon Engels se fondait sur la théorie de l'évolution continue de Darwin. Or, cette théorie a été progressivement remplacée par celle de l'évolution discontinue par mutations brusques. Aussi, on ne peut dire si c'est l'utilisation d'instruments, le travail social et le développement du langage qui sont la cause de l'apparition de l'homme, ou si, au contraire, ce sont de profondes mutations physiques et psychiques qui ont permis le développement du travail social et du langage. Ainsi, l'hypothèse d'Engels qui fait du travail social le moyen de la transformation du singe en l'homme, n'est pas vérifiée et la science moderne, depuis la découverte du rôle des codes génétiques, ne rejette pas à priori l'action d'une volonté créatrice derrière le processus de l'évolution.

b) Critique d'un point de vue humaniste

La conception communiste de l'homme est incompatible avec le respect des droits de la personnalité ou de la liberté de l'homme. Cette conception ne peut permettre de fonder véritablement une éthique ou des principes moraux. En effet, d'après les communistes, les droits, la liberté ou les principes moraux ne sont pas transcendants ou liés à la nature humaine, mais ils ne font que refléter un rapport de force, un compromis entre la bourgeoisie et le prolétariat, aussi, leur respect doit être subordonné à la réalisation du socialisme. Par conséquent, partout où des groupes d'inspiration marxiste ont pris le pouvoir, ils ont supprimé toutes les libertés fondamentales, (liberté de la presse, d'association, d'opinions, etc.).

Souvent les marxistes prétendent être des humanistes. Découlant du mouvement des lumières (Diderot, D'Holbach, Rousseau) le marxisme a effectivement quelques liens historiques avec l'humanisme, mais on ne peut le qualifier d'humaniste au sens actuel du terme. En effet, l'humanisme a toujours reconnu la dignité de la personne humaine et ses droits. Aussi, Marx et Engels se sont définitivement coupés du courant des humanistes matérialistes, en particulier de leur contemporain Ludwig Feuerbach, en subordonnant le respect de la dignité et des droits de l'homme au processus révolutionnaire.

L'humanisme a donné à l'homme la liberté de conscience nécessaire à la poursuite de la vérité. Cependant comme en général à l’exception de notable de l’humanisme intégral de Jacques Maritain, les humanistes ne font pas dériver la dignité humaine d'une source plus élevée, mais font de l'homme un absolu, l'humanisme risque de se diriger vers le totalitarisme. Ainsi la révolution française d'origine humaniste contenait en germe aussi bien un élan vers la liberté que le régime de la terreur.

MATERIALISME HISTORIQUE

1) BASE ET SUPERSTRUCTURE

En tant que matérialiste athée, Marx croyait que la conscience humaine était un produit de la matière. Il voyait en la matière la cause première et la réalité fondamentale, les pensées, les émotions et la volonté n'étant que des reflets de cette réalité dans le cerveau. Cette croyance somme toute métaphysique est la base de l'analyse marxiste de la société.

Marx distinguait dans la société un fondement et une superstructure. D'après lui le fondement est constitué par le système économique ou plus précisément les rapports de production. Les institutions et conceptions politiques religieuses et juridiques, la vie artistique et la philosophie forment la superstructure qui se développe à partir de ces rapports de production.

Marx appela les rapports de production (équivalent social de la matière) "l'être social de l'homme", et les idéologies de la superstructure (équivalent social de l'esprit) "la conscience".

"Ce n'est pas la conscience des hommes qui détermine leur être, mais au contraire, c'est leur être social qui détermine leur conscience" (Marx : préface de la Critique de l'économie politique).

La superstructure est censée se développer suivant le progrès des rapports de production. Les rapports de production sont remis en question par le progrès des forces de production, un tel conflit engendrant de nouveaux rapports de production. Les luttes dans les superstructures reflètent les luttes dans le fondement.

Les progrès dans la superstructure sont réalisés par des luttes qui ont leurs causes dans des conflits entre des intérêts économiques opposés.

" Une superstructure est le produit d'un fondement donné. Aussi elle ne dure pas plus longtemps et disparaît lorsque les conditions économiques changent" (Staline : Linguistique et Marxisme).

2) CONCEPTION DE L'ETRE ET LA CONSCIENCE

Marx développa son analyse matérialiste de la société en réaction contre la conception idéaliste suivant laquelle les idéaux et les institutions sont les facteurs décisifs du progrès social. Selon la philosophie idéaliste, les hommes établissent les institutions selon leurs opinions religieuses et morales. La vie économique se développe ensuite à l'intérieur de ces institutions.

Par exemple, si l'on a supprimé le servage féodal, c'est parce que les hommes ont pris conscience qu'ils sont fondamentalement égaux, et par conséquent, ils doivent avoir les mêmes droits.

Selon l’approche idéaliste l'esprit précède la matière. L'homme fait d'abord un projet puis le réalise par son action. De même pour le progrès social, tout d'abord de nouvelles idéologies apparaissent, puis les institutions sont transformées, entraînant une amélioration des conditions économiques.

Comme pour de nombreux autres problèmes philosophiques, Marx a développé sa théorie sur l'être et la conscience en prenant le contre-pied des idées admises de son temps. D'après lui, l'effondrement de la société féodale ne vient pas des théories sur l'égalité entre les hommes, mais des nouvelles conditions sociales apparues avec le développement des manufactures préindustrielles.

Les communistes ne pensent pas non plus que l'avènement des sociétés communistes est dû aux théories marxistes. Ce sont les conditions économiques et sociales du capitalisme qui provoquèrent le développement de la théorie communiste. Les théories communistes ne sont que le reflet idéologique des contradictions, des conflits et des luttes propres aux sociétés capitalistes.

"Est-il besoin d'une institution profonde pour comprendre que les idées et les conceptions de l'homme, en un mot sa conscience, change chaque fois que les conditions matérielles de son existence et ses relations sociales se transforment ?" (Marx et Engels Manifeste du parti communiste).

Les matérialistes sont donc convaincus que ce ne sont pas les changements idéologiques qui affectent les conditions matérielles, mais la transformation des conditions sociales qui provoque l'évolution des consciences. Aussi, pour transformer les hommes et en faire de "vrais communistes", il faut contrôler leur environnement social.

Contrairement aux idéalistes, les communistes considèrent que les idées et les valeurs sont transitoires et malléables. Elles apparaissent et disparaissent en relation avec leur fondement économique.

"Chaque base possède une superstructure économique qui lui correspond. Le système féodal a sa propre superstructure, c'est-à-dire ses propres vues politiques, légales et autres, ainsi que des institutions correspondantes. Il en est de même pour le capitalisme et le socialisme". (« Matérialisme dialectique et matérialisme historique » J Staline).

AFFIRMATIONS INJUSTIFIEES

Sur beaucoup de points, la théorie marxiste de la base et la superstructure est faite d'affirmations arbitraires sans support théorique. Par exemple, Marx considère les rapports sociaux comme l'équivalent social de la matière et prétend que les conditions matérielles déterminent la pensée.

Cherchant dans la société quelque chose qui corresponde à la matière, Marx opta pour les rapports sociaux. Cependant, les facteurs d'ordre humain et culturels, tels que la conscience de l'homme affectent profondément les rapports sociaux.

Alors, pourquoi Marx a-t-il choisi quelque chose qui comporte un aspect spirituel comme équivalent de la matière ? La réponse est simple : il y était obligé, car il n'aurait jamais pu convaincre personne que les éléments purement matériels de la société (biens économiques, investissements de production) dominent et contrôlent les idées et institutions. En assimilant les rapports sociaux à la matière il rendait son matérialisme plus vraisemblable. Mais cette analyse n'est pas fondée sur une recherche scientifique, c'est plutôt le résultat d'un choix arbitraire en faveur du matérialisme. Bref, Marx ne peut pas démontrer que les rapports sociaux correspondent à la matière. La thèse de Marx suppose que le fondement supporte la superstructure et de plus qu'il détermine le caractère de cette superstructure.

Le but poursuivi par Marx était de nier le rôle moteur de la conscience et de la volonté humaine dans l'évolution des sociétés. Aussi, il devait soutenir que les forces de production progressent indépendamment de la volonté humaine.

Ses affirmations et ses pseudo démonstrations partent du désir de justifier et défendre ses positions matérialistes plutôt que du désir de comprendre la société et l'histoire par une analyse scientifique.

Si les affirmations de Marx étaient soutenues par l'histoire, il n'y aurait rien à dire contre son parti pris matérialiste et l'aspect dogmatique de ses théories. Mais les faits historiques réfutent complètement la théorie marxiste de la base et la superstructure.

LA REFUTATION DE L'HISTOIRE

Si la vision marxiste de l'histoire était correcte, les institutions de chaque époque devraient disparaître avec le renversement du fondement économique de cette époque. Si les idéaux et les institutions se maintiennent après la disparition de leur fondement respectif, cela signifie qu'ils ont une valeur qui transcende leur propre époque.

Selon Marx, l'art grec et le droit romain doivent leur existence aux rapports sociaux des sociétés esclavagistes. Ils auraient dû disparaître avec la suppression de ces rapports sociaux. Pourtant, ils sont toujours appréciés et le droit moderne s'inspire largement du droit romain. De même, le christianisme existe depuis plus de mille neuf cents ans bien que les relations de production aient changé de nombreuses fois durant cette période. Le confucianisme et le bouddhisme ont une histoire encore plus longue. Ces religions ont offert et offrent toujours une forte résistance à la tentative des communistes de les extirper d'Union Soviétique et de Chine.

Depuis, de nombreuses révisions ont été apportées au marxisme pour expliquer que les superstructures se maintiennent après la disparition de leur fondement. Aujourd'hui, les marxistes prétendent que les vues d'un âge révolu sont parfois conservées si elles sont utiles à une époque ultérieure. Selon eux, si le droit romain fut conservé dans le droit bourgeois c'est parce qu'il avantageait la bourgeoisie.

Engels a admis que si les idéologies et institutions sont généralement produites par les conditions économiques, le type particulier de gouvernement ou de société existant dans un pays à une époque donnée ne peut s'expliquer par les seules conditions économiques de cette époque. Divers facteurs propres au pays considéré, tels que la personnalité des dirigeants, le caractère national ou l'histoire passée du pays influencent la formation de ce type de gouvernement.

Bien que Marx eût affirmé que les idées et les institutions progressent suivant une loi objective parallèlement aux relations de production, ses successeurs ont admis qu'il n'en était pas toujours ainsi. Cela revient à admettre des contradictions au coeur du marxisme.

Si la société bourgeoise a largement utilisé les concepts du droit romain c'est parce que sa conception du droit est semblable en bien des points à celle des Romains. Si l'art grec est apprécié dans toutes les sociétés, cela signifie que les hommes de tous temps ont une sensibilité artistique commune. Si l'on admet l'existence d'une telle sensibilité, on porte atteinte au matérialisme strict. Cela implique qu'il existe des valeurs spirituelles sans rapport avec les rapports de production.

Marx ne pouvait accepter l'existence de telles valeurs après avoir critiqué sévèrement Feuerbach qui défendait de telles idées. Aussi il fut amené à prendre une position contraire aux évidences de l'histoire à cause de son parti pris matérialiste.

La conception idéaliste de l'histoire a souvent tendance à sous-estimer le rôle des facteurs économiques dans le progrès social. Mais le marxisme fait une erreur bien plus grossière en faisant des conditions économiques le moteur de l'évolution sociale et en affirmant que les forces productives se développent indépendamment de la volonté humaine.

Il semble que Marx n'a jamais compris ce qui fait l'unité d'une culture derrière ses aspects techniques, économiques, sociaux ou moraux. Sa volonté de tout réduire à des conditions matérielles l'a amené à sous-estimer l'importance des facteurs spirituels.

Une évolution décisive allant à l’encontre de la théorie d’origine du marxisme, fut celle d’Antonio Gramsci, fondateur du Parti Communiste Italien, qui dans une longue œuvre écrite en prison sous le fascisme italien, expliqua le refus des masses dans les pays capitalistes de faire la révolution par le concept d’hégémonie culturelle exercé par la classe dominante, d’où l’idée qu’une révolution culturelle devait précéder la révolution sociale et économique.

Après guerre, l’école de Frankfurt popularisa cette idée en l’associant à la psychanalyse, prônant le concept de révolution sexuelle comme un préalable à la révolution. Les principaux représentants de cette école, Wilhelm Reich et Herbert Marcuse eurent une influence décisive sur les mouvements de révolte étudiants dans les années 60-70 aux Etats-Unis puis en Europe. Il est bon de noter que Marcuse, vu souvent comme un apôtre de la révolution sexuelle, mit en fait un bémol à cette idée, écrivant dans l’Homme Unidimensionnel que la sexualité débridée dans un système capitaliste pouvait être utilisée pour mieux asservir les masses.

En conclusion, malgré ces différentes évolutions, révisions et contradictions apportées à la théorie originale, les marxistes ne feront jamais une approche objective de l'histoire tant qu'ils n'auront pas abandonné la théorie de la base et la superstructure.

INTRODUCTION AUX LOIS DE L'HISTOIRE

Pour les marxistes, Marx a fondé une science nouvelle, la "science de l'histoire". C'est dans le matérialisme historique que les communistes fondent leurs espoirs en un monde meilleur, leur foi dans le "sens de l'histoire". Le marxisme apporte la conception matérialiste de l'histoire la plus cohérente. Aussi, une étude critique nous amène à nous poser de façon pressante ces questions que Marx s'était posées et avait cru résoudre : Y a-t-il des lois objectives dans l'histoire ? L'histoire a-t-elle un sens ? Quels sont les rôles respectifs des facteurs matériels et spirituels dans le développement de l'histoire ? La tentative de Marx se révélera être un échec à cause de son orientation idéologique, mais sa critique de l'immobilisme des théories idéalistes de son temps est souvent justifiée et on ne saurait sous-estimer sa recherche d'une vision transformatrice du monde.

LOIS DU DEVELOPPEMENT DE L'HISTOIRE

Le grand philosophe de l'histoire au 19ème siècle, G.F. Hegel a construit sa théorie de l'histoire sur sa conviction que le monde matériel était la manifestation de l'Esprit ou de la Raison. Aussi, appliquant la dialectique à l'histoire humaine, il énonça une série de lois d'inspiration idéaliste selon lesquelles l'histoire se dirigeait vers la réalisation d'un Etat idéal. Marx était profondément influencé par les théories d'Hegel, bien qu'il fût un matérialiste convaincu. Aussi chercha-t-il à remanier ces théories selon ses propres convictions ou selon ses termes « remettre sur ses pieds la dialectique hégélienne ». Pour Marx, le progrès devait avoir une cause matérielle, aussi fallait-il chercher la raison du développement de l'histoire dans l'aspect matériel que présentent les différentes sociétés. Marx pensait que les relations économiques constituaient le fondement d'une société, ce qui correspondait à sa conception matérialiste de l'homme. En effet, selon lui, les besoins essentiels de l'homme étaient d'ordre matériel et la société s'organisait à partir de la nécessité de satisfaire ces besoins. Pour Marx, l'aspect matériel objectif de la société comporte deux éléments : les forces productives (c'est-à-dire les outils et la main d'œuvre) et les rapports de production (c'est-à-dire les rapports entre hommes axés sur les activités de production et d'échange et sur les moyens de production). Marx proposa plusieurs lois concernant le rôle des forces productives et des rapports de production dans le développement de l'histoire :

1. Les forces productives progressent constamment.

2. Le progrès des forces productives et des rapports de production se fait indépendamment de la volonté de l'homme.

3. Le progrès des forces productives détermine le développement, des rapports de production.

4. Lorsque les forces productives atteignent un certain stade de développement, les rapports de production deviennent un obstacle au progrès des forces productives, et la révolution éclate.

Nous allons examiner de plus près ces « lois ».

1. Les forces productives progressent constamment.

L'étude de l'histoire montre que les forces productives se sont continuellement développées de l'usage d'outils en pierre jusqu'à la technologie actuelle. Les outils ont évolué ainsi que l'expérience et les connaissances de la main d’œuvre. Marx a repris la théorie de l'auto-développement des idées de Hegel, la remplaçant pas celle de l'auto-développement des forces productives. Or, selon le matérialisme dialectique, les choses progressent à cause de la contradiction à l'intérieur de chacune d'elles et du conflit entre elles. Le progrès et les forces productives, cause du développement des rapports de production, doit donc provenir d'une contradiction entre deux éléments contenus dans les forces productives.

Quels sont donc ces deux éléments contradictoires ? Les forces productives comprennent les outils de production et la force de travail. Ces deux éléments sont-ils contradictoires ? Si oui, lequel représente l'affirmation, lequel représente la négation ? Marx et ses partisans ne répondent pas clairement à ces questions. Certains passages de l’œuvre de Marx laissent supposer que la cause première du progrès des forces productives est le désir de l'homme d’avoir une vie plus heureuse, ce qui pourrait être accompli par une simplification du travail et une amélioration des outils de production. Mais pourquoi Marx n'a-t-il jamais affirmé cela clairement ? La raison en est que s'il avait énoncé ce fait sous forme de loi, cela aurait signifié qu'il reconnaissait l'existence d'une cause et d'un but déterminés (satisfaire le désir de l'homme) à l'origine du développement des forces productives. Cela l'aurait conduit à admettre que la matière (les forces productives) était contrôlée par l'esprit (le désir de l'homme). Il aurait ainsi contredit sa propre philosophie (le matérialisme dialectique) qui nie que le progrès ait un but et que l'esprit dirige la matière. La cause du développement des forces productives se trouve au centre de la conception matérialiste de l'histoire. Son caractère ambigu et non-dialectique rend fragile tout l'édifice du matérialisme historique.

2. Le progrès des forces productives se fait indépendamment de la volonté humaine.

Selon Marx, même si le développement des forces productives nécessite l'apport de la volonté humaine, il se fait indépendamment de cette dernière. En effet, la conscience de l'homme est déterminée par les conditions matérielles dans lesquelles il vit. Aussi, ce sont les conditions matérielles et non la volonté de l'homme qui déterminent le progrès des forces productives.

Pour soutenir cette idée, Marx dit que James Watt n'a jamais prévu que sa découverte de la machine à vapeur amènerait la révolution industrielle. Mais, en réalité, il a fallu toute une série d'inventions pour déclencher la révolution industrielle. Chacune était le fruit de la volonté d'un chercheur mettant à profit les découvertes antérieures. Derrière toutes ces inventions se manifeste le désir objectif de l'homme d'inventer, de connaître et de maîtriser la nature.

Trois facteurs sont nécessaires au développement des forces productives :

L'invention est le résultat de la relation entre des facteurs spirituels (le désir d'inventer et la connaissance scientifique accumulée entre autres) et des facteurs matériels. Marx a affirmé qu'un seul de ces trois facteurs, les conditions matérielles et sociales, déterminait les deux autres. La raison de cette affirmation n'est pas scientifique mais idéologique. Si Marx avait reconnu que la volonté ou la connaissance était l'élément le plus fondamental, il aurait porté atteinte à ses convictions matérialistes.

3 Le progrès des forces productives détermine le développement des rapports de production.

Selon Marx, si les instruments et les techniques de production changent, les relations de production sont aussi affectées. Par exemple, quand les forces de production atteignirent le stade de l'agriculture et de l'artisanat, les relations de productions furent celles de la société féodale.- Lorsque ces forces atteignirent le stade de l'industrie mécanisée, les rapports de production de la société capitaliste apparurent. Mais si ces faits montrent qu'il y a une interaction entre le progrès des forces productives et le développement des rapports de production, on ne peut en déduire que l'un détermine l'autre.

Marx a soutenu cette idée pour rester fidèle à son matérialisme. Pourtant nous voyons que les sociétés communistes censées connaître les rapports de production les plus avancés se sont établies dans des pays où les forces productives étaient peu développées, tandis que le capitalisme s'épanouit dans les nations ayant les forces productives les plus développées. Ce fait, ainsi que bien d'autres récuse la théorie de Marx sur la relation entre les forces productives et les rapports de production.

4. Lorsque les forces productives atteignent un certain stade, les rapports de production deviennent un obstacle au progrès des forces productives et la Révolution éclate.

Cette "loi" convenait à merveille aux desseins révolutionnaires de Marx, car elle lui permettait de prédire que la société capitaliste deviendrait inévitablement un frein au progrès des forces productives et devrait être finalement renversée par la société socialiste. Mais, depuis l'époque de Marx, une meilleure compréhension de l'histoire ancienne et l'échec des prévisions marxistes concernant la société capitaliste ont sérieusement discrédité cette théorie.

Marx maintint que la société antique esclavagiste s'effondra lorsque les esclaves se révoltèrent, établissant ainsi la société féodale. Bien que cette interprétation corresponde au matérialisme historique, elle n'est pas vérifiée par les faits. La société antique n'était pas exclusivement une société esclavagiste. Elle comportait simultanément des communautés de type primitif, une classe commerçante importante et un système esclavagiste. La chute de la société antique était due à la corruption du gouvernement impérial, au déclin de la mythologie fondatrice de la civilisation gréco-romaine, causé en partie par le développement du christianisme et à l'invasion des peuples barbares venus du Nord. Il n'y a pas eu les révoltes massives d'esclaves auxquelles Marx attribue la chute de la civilisation antique. Cette "loi" du matérialisme historique s'applique encore moins facilement aux temps modernes où les sociétés communistes sont obligées d'importer en grande partie leur technologie des pays capitalistes.

Considérant les quatre lois du développement de l'histoire selon Marx, elles apparaissent clairement comme le résultat d'analyses simplificatrices grossières. Par exemple, s'il est vrai que de grandes découvertes scientifiques ou des innovations techniques ont des répercussions sociales, il est tout à fait abusif d'en déduire que les forces productives déterminent les rapports de production. Les forces productives de l'Allemagne nazie étaient aussi développées que celles de l'Angleterre ; pourtant, ces sociétés n'étaient pas comparables.

Le but ultime de ces différentes « lois » était de présenter la lutte des classes (fruit de la contradiction entre les forces productives et les rapports de production) comme un phénomène objectif, matériel, naturel. Ainsi la lutte des classes devient-elle le moteur de l'histoire, le seul moyen effectif d'améliorer les conditions sociales et de rétablir la justice

THEORIES ECONOMIQUES DU COMMUNISME

Louis Althusser, le grand penseur marxiste des années 60-70 avant le meurtre de sa femme et son envoi consécutif en hôpital psychiatrique, proclamait : « Il faut lire Le Capital ». Cette œuvre est en effet la source des grands thèmes de l'idéologie et de la phraséologie marxistes. Même devant la réfutation par les faits de toutes les prévisions économiques de Marx, des expressions telles que : " l'exploitation est inhérente au système capitaliste", "la baisse des salaires est la tendance inéluctable du capitalisme", "la recherche du profit est incompatible avec la justice sociale" gardent leur popularité dans certains milieux. Ces phrases dépeignent le capitalisme comme un monstre insensible méritant toutes les condamnations morales devenant ainsi le bouc émissaire de tous nos maux. Un tel vocabulaire, qui prend sa source dans les théories marxistes, trouve un large écho à droite comme à gauche.

Il n'est pas question de contester l'existence de différentes formes d'exploitation, mais Marx donne une explication erronée de ce problème. Il n'en saisit pas les véritables causes et les mesures qu'il a proposées se sont toujours révélées inefficaces. Une étude des contradictions contenues dans les théories économiques de Marx nous permettra de juger du bien-fondé des accusations que l'on porte en général contre le capitalisme.

THEORIE DE LA VALEUR-TRAVAIL

C'est sur cette théorie que reposent les propositions économiques communistes. Selon Marx, les marchandises ont une valeur double, la valeur d'usage et la valeur d’échange. La valeur d'usage est l'utilité d'une marchandise, la qualité qui lui permet de satisfaire les besoins de l'acheteur ; elle ne peut être évaluée quantitativement. Pourtant, pour être échangée, les marchandises doivent posséder une valeur commune évaluable quantitativement : la valeur d'échange.

Essence de la valeur

D'où vient cette valeur double ? Selon Marx, elle provient des deux aspects du travail investi pour produire ces marchandises : le "travail utile" et le "travail humain abstrait". Le travail utile diffère suivant l'objet fabriqué et les matériaux utilisés ; il produit la valeur d'usage. Comme on ne peut comparer les travaux utiles entre eux, on ne peut comparer les valeurs d'usage entre elles. Mais, dans la production de chaque marchandise intervient l'effort du cerveau et des muscles, élément commun à toutes les marchandises et, par conséquent, source de la valeur d'échange. Marx l’appellera "travail humain abstrait".

Détermination de la valeur

Selon Marx, la valeur d'une marchandise est déterminée par la quantité de travail nécessaire à sa production. Cette quantité peut se mesurer en nombre d'heures de travail. Il ne s'agit pas toutefois du temps de travail individuel d'un ouvrier (dépendant de son adresse), mais de la durée moyenne de travail "socialement nécessaire".

Relation entre prix et travail

1 Selon Marx le prix d'une marchandise est l'expression monétaire de sa valeur. Il correspond donc à la quantité de travail nécessaire à la production d'une marchandise. Pour expliquer la fluctuation des prix sur le marché, Marx dit : Bien que le prix d'une marchandise change selon l'offre et la demande, il fluctue autour d'un prix moyen appelé le "prix naturel" représentant la valeur réelle de la marchandise ou le nombre d'heures de travail qu'elle contient.

Travail simple et travail complexe

Une marchandise produite par une main d’œuvre qualifiée sera de plus haute qualité qu'une marchandise produite par une main d’œuvre normale dans le même temps. Confronté à cette question, Marx dit que "Le travail qualifié requiert une connaissance et une habileté plusieurs fois supérieures à celles exigées par le travail simple. Aussi pour une même durée, la quantité de travail est-elle autant de fois supérieure." Si deux objets ont le même prix, ils contiennent la même quantité de travail simple, même si les temps de production ne sont pas égaux. Le travail complexe se convertit ainsi en travail simple sur le marché.

CRITIQUE DE LA THEORIE DE LA VALEUR TRAVAIL

Les marchandises ne sont pas toutes des produits du travail.

Selon la théorie de la valeur-travail toutes les marchandises sont les produits du travail. Pourtant des produits tels que la terre, le pétrole, le charbon sont mis en circulation sur le marché même s'ils ne requièrent pas de travail. A cela les communistes répondent que ces produits ne deviennent des marchandises qu'après avoir été extraits et transportés sur les lieux du marché. Cette objection n'est pas valable car ces produits peuvent être échangés à l'endroit même où ils ont été trouvés. (ex : l'achat de terrains pétrolifères).

Le travail n'est pas l'essence de la valeur des marchandises.

Si comme nous venons de le voir,, on ne peut dire que seul le travail produit de la valeur, nous pouvons par contre reconnaître avec Marx, que "rien n'a de valeur sans être utile". Cela nous amène à conclure que l'essence de la valeur d'une marchandise est son utilité et non le travail qu'il contient.

Le prix n'est pas l'expression de la quantité de travail. La conception des prix dans la théorie de la valeur-travail est basée sur l'existence d'un prix naturel autour duquel les prix oscillent. Toutefois, le phénomène de la fluctuation des prix était peut-être vérifiable à l'époque de l'économie de "laissez-faire" au XIXème siècle, mais on observe aujourd'hui une hausse continuelle des prix due à de nombreux facteurs (inflation, augmentation des salaires, influence des grandes entreprises ... ) Devant ce fait, la conception marxiste des prix s'effondre : le prix d'une marchandise ne correspond pas au nombre d'heures de travail moyen nécessaire à la production de cette marchandise.

Conversion du travail complexe en travail simple

Dans la théorie de la valeur-travail, Marx dit que le prix d'un objet est déterminé par la quantité de travail investi durant sa production. Puis, paradoxalement, il affirme à propos de la conversion du travail complexe en travail simple, que la quantité de travail est déterminée par le prix au cours du processus d'échange. Il s'agit là d'un raisonnement circulaire sans valeur.

La théorie de la valeur-travail s'écroule face à de tels faits et tels arguments. On peut se demander pourquoi Marx la défend avec un tel entêtement. La raison en est que cette théorie est nécessaire pour établir la théorie de la plus-value, qui, en "dénonçant les mécanismes de l'exploitation", pourra justifier une révolution violente menée par le prolétariat. Les erreurs de Marx viennent de ce qu'il concentre son attention uniquement sur la production sans considérer les autres étapes du processus économique.

THEORIE DE LA PLUS-VALUE et CONTRE-PROPOSITION

Par cette théorie, Marx essaie de prouver que, dans les pays capitalistes, les ouvriers sont forcément exploités et que l'écroulement de l'économie capitaliste est inévitable.

Où se forme le profit ?

Pour Marx, le profit n'est pas produit au cours du processus de circulation (sur le marché). En effet, si deux personnes échangent des objets de même valeur, elles n'en retirent aucun profit. Si elles échangent des objets de valeur différentes, le gain de l'une correspondra à la perte de l'autre, et, globalement, il n'y aura pas de profit effectué.

D'où vient donc ce profit, source du développement capitaliste ? Il ne peut être formé qu'au cours de la production. Le profit est la source du gain réel, et est obtenu lorsque les marchandises sont vendues à un prix correspondant au travail qui y est investi.

Source du profit

Différents facteurs sont nécessaires à la production : les matières premières, les machines, les locaux et la main d’œuvre. Mais pour Marx, seule la main d’œuvre (force de travail) produit du profit. Les machines, en particulier, ne sont pas sources de gain, car si elles transmettent une certaine valeur aux objets fabriqués, cette valeur correspond à leur dépréciation quotidienne. Ainsi, la valeur totale transmise par la machine aux marchandises est exactement égale au prix d'achat de cette machine.

Travail nécessaire et surtravail

"La valeur de la force de travail est déterminée par la valeur des biens nécessaires à la vie requis pour produire, maintenir et faire durer la force de travail" (Marx - Salaires, prix et profits).

"La force de travail est une sorte de marchandise". Marx

Si la valeur des biens nécessaires à la vie (en d'autres termes, les salaires) représentent 6 heures de travail, les travailleurs n'ont pas besoin de travailler plus de 6 heures. Les heures de travail correspondant au salaire sont appelées "heures nécessaires". Mais si la valeur du produit du travail des salariés n'est pas supérieure aux salaires, les capitalistes ne peuvent faire aucun profit. Les capitalistes font donc travailler les ouvriers plus longtemps que la durée à laquelle correspondent leurs salaires. Ce travail supplémentaire est appelé " surtravail ". Le surtravail produit de la plus value, source du gain. Mais les capitalistes ne versent pas le prix correspondant au surtravail aux ouvriers.

travail nécessaire surtravail

(travail rémunéré) (travail non rémunéré)

valeur plus-value

salaires profit

Ce raisonnement tend à montrer que seule la destruction du système capitaliste peut libérer les travailleurs de l'exploitation, puisque le profit, fondement du capitalisme, provient du non-paiement du surtravail.

Plus-value absolue et plus-value relative

Pour faire un plus grand profit, les capitalistes doivent augmenter la plus-value. Ils doivent donc prolonger le temps du surtravail. Il y a deux façons de le faire : prolonger la durée quotidienne du travail ou diminuer le nombre d'heures nécessaires. Si on utilise la première méthode, la plus-value obtenue est appelée plus-value absolue. Dans le second cas, on l'appellera plus-value relative. A cause de la pression sociale les capitalistes sont obligés de diminuer le temps de travail. Par conséquent, pour maintenir et même augmenter la plus-value, les capitalistes doivent diminuer le temps de travail nécessaire en améliorant la productivité. Ainsi, le coût des marchandises diminue, entraînant une baisse du coût des biens nécessaires à la vie et une baisse des salaires. Selon Marx, " L'augmentation de la productivité du travail par l'introduction de machine entraîne une chute de la valeur de la force de travail et une augmentation conséquente de la plus-value". Le surtravail continue donc d'exister et l'exploitation ne cesse jamais.

CRITIQUE DE LA THEORIE DE LA PLUS VALUE

Les machines et la production de valeur

La théorie de la plus-value est fondée sur l'affirmation que le profit est produit durant le processus de production et qu'il est dû au seul travail des ouvriers.

Cela implique tout d'abord que les machines ne produisent pas de valeur. Aussi Marx avança que la valeur fournie par les machines aux marchandises est égale à la valeur perdue par la dépréciation quotidienne de ces machines, ce qui revient à dire que les machines ne font que transmettre de la valeur mais ne produisent pas.

Cela est faux car ce qui est en jeu dans la dépréciation d'une machine c'est sa valeur d'échange et non son fonctionnement. L'utilité d'une machine ne diminue pas en proportion directe avec la baisse de sa valeur d'échange et la valeur produite par son fonctionnement est bien plus grande que la valeur perdue du fait de sa dépréciation. Le but et la cause de l'invention d'une machine est la recherche d'un certain profit. Une machine n'est pas simplement une masse de métal, mais l'inventeur lui transmet un pouvoir technique créateur aussi peut-elle être une source de profit tout comme la force de travail. Cela est évident pour n'importe quel entrepreneur. Or la théorie de la plus-value s'effondre si l'on reconnaît que les machines produisent de la valeur et sont une source de profit au même titre que le travail des ouvriers.

Profit et coopération

Le profit a deux aspects : le profit potentiel et le profit réel. Le profit potentiel est la source du profit ou la valeur qui est créée au cours de la production tandis que le profit réel ou le gain est acquis au cours de l'échange. La source de profit comme le gain sont produits par la coopération de nombreux éléments au cours de la production et de l'échange. La réalisation d'un profit nécessite la coopération entre les travailleurs, les capitalistes, les ingénieurs, les employés, etc. Tous ainsi que les machines y contribuent, aussi il est faux de dire que le profit n'est dû qu'au travail des salariés. L'exploitation n'est pas due à l'existence du profit mais à sa distribution injuste. Elle n'est donc pas liée au système capitaliste comme le croyait Marx et la révolution en tant que destruction du système capitaliste n'est pas le moyen qui supprimera l'exploitation de l'homme par l'homme.

Temps de travail nécessaire et surtravail

Selon Marx, une augmentation de la productivité entraîne une baisse de la valeur des biens nécessaires à la vie, donc des salaires, et il en résulte une diminution du temps de travail nécessaire. Cependant, on a pu constater que la valeur totale des biens de première nécessité des travailleurs ne diminue pas en dépit de la baisse du coût de production. Le niveau de vie des travailleurs a augmenté proportionnellement à la croissance économique. Il n'y a donc pas de relation entre les salaires et le temps de travail nécessaire. Pour parler clairement, les concepts de temps de travail nécessaire et de temps de surtravail sont totalement fictifs. Ils sont les fruits de la volonté de Marx de fabriquer une idéologie capable de détruire le capitalisme.

LOIS ECONOMIQUES MARXISTES

1) Lois de la baisse tendancielle du taux de profit

Pour augmenter la productivité, les capitalistes, poussés par la concurrence, investissent constamment en achetant des machines toujours plus perfectionnées. Mais cela finira par nuire aux capitalistes eux mêmes. En effet, les machines sont un capital constant et ne peuvent produire de la valeur. Aussi, la croissance du capital constant conduit nécessairement à une chute du taux de profil. Marx explique cela au moyen de la formule du taux de profit :

s(profit)

C+V

Si s le taux de plus-value s/V est constant, le taux de profit diminue quand le capital constant C augmente.

2) Loi de la paupérisation

Pour augmenter leur profit, les capitalistes font baisser les salaires. D'autre part, l'utilisation de machines fait diminuer la demande en main d'œuvre, et le chômage augmente. Les travailleurs sont de plus en plus exploités et pauvres.

3) Loi de l'accumulation du capital

A cause de la concurrence, les capitalistes doivent acheter de coûteuses machines. Ainsi, ceux qui n'ont pas suffisamment de capitaux sont condamnés à disparaître. Le capital possédé par les petits et moyens producteurs est absorbé et monopolisé par les grands capitalistes. La société finit par être divisée en deux camps antagonistes. La classe prolétarienne s'unit et se renforce. Par la suite, le prolétariat renversera inévitablement le capitalisme.

CRITIQUE DE CES LOIS

1) Lois de la baisse tendancielle du taux de profit

Si cette loi était vraie, il n'y aurait plus de pays capitalistes depuis longtemps. Marx pensait que l'effondrement du capitalisme allait se produire très rapidement, aussi le développement de l'économie capitaliste montre la fausseté de cette loi. Les machines sont un capital variable, elles sont source d'un bien plus grand profit que le travail humain. C'est la raison pour laquelle les capitalistes et les entrepreneurs investissent davantage dans de nouvelles machines. La valeur produite par les machines augmente en proportion du capital investi dans ces machines. Il en résulte une augmentation du taux de profit.

La théorie marxiste selon laquelle le taux de profit diminue lorsque l'on investit plus de capital est donc erronée.

2) Loi de la paupérisation

L'histoire postérieure à Marx prouve pleinement que cette théorie est fausse. Les travailleurs sont non seulement des producteurs mais aussi des consommateurs. Par conséquent, lorsque les salaires augmentent, la demande des biens de consommation augmente également, et un accroissement de la production devient nécessaire. C'est ainsi que l'économie se développe. L'augmentation du profit et d'accumulation du capital sont possibles sans pour autant exploiter les travailleurs et en augmentant les salaires.

3) Loi de l'accumulation du capital

Il est vrai que, dans les pays capitalistes avancés, l'on a assisté à la formation de grandes entreprises multinationales, mais le capital n'a pas été concentré entre les mains de quelques grands capitalistes. Même les travailleurs achètent des actions et deviennent des "capitalistes" puisqu'ils reçoivent des dividendes. D'autre part, dans les pays occidentaux, au cours des dernières décennies, le nombre des entreprises moyennes a considérablement augmenté. Cette augmentation est due au développement du tertiaire, c'est-à-dire des services ou dans un pays comme l’Allemagne, au développement de nombreuses entreprises industrielles qui satisfont des niches technologiques avec du travail de haute qualité. Les entreprises moyennes spécialisées dans un service particulier se développent bien dans un système de production capitaliste avancé. On peut ainsi constater qu'avec le développement du capitalisme, le capital est dispersé, popularisé, plutôt que concentré et que le renouvellement des grandes fortunes est accéléré, ainsi aux USA, on estime que plus de la moitié des hommes les plus riches recensés par Fortune 500, ont développé leur fortune en se lançant dans la production et les services depuis moins de 25 ans. Tout ceci va à l'encontre des prévisions de Marx.


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