Pour une démocratie et liberté d’esprit radicales

par Emmanuel Glais
vendredi 28 juin 2013

Aujourd'hui, c'est clair, la démagogie menace la démocratie.

Le FHaine a bien failli obtenir deux cordes vocales de plus (les humains en général disposent d'une seule paire de cordes vocales), grâce au Lot et Garonne.

Ouf, Troisième Voie s'est auto-dissous, reste à interdire le FHaine comme le veut Mélenchon. Non non non... celui-là – à mon avis – mélange tout.

Écouter tout le monde

Je lis beaucoup de choses sur le monde contemporain et sur le passé qui peut l'expliquer. En fait tout ce que je trouve, sans logique et peu fidèlement. Du Monde diplomatique à Rivarol en passant par les Echos et CameroonVoice et de nombreux blogs de personnes intelligentes des 4 coins du monde francophone. Et quand j'ai la pêche aussi anglophone.

Et je trouve tout le monde intéressant, même Libé, mais pas souvent. Ou alors intéressant malgré lui. C'est le cas de l'édition du 26 juin qui fait son beurre sur Clément Méric.

Dans l'éditorial, Fabric Rousselot à propos de la vidéo de la RATP, dit cette chose stupide : « Aux politiques qui tenteraient donc de récupérer ces images brouillées pour exonérer une extrême-droite radicale qui veut s'inviter dans l'espace public, il faut opposer une fin de non-recevoir. ».

Quand on est démocrate, je ne comprends pas qu'on veuille dégager de l'espace public telle ou telle frange de la population civique. Ici ce n'est même pas la violence d'un groupe qui est incriminée, mais ses opinions. Libé admet lui-même que dans l'affaire Méric l'agresseur était sans doute la défunte victime. Pourtant la violence d'une partie de l'extrême-gauche « anitfasciste » n'est pas montrée du doigt. Une tribune est donnée à Julien Terzic, ex-leader des Red Warriors qui avoue dans les colonnes du journal des bobos avoir beaucoup manié la batte, et aucune condamnation n'est faite par ce canard habituellement moralisateur.

L'analyse faite pas Sylvain, 26 ans, « antifa hors-groupe », n'est pas critiquée. La voici « Recréer de la communauté, c'est ma façon de lutter contre les idées d'extrême-droite qui progressent parce que la société capitaliste nous dresse les uns contres les autres ».

Sylvain comprend bien le piège de la « société capitaliste » qui clive les gens. Pourtant, paradoxalement, il concentre son énergie non pas à combattre ce système, mais à s'opposer à d'autres groupes qui combattent ce système... à partir de diagnostiques et valeurs différentes. Pour moi, il faut créer du lien, bâtir des ponts mais pas des bulles...

Il faut lire et écouter tout le monde. C'est cela la démocratie. L'UMPS et ses micro-partis fantoches n'ont pas le monopole de la démocratie.

Être démocrate ça n'est pas être survivaliste ou s'exprimer avec des marques de vêtement. Ce n'est pas attaquer l'autre parce que a priori il a choisi un camp différent. On a le droit de ne pas s'intéresser aux affaires de la cité mais alors on ne se dit pas démocrate. Il y a quelque chose d'universaliste, il y a un intérêt pour la totalité, dans l'idée démocratique. On a le droit de vivre en kibboutz, mais si l'on se désintéresse du sort de ceux qui vivaient là avant et qui vivent encore à côté ou bien plus loin on est bien peu démocrate.

On ne peut être sincèrement démocrate si l'on disqualifie a priori la pensée de quelqu'un qui essaie de comprendre quelque chose et nous en fait part en prenant la parole quelque part.

On trouve des choses intéressantes, vraiment, partout. Le site de Lutte Ouvrière est une mine de bons articles... y compris d'histoire. Je vous recommande également les archives audiovisuelles de Radio Canada.

On s'informe de combats menés à l'autre bout du monde sur le réseau Indymedia. On trouve je vous l'assure aussi des choses tout à fait saisissantes sur les sites révisionnistes, qu'il s'agit de recouper pour extraire le détail vraisemblable ou véridique du discours fantasmagorique. Il faut comparer, recouper pour pouvoir interpréter. Trier le bon grain de l'ivraie à l'aune de sa bonne foi pour se faire sa propre opinion.

Être démocrate c'est ne pas avoir peur de la vérité.

Ne pas avoir peur de tomber d'accord avec celui qu'on voyait comme son ennemi.

N'avoir comme ennemi que la violence et la haine.

Quand je me souviens des balivernes lues dans la presse française sur le Tea Party et que j'écoute le brillant Ron Paul, je me dis qu'on ne peut pas critiquer un mouvement s'y on ne s'est pas penché dessus sincèrement. Le Tea Party pour votre gouverne critique aujourd'hui la loi qui fait primer un peu plus Monsanto sur le principe de précaution.

On ne peut pas critiquer tel ou tel parce qu'on a entendu de méchantes choses à son égard. On ne peut pas reprendre les étiquettes sur untel qu'un autre a voulu lui imprimer ad vitam aeternam au front.

On ne peut pas se contenter des fausses rumeurs propagées par les bien-pensants et les apprentis traducteurs du persan.

 

La stupidité du système des partis, du bipartisme et du bi-extrémisme

En terme d'économie, je crois que personne ne comprend tout, et que bien peu comprennent quelque chose. Nous sommes donc condamnés à butiner ici ou là, ou plutôt ici et là pour nous forger des opinions intéressantes. Trouver les explications qui nous semblent les plus plausibles à la crise, et pourquoi pas des idées de remèdes.

Au niveau politique, je crois que la démocratie représentative est une aporie, et le système des partis politiques vraiment stupide.

Il y a peu j'ai découvert comme beaucoup d'autres Troisième Voie. Le mouvement édite le journal Salut Public dont une version en ligne existe pour mon plus grand bonheur. La liste de mes sites d'infos favoris ne cesse de s'allonger.

On y lit en effet d'intéressantes choses.

Oui je suis un extrémiste de la liberté d'expression.

Ce n'est pas parce que Vincent Reynouard fait des saluts nazis que ce qu'il peut dire sur l'uranium enrichi n'est pas intéressant.

Ce n'est pas parce que l'héritier BHL est un ancien marchand de bois africain qu'il n'a pas été un peu sincère, un peu humain, jadis, en parlant du Burundi.

Ce n'est pas parce que Serge Ayoub est à la tête de chauves paumés-tatoués que tout ce qu'il écrit n'a pas d'intérêt.

La démocratie devrait sous-entendre que tout le monde peut détenir et nous livrer une parcelle de vérité. Même ceux dont une part du raisonnement nous semble vicié par un système de pensée totalement opposé au sien propre. Par des fantasmes qui leurs sont propres et nous font peur. N'ayons pas peur des autres, pas peur de leurs vérités. De la vérité. Elle se trouve dans les détails et non pas dans les systèmes. Il faut donc écouter attentivement tout ce qui peut se dire pour la rencontrer.

Je trouve un peu con que les idées politiques peuvent se traduire dans les fringues et les coupes de cheveux. Je regrette les rugissements de tribuns devant un parterre d'écervelés racistes. Mais je pense que du racisme comme de la drogue, on peut revenir et s'en sevrer. Personnellement je ne crois pas que Ayoub soit raciste... regardez son nom... Il a été vu avec un drapeau nazi ? Je mets ça sur le dos de l’imbécillité. Pour moi Kémi Seba n'est pas anti-blanc ni Jacob Cohen ou Gilad Atzmon antisémites.

Les gens qui se retrouvent derrière Ayoub, je ne les connais pas, mais à mon avis ce sont des gens qui se sentent méprisés, brisés par le système vertical qui broie les petits.

Il ne faut pas les enfermer seulement dans la nomenclature du racisme, et aussi regarder derrière quel a pu être leurs parcours.

A mon avis, BHL et Serge Ayoub disent parfois des choses intelligentes ou intéressantes (la nuance parfois m'échappe). L'un apprécie être dans l'ombre ou la lumière des puissants, l'autre se sentir berger à la tête de moutons.

Un mot sur la bêtise symétrique des skins et des antifas. Dans le reportage « Sur les Pavés » réalisé en réaction à un document réalisé par des Antifas Ayoub dit cela à propos des antiskins : « Ils vivent par rapport à nous, en vérité pas véritablement contre nous. Ils ont un sentiment plus subtil, aigre-doux, qui est celui de la fascination-répulsion. »

Les groupes de militants « radicaux » qui se suivent et s'opposent sont bien ridicules. Ils dupliquent la factice partition gauche/droite que l'on trouve au Parlement.

Mais ici les choses sont bien différentes. Au Parlement, les députés font mine de se chamailler, mais votent les lois décisives ensemble. Actuellement le gouvernement feint une escarmouche avec Bruxelles pour nous faire croire qu'il se préoccupe quand même un peu de l'exceptionnalisme culturel de la France derrière un Traité transatlantique qui va forcément affecter nos exportations tous azimuts, puisque l'euro est trop fort.

Le PS et l'UMP feignent donc de ne pas se supporter, mais ils sont d'accord sur tout ce qui est important, communiant à l'unisson à la mort de leurs maîtres : Séguin, Mauroy. Cet article de Riposte Laïque nous montre d'ailleurs que celui que l'on croit de droite l'était peut-être moins que celui que l'on croit de gauche. Séguin, qui a dénoncé Maastricht, était en tout cas autrement moins abruti que Mauroy.

Tous ceux qui ne sont pas dans le système UMPS (qui comprend Bayrou, Borloo et quelques autres) devraient cesser ces oppositions stupides et se rencontrer autour d'un thème commun : la critique des institutions de notre « démocratie » dans l'état actuel.

Il nous faut une démocratie directe. Philippe Millau, écrivant dans Salut Public de ce mois de Juin 2013 le prône. Europe Ecologie Les Verts a expérimenté par deux fois du côté de Metz le tirage au sort de ses candidats. Au Front de Gauche aussi l'idée du tirage au sort semble faire son bonhomme de chemin. La candidature de Philippe Poutou, travailleur non-prédisposé à la joute orale, portait l'idée qu'il n'y a pas besoin d'avoir fait telle école pour être président. Il n'y a pas de citoyens plus égaux que d'autres. La politique n'est pas un métier, merde.

Ces exemples montrent que l'organisation de la vie politique en partis est unanimement mis en cause par tous ceux qui sortent un peu de la pensée UMPS. Une pensée extrême-capitaliste et anti-démocratique.

Sur ce problème institutionnel, tous, nous devrions être d'accord avec Philippe Millau.

 

En finir avec les partis politiques

Il faut lire ou relire Simone Weil qui dans ses écrits de Londres critiquait avec génie ce système dans quelques pages intitulées « Note sur la suppression générale des partis politiques »

On y lit notamment : « Combien de fois, en Allemagne, en 1932, un communiste et un nazi, discutant dans la rue, ont été frappés de vertige mental en constatant qu'ils étaient d'accord sur tous les points ! ».

Serge Ayoub dans le reportage « Sur les pavés » dit aussi qu'il s'est entendu avec des gens d'origines diverses sur le sujet de l'immigration, après de franches empoignades.

Il ne faut pas craindre de parler des problèmes et la fausse pudeur derrière laquelle se cachent les antiracistes pour peindre un monde multiculturel sans comprendre que la violence dans laquelle des hommes sont déracinés puis replantés par le système capitaliste est la plus problématique à long terme.

L'opposition de Mélenchon à Le Pen comme celle des crêtes aux crânes rasés doit cesser. La gauche doit arrêter la surenchère pour faire croire qu'elle seule défend le peuple. Dans les urnes, on sait que les smicards votent bien peu pour elle.

Il n'y a pas de menace fasciste ou alors celle-ci vient du centre, qui vote des lois liberticides sous les masques consensuels de figures comme Obama. Il faut autoriser la libre pensée et combattre toutes les lois Gayssot.

Cela passe ici à Agoravox par la validation des articles proposés sur le principe de la bonne foi des modérateurs. Les gens qui s'organisent pour bloquer un contributeur aussi excellent que Morice parce que celui-là est obnubilé par un combat que j'estime d'arrière-garde contre l'extrême-droite. Les articles de Morice, cependant, fourmillent de choses intéressantes. Les censeurs d'extrême-droite devraient se souvenir de la leçon donnée par Chomsky, ce juif anarchiste qui a défendu la liberté d'expression de Faurisson.

On peut débattre de tout, mais il faut le faire nous-même et ne pas laisser par fainéantise les journalistes qui le soir dînent avec les politiciens du système dire à notre place ce qu'on doit penser. Il faut que le peuple s'empare du système politique et économique. Et médiatique. Cela à mon avis ne peut passer que par l'abstentionnisme. L'abstention n'a pas de visage ni de couleur politique et elle seule aujourd'hui peut rassembler le peuple.

Mais cet abstentionnisme doit être actif. On doit convaincre le maximum de gens de rejoindre la vague. Il faut leur montrer qu'on est capable de s'organiser. Qu'il n'y a pas besoin d'avoir fait des études pour prendre des décisions politiques. Qu'il est bien mieux que ceux qui exercent le pouvoir ne l'aient pas cherché... Aux prochaines élections, allons devant les mairies expliquer aux électeurs consciencieux ou sceptiques notre point de vue.

Ce sera une révolution, mais si on se débrouille bien, il n'y aura pas de sang. Une révolution du bon sens et le bon sens ne tue pas, bon sang !

 

Pour une véritable liberté d'expression et de débat

On peut toujours trouver un terrain de débat sinon d'entente. Ayant participé par le passé à un blog d'interviews, j'ai pu mesurer les barrières mentales qui existent dans les cerveaux brillants. Frédéric Lordon et Daniel Mermet ont refusé d'être interviewé après Soral. J'ai avec mon collègue essayé d'organiser un débat Soral/Onfray après les avoir tout deux interviewé, le deuxième a refusé.

De quoi ont peur les gauchistes ? De tomber d'accord avec les fachos ?

Onfray pourtant a dit aux dernières élections que le clivage libéral/antilibéral primait selon lui dans son choix sur le clivage gauche/droite.

Onfray a aussi écrit dans La philosophie féroce : « Les élections sont des parodies qui se servent des grands mots : démocratie, peuple, nation, république, souveraineté. Mais qui cachent mal le cynisme des gouvernants : il s'agit pour eux d'installer et de maintenir en place une tyrannie soft qui produit un homme unidimentionnel : le consommateur abruti et aliéné, comme jamais aucune dictature n'a réussi à en produire. ». Ne pourrait-il pas trouver là un terrain commun avec Soral pour dénoncer l'essentiel ?

Maintenant c'est le film Dédale, un fil vers la démocratie qui voit sa promotion péricliter parce que Etienne Chouard serait infréquentable. On trouve cependant le film ici...

Pourquoi les gauchistes ont-ils peurs de la vérité ? Pourquoi rient-ils de Copé parlant de racisme anti-blanc ? Parce que ça n'existe pas ? Bien sûr que si, je peux en témoigner.

Ici vers 4'00'' un ancien membre des Black Dragons « chasseurs de skins » explique qu'il y a un racisme multidirectionnel dans les banlieues...

 

Si nous étions en démocratie

Le traité de Lisbonne n'aurait pas eu lieu et il y aurait référendum sur le mariage gay.

Comment des parlementaires peuvent-ils entériner un texte simplifié dont la version complexe avait été refusée par le peuple ? Anne-Marie Le Pourhiet, juriste, qualifiait ce tour de magie de « coup d'Etat ».

Une loi qui envoie manifestement plusieurs fois plusieurs millions de gens dans la rue devrait, si nous étions en démocratie, directement être proposée au peuple.

Il faut savoir, est-ce que c'est au peuple de décider ou est-ce que c'est à l'Académie des sciences morales... Sont-ce aux experts de décider ce qui est bien ou mal, ce qu'il faut faire, ou à la populace ?

En démocratie, notre Constitution prévoirait que quand tel pourcentage du corps électoral, tel nombre de signatures a été atteint contre un texte, il y ait automatiquement un référendum. On pourrait dans chaque mairie avec notre simple carte d'identité aller figurer notre opposition à tel ou tel projet. Ce serait le minimum.

Une citoyenneté active supposerait qu'au peuple revienne directement l'origine (au moins partiel) de la loi. A l'image de ce qui se fait aujourd'hui en Suisse avec la limitation des salaires des grands patrons de concert avec celle de l'immigration. Les Etats-Unis offrent aussi d'intéressants cas à méditer aux niveaux des municipalités, contés et Etats...

En Suisse, le méchant peuple vient de limiter par référendum l'asile politique... Il y a quelques années, il avait avec la même procédure du référendum d'initiative populaire interdit la construction de minarets...

Un autre référendum d'initiative populaire en mars avait limité la rémunération des grands patrons !

Je préfère que le peuple s'empare de la question de l'immigration et du communautarisme en y mettant un frein plutôt que de voir chez nous comme en Italie des gens s'attaquer physiquement aux Roms.

Ayons l'intelligence de tirer les leçons de l'histoire. C'est vrai, il faut craindre le retour des années 1970, où les affrontements politiques se passaient en partie dans la rue. Il faut craindre plus encore celui des années 1940, et ses prolégomènes des années 1930. Mais il faut se souvenir aussi de 1893. Dans les Salins d'Aigues-Mortes, des ouvriers italiens se firent massacrer par leurs collègues français.

Je préférerais que la France mène une politique pacifique et intelligente dans le monde et que l'on ferme nos frontières.

Peu de gens sont heureux de quitter leur sol et leur vie.

Cessons d'utiliser notre armée comme une mandibule pour protéger les intérêts des grands groupes français qui pillent les sous-sols avec Areva, privatisent l'eau avec Veolia et négocient des contrats juteux pour nombre firmes du BTP.

Je préférerais faire mon service militaire comme un suisse plutôt que de savoir mon pays investir dans les drones pour tuer loin de chez moi des "terroristes" qui n'auront pas le droit à un procès pour se défendre. 

Menons une autre politique internationale pour réduire les migrations de masse. Inventons un autre modèle économique pour nous affranchir de la finance internationale qui nous tient par la dette. Pour cela, inventons la démocratie directe !

En conclusion, les démagogues sont ceux qui veulent nous faire croire que nous sommes en démocratie. Ceux-là même qui combattent le fascisme sous couvert d'antiracisme. Ceux qui défendent la société verticale.

Ils nous vendent de la poudre aux yeux sous couvert de bons sentiments, nous maintenant dans l'enfance et paradoxalement dans le néocolonialisme.

 


Lire l'article complet, et les commentaires