Pourquoi il faut stopper Sarkozy
par Tristan Valmour
mardi 24 avril 2007
Depuis que je suis en âge de voter, j’ai confié mon suffrage à la droite dans toutes les élections nationales. Confusément gaullien et résolument humaniste, je place toujours l’intérêt général au-dessus des intérêts particuliers et aspire à l’épanouissement de l’individu dans une société harmonieuse. Je crois aux valeurs du travail, de l’effort, de l’amélioration de soi, mais je crois aussi au partage, à la nécessité d’offrir à chacun une place digne et juste parce que, par-delà nos différences, nous sommes profondément humains, à la fois si forts et tout aussi faibles. Au premier tour des élections présidentielles de 2007, j’ai voté pour François Bayrou parce qu’à défaut d’incarner la solution la plus satisfaisante, il représentait la moins fatale. Au second tour, pour les mêmes raisons, ma main ne tremblera pas lorsqu’il faudra voter Ségolène Royal.
J’en appelle donc à la mémoire des gaullistes et des valeurs qu’ils portent, de cette France éternelle qui a toujours distingué sa voix singulière dans le concert des nations. Cette voix est en danger puisque Nicolas Sarkozy souhaite que la France « assume sa responsabilité dans la gestion des conflits mondiaux » et rejoigne les nations belliqueuses qui attisent le terrorisme. Combien de nos enfants vont revenir dans des sacs plastiques pour une politique qu’aucun de nous ne soutient ? Devons-nous sacrifier le discours du gaulliste De Villepin à la tribune de l’ONU, quand tant de nations amies nous ont alors acclamés ? Pouvons-nous brader ainsi l’indépendance de la France au profit des amis néoconservateurs de Sarkozy, quand l’Amérique elle-même, puissante parmi les puissantes, se réveille d’un douloureux cauchemar ? Le candidat de l’UMP ne peut se prévaloir du Général, quand il n’a le soutien ni de Chirac, ni de Debré, ni de Villepin, quand il aurait empêché son représentant, Dupont-Aignan, de figurer parmi les candidats aux présidentielles.
J’en appelle aux catholiques, aux fidèles du Très-Saint-Père, dont s’est réclamé à tort Nicolas Sarkozy, et affirme que son programme ignore la doctrine sociale de l’Eglise (http://www.thesocialagenda.org/francais/). Cette doctrine qui emprunte à l’humanisme chrétien et garantit la dignité humaine. Il est écrit que « toute violation de la dignité personnelle de l’être humain crie vengeance en présence de Dieu et devient une offense au créateur de l’homme (Christifideles Laici, n. 37) » . On ne peut donc impunément nier l’humanité d’un être, même malfaisant, en le nommant « racaille » ou en souhaitant le passer au « Karcher », y compris si ces propos ne sont qu’une réponse à une dame excédée. J’invite catholiques et non catholiques à lire ou à relire cette doctrine et à y trouver combien le message du candidat de l’UMP s’en éloigne.
J’en appelle aux dirigeants de TPE et de PME, qui ne comptent ni leurs efforts ni leurs sacrifices, et souhaitent un environnement économique favorable, à réfléchir sur les liens privilégiés qu’entretient Nicolas Sarkozy avec le MEDEF (dont son frère Guillaume est vice-président), quand eux ne jouiront jamais d’un parachute doré et sont comptables de chacune de leurs erreurs.
J’en appelle également aux patriotes qui aiment la France et refusent qu’elle soit incarnée par un homme qui se découvre opportunément défenseur de la nation quand il prône depuis toujours le communautarisme et la discrimination positive et nie la faculté de chacun à trouver sa place par ses propres valeurs.
J’en appelle également aux gens de raison qui savent que Sarkozy règne sur notre pays depuis cinq ans, cumulant tous les pouvoirs, et refuse de nous parler aujourd’hui de son bilan. A ces gens de bien, je ne leur poserai qu’une seule question : pensez-vous que votre situation ou celle de vos proches soit meilleure aujourd’hui ? Une réponse négative signifie un échec de la politique de l’ancien ministre de l’Intérieur.
J’en appelle toujours à ces gens qui ne croient pas qu’il suffit de décréter « travailler plus pour gagner plus » pour que cela soit vrai, quand eux-mêmes travaillent gratuitement chez eux sur un ordinateur qu’on leur a offert. Quand « le pénible fardeau de n’avoir rien à faire » (Nicolas Boileau) vient miner la vie et jeter hors de la société des millions de gens qui souhaiteraient conserver leur dignité par un travail au service de la communauté.
Deux visions de la société vont s’affronter ces jours prochains, et nous devons refuser :
Un monde économique où les règles essentielles sont dictées par les multinationales qui ne connaissent ni frontière ni citoyen, mais qui agissent en puissants lobbys sur les politiques pour étendre davantage leurs droits privés au détriment de nos droits publics ;
Un monde politique où le principe de la subsidiarité commande de se soumettre aux lois de l’Europe et de l’OMC, et fait de notre Parlement une simple chambre d’enregistrement ;
Un monde de la consommation où le consommateur est sans cesse harcelé, au téléphone comme dans sa boîte aux lettres, où on le piège avec des allégations mensongères, où on lui vend des produits sans saveur ni odeur ni qualité parce qu’il faut toujours vendre plus et quels que soient les moyens ;
Un monde de travail qui voit beaucoup d’entre nous privés du nôtre sans aucune autre considération que la poursuite du profit, et qui nous interdit de retrouver un emploi à notre mesure parce que la concentration et la délocalisation des moyens de production nous metent hors-jeu ;
Un monde de violence qui cherche à dresser les uns contre les autres en stigmatisant davantage l’individu qui, non seulement n’agit de concert avec aucun autre, mais ne porte aucune responsabilité dans l’état lamentable de notre société, parce qu’il n’est pas puissant et participe peu aux décisions qui se prennent et dont il est exclu ;
Un monde où la plupart d’entre nous ne souhaitent pas devenir fonctionnaires mais créer leur entreprise alors que cette expérience nous est interdite faute de trésorerie suffisante et avec une concurrence qui tire toujours vers le bas ;
Un monde où les parachutes dorés ne profitent qu’à ceux qui sont déjà bien sanglés ;
Un monde où les libertés individuelles sont chaque jour bafouées par ceux qui entendent régner sur notre peur ;
Plus qu’une adhésion au programme de Ségolène Royal, il faut refuser le monde de Nicolas Sarkozy qui achèvera les valeurs républicaines de la France.
Et si d’aventure, Nicolas Sarkozy venait à être élu, nous pourrons voter chaque jour pour les biens et services qui respectent la nature, le consommateur et le salarié. Parce que l’acte d’achat ou le boycott de celui-ci est un pouvoir que nous pouvons exercer directement et qui enverra un signal fort à ceux qui nous gouverneront. Parce que la "consocratie" est la forme directe de démocratie et qu’elle donne à chaque citoyen un pouvoir réel et immédiat sur sa vie, son monde, ses espoirs.